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La promesse avait été formulée par l'évêque du diocèse du Puy-en-Velay. Il avait été interpellé par les médias suite au témoignage publié sur Mediapart d'un ancien élève du Sacré-Coeur à Yssingeaux qui accusait deux anciens religieux d'attouchements sexuels sur sa personne dans les années 60. Comme l'évêque nous l'avait indiqué sur La Commère 43, une cellule d'accueil et d'écoute est constituée à l'intention des personnes victimes de faits de pédophilie.

Composée de trois laïcs (un homme, deux femmes) et d’un prêtre, elle travaillera en concertation avec les instances nationales mises en place par la conférence des évêques de France.

Pour prendre contact, on peut s’adresser par courrier postal à : Mgr Luc Crepy (personnel) 2, place du For 43000 Le Puy en Velay. Ou par mail ecoute-victimes@catholique-lepuy.fr

Une adresse nationale est également ouverte: paroledevictimes@cef.fr


Rémy Coudert, victime d'abus sexuels en 1997 par un prêtre à Yssingeaux, lequel avait été condamné, estime que ce n'est pas à lui de faire la démarche. "J'attends que l'évêque ou ses services me contactent."
Publié dans Actualités 2016
Un prêtre d'Yssingeaux avait été condamné en 1999 pour pédophilie. Sa victime, un homme aujourd'hui âgé de 28 ans, raconte ce qu'elle a vécu.

Il a aujourd’hui envie d’en parler, de crever l’abcès. « C’est la meilleure façon de se soigner. » Il s’appelle Rémy Coudert, il a aujourd’hui 28 ans. Il a été victime d’attouchements sexuels de la part d’un ancien prêtre d’Yssingeaux, alors âgé de 55 ans, qu’il a connu à l’époque où il était scolarisé à l’école Saint-Pierre-Saint-Anne. Il avait 10 ans. Les faits se sont passés en 1997 dans la cure à Yssingeaux.


Le prêtre a été envoyé en Ardèche
Il ne s’agit en rien d’une révélation puisqu’une plainte a été déposée en 1997 et le prêtre a été condamné en 1999 à un an de prison ferme assortie d'une injonction de soins. Il a en outre été déchargé de son ministère paroissial par l’évêque Mgr Henri Brincard et envoyé dans un monastère en Ardèche.

Rémy Coudert a aujourd’hui envie d’en parler ouvertement. Suite à la parution d’un article évoquant les accusations d’un ancien élève du collège Sacré-Cœur d’Yssingeaux en 1968 sur notre site internet, Rémy Coudert nous a contactés pour apporter son témoignage et raconter ce qu’il a vécu il y a 19 ans.

Dans son appartement à Yssingeaux, ce père de famille revient sur ces semaines qui ont changé sa vie. Ces jeux de société qui se sont transformés en jeux sexuels où il se retrouvait nu dans la chambre du prêtre. Ces regards fuyants des Yssingelais, ces personnes qui changent de trottoir pour ne pas croiser le regard de celui qui a osé enfreindre la loi du silence, ces amis qui ne lui parlent plus du jour au lendemain, cette région qu’il fuit avec sa mère pour tenter de se reconstruire, ces critiques acerbes autour de cette vérité qui dérange, cette vérité qui bouleverse la respectabilité de façade d'une paroisse a priori vertueuse.


Combien de victimes ?
« Je n’ai pas été la seule victime », assure Rémy. « Mais j’ai été la seule à porter plainte. D’autres ont eu peur ». Il a préféré affronter le tribunal correctionnel plutôt que la cour d’assises pour ne pas à avoir à témoigner devant un jury. Il se souvient de tous ces gestes déplacés du prêtre, ces billets de 50 francs qu’il recevait, ces menaces pour ne pas raconter ce qu’il s’était passé, cette irruption de l'écclésiastique dans sa classe après qu'il ait osé écrire une lettre où il affirmait vouloir tout raconter. Il se souvient de cette arrestation du curé un mercredi matin à la sortie de l’église, ces huit heures d’interrogatoires chez les gendarmes, une épreuve pour un gosse de 10 ans.

« J’ai aujourd’hui trouvé une stabilité mais j’ai pas mal galéré. On est parti dans la Loire avec ma mère, j’ai souvent voyagé, j’ai fait des conneries. Et puis, suite à une consultation avec un psychologue, je me suis rendu compte que mes bêtises résultaient de ce que j’avais subi. » Rémy est revenu vivre à Yssingeaux depuis trois ans. « J’ai essayé de retrouver ce prêtre mais je n’y suis pas arrivé. Je ne sais pas s’il est encore vivant. Il doit avoir aujourd’hui environ 75 ans."
Publié dans Actualités 2016
Un ancien élève du Sacré-Coeur d'Yssingeaux accuse deux religieux de lui avoir fait subir des actes de pédophilie. Les faits remontent à 1968.

Le témoignage a été rendu public par le journal web Mediapart qui a recueilli des témoignages de victimes d'actes pédophiles après les nouvelles révélations qui secouent l'Eglise catholique. L'une des confidences vise le collège du Sacré-Coeur à Yssingeaux. Il s'appelle Pierre et a aujourd'hui 59 ans. En 1968, il avait 12 ans et était interne dans l'établissement catholique d'Yssingeaux. On ne sait pas d'où est originaire cet ancien adolescent et s'il vit toujours en Haute-Loire.


Le père évoque l'attirance et la sexualité
Le témoignage est édifiant mais difficilement vérifiable. Les faits sont d'ailleurs prescrits depuis longtemps mais les révélations d'actes pédophiles à Lyon ont résonné comme un déclic pour Pierre qui a souhaité sortir de son silence. Pierre est issu d'une famille pratiquante et il découvre l'ambiance de l'internat dès la 6e où on vit en vase clos.

Pierre est en rapport avec le père F., son directeur de conscience chargé de veiller sur sa moralité. Il le rencontre chaque semaine pendant trente minutes. "C'est lui qui a évoqué en premier les questions d'attirance et de sexualité. Puis un jour, il m'a demandé de m'approcher de lui. Il m'a calé entre ses jambes, m'a caressé au travers de mon pantalon. Et ça s'est répété plusieurs fois. Ce n'est jamais allé au-delà", raconte Pierre, cité par Mediapart.


Tout nu pour un mal de gorge
Ces gestes le dérangent et Pierre décide d'en parler au père supérieur, le père B. qui étouffe l'affaire. Le temps passe. Un soir, Pierre se rend à l'infirmerie, pris d'un mal de gorge. Il va voir le père B., qui s'occupe des petits bobos et reçoit dans sa chambre où est rangée la boite à pharmacie. "Il m'a dit : "tu tousses, il va falloir que tu te déshabilles. Les glandes qu'on a dans la gorge correspondent à celles qu'on a au niveau du zizi. Il va falloir que je regarde." C'est à ce moment-là qu'il m'a tripoté." Il n'en parlera plus et tâchera de grandir, en évitant soigneusement les religieux jusqu'à la fin de sa scolarité.

Cette affaire, si elle peut se vérifier, jette forcément un froid. "Il est difficile de pouvoir s'exprimer. Je n'étais pas né en 1968 et je ne suis arrivé qu'il y a quatre ans. Je n'avais jamais entendu parler d'une quelconque histoire", indique Richard Barthélémy, le directeur de l'Ensemble scolaire catholique d'Yssingeaux. "Si ça arrivait aujourd'hui, nous ferions le maximum pour que la vérité soit faite. C'est bien triste et condamnable si cette histoire est vraie."


"Je n'ai jamais eu de doute sur les religieux qui s'occupaient de nous"
Jacques Boncompain, président de l'OGEC depuis 1998 et ancien élève du Sacré-Coeur de 1941 à 1949, n'était pas au courant de ces révélations, ni de leur existence. "Ça surprend toujours d'apprendre ça. Il faut vérifier. Je n'ai jamais eu de doute sur les religieux qui s'occupaient de nous."

Pour Mgr Luc Crépy, évêque du diocèse du Puy depuis un an, "nous ne pouvons que condamner ces actes. Quarante ans après les faits supposés, la victime est toujours marquée. Nous apportons tout notre soutien à cette personne et à toutes les autres. Je suis prêt à rencontrer cette personne et les autres. Il faut tout faire pour clarifier la vérité, nous faisons tout pour éviter ce type d'actes aujourd'hui. C'est un travail de prévention auprès de tous les éducateurs."
Publié dans Actualités 2016