mardi, 12 avril 2016 21:17

Pédophilie à Yssingeaux : une ancienne victime se confie

Rémy Coudert a gardé les articles de presse de l'époque.|| Rémy Coudert a gardé les articles de presse de l'époque.|| Photo La Commère 43||
Un prêtre d'Yssingeaux avait été condamné en 1999 pour pédophilie. Sa victime, un homme aujourd'hui âgé de 28 ans, raconte ce qu'elle a vécu.

Il a aujourd’hui envie d’en parler, de crever l’abcès. « C’est la meilleure façon de se soigner. » Il s’appelle Rémy Coudert, il a aujourd’hui 28 ans. Il a été victime d’attouchements sexuels de la part d’un ancien prêtre d’Yssingeaux, alors âgé de 55 ans, qu’il a connu à l’époque où il était scolarisé à l’école Saint-Pierre-Saint-Anne. Il avait 10 ans. Les faits se sont passés en 1997 dans la cure à Yssingeaux.


Le prêtre a été envoyé en Ardèche
Il ne s’agit en rien d’une révélation puisqu’une plainte a été déposée en 1997 et le prêtre a été condamné en 1999 à un an de prison ferme assortie d'une injonction de soins. Il a en outre été déchargé de son ministère paroissial par l’évêque Mgr Henri Brincard et envoyé dans un monastère en Ardèche.

Rémy Coudert a aujourd’hui envie d’en parler ouvertement. Suite à la parution d’un article évoquant les accusations d’un ancien élève du collège Sacré-Cœur d’Yssingeaux en 1968 sur notre site internet, Rémy Coudert nous a contactés pour apporter son témoignage et raconter ce qu’il a vécu il y a 19 ans.

Dans son appartement à Yssingeaux, ce père de famille revient sur ces semaines qui ont changé sa vie. Ces jeux de société qui se sont transformés en jeux sexuels où il se retrouvait nu dans la chambre du prêtre. Ces regards fuyants des Yssingelais, ces personnes qui changent de trottoir pour ne pas croiser le regard de celui qui a osé enfreindre la loi du silence, ces amis qui ne lui parlent plus du jour au lendemain, cette région qu’il fuit avec sa mère pour tenter de se reconstruire, ces critiques acerbes autour de cette vérité qui dérange, cette vérité qui bouleverse la respectabilité de façade d'une paroisse a priori vertueuse.


Combien de victimes ?
« Je n’ai pas été la seule victime », assure Rémy. « Mais j’ai été la seule à porter plainte. D’autres ont eu peur ». Il a préféré affronter le tribunal correctionnel plutôt que la cour d’assises pour ne pas à avoir à témoigner devant un jury. Il se souvient de tous ces gestes déplacés du prêtre, ces billets de 50 francs qu’il recevait, ces menaces pour ne pas raconter ce qu’il s’était passé, cette irruption de l'écclésiastique dans sa classe après qu'il ait osé écrire une lettre où il affirmait vouloir tout raconter. Il se souvient de cette arrestation du curé un mercredi matin à la sortie de l’église, ces huit heures d’interrogatoires chez les gendarmes, une épreuve pour un gosse de 10 ans.

« J’ai aujourd’hui trouvé une stabilité mais j’ai pas mal galéré. On est parti dans la Loire avec ma mère, j’ai souvent voyagé, j’ai fait des conneries. Et puis, suite à une consultation avec un psychologue, je me suis rendu compte que mes bêtises résultaient de ce que j’avais subi. » Rémy est revenu vivre à Yssingeaux depuis trois ans. « J’ai essayé de retrouver ce prêtre mais je n’y suis pas arrivé. Je ne sais pas s’il est encore vivant. Il doit avoir aujourd’hui environ 75 ans."
Dernière modification le vendredi, 15 avril 2016 14:15