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Raymonde Prat et Martine Fauconnier-Chabalier étaient les invitées de l'Université pour tous jeudi soir à Yssingeaux. Elles ont éclairé l'assistance sur les enfants abandonnés aux XIXe et XXe siècles et les pupilles de l'Etat.

C'est un sujet infiniment douloureux qui était abordé sous l'angle historique jeudi soir grâce à une conférence insérée dans la programmation du collège d'Yssingeaux de l'Université pour tous.

Le "tour d'abandon" plutôt que l'infanticide

Une première séquence était consacrée aux enfants trouvés et abandonnés de l'hospice d'Yssingeaux de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. Raymonde Prat, dans son exposé documenté et factuel, faisait apparaître des fantômes touchants d'un autre temps. Une cohorte de nourrisons langés dans des guenilles, leurs mères poussées par la misère, plombées par le poids de la religion, venues déposer, à la nuit tombée, leur bébé dans ce "tour d'abandon" de l'hospice d'Yssingeaux.

Ce dispositif, rendu obligatoire en 1811, interdit en 1904, garantissait l'anonymat de la dépose d'enfant. Ces tours d'abandon consistaient en un cylindre ouvrant sur l'extérieur d'un bâtiment, comme un tambour de porte. Les mères mettaient l'enfant dans le cylindre et tournaient celui-ci pour que l'enfant accède à l'abri à l'intérieur de l'édifice. "Les mères célibataires se sentaient contraintes d'abandonner leur enfant car, sinon, elles étaient mises à l'écart de la communauté villageoise. Avec l'arrivée des tours, on préférera l'abandon à l'infanticide." Glaçant.

Des rubans personnalisés

Les malheureuses glissaient des marques personnalisées, signes religieux ou rubans colorés car la plupart était ouvrière en passementerie. "C'est un moment très émouvant lorsque l'on ouvre ces boîtes où ont été conservés, pour chaque enfant, ces rubans qui ont gardé leurs couleurs, comme celui, rouge, joliment plié en forme de colombe."

Elles joignaient parfois des messages disant leur espoir d'être en capacité de revenir chercher leur enfant : "on vous prie d'en avoir bien soin parce qu'on veut la retirer"; "ayez en bien soin peut-être il sera reconnu"; "conservez la marque"; "prendre soin de seste petite juque puisse la retirer"...

Des noms champêtres

Parfois encore, elles formulaient des intentions pour donner un prénom au nouveau-né. In fine, les religieuses chargées de s'occuper de les baptiser faisaient ce que bon leur semblait. Certains noms et prénoms donnés semblent faire référence à la flore très présente alors dans la pharmacopée. Qu'on en juge : Marguerite Cypré, Reine Persil, Marie-Julie Jujube, Jacques Santoline, Jean-Michel Fayard, Jean Sapin, Jacques Philip Ysope...

Des histoires singulières qui parlent de notre histoire

En deuxième partie, Martine Fauconnier-Chabalier évoquait le destin des pupilles de l'Etat, lorsqu'une loi du 27 juin 1904 fait du préfet leur tuteur et permet l'accouchement sous X. "Ces pupilles de l'Etat disent beaucoup de notre histoire à tous et ce sont aussi des histoires singulières."

Pour donner un repère, en Haute-Loire, ces pupilles était 237 en 1902, ils étaient 4 en 2014. On a alors des statistiques sur la situation de la mère lors de l'abandon. 66% étaient domestiques. Ces nouveaux-nés sont très vite confiés à des nourrices à la campagne qui disposent de vaches pour fournir le lait, idéalement pas trop éloignées d'une école. Pour le meilleur et de belles histoires familiales se nouent alors. Ou pour le pire, avec leurs lots de mauvais traitements et des rencontres franchement sordides.

Un destin tout tracé

On constate une forte mortalité infantile : 27% meurent avant d'atteindre leur premier anniversaire. Leur destin est tout tracé sauf exception, et même si ces pupilles sont doués au plan scolaire, ils seront bien souvent cultivateurs ou domestiques.

On quitte la salle en mesurant le chemin parcouru, en se félicitant des progrès réalisés en matière de contraception et plus globalement de l'existence de la Sécurité Sociale. Et en espérant que ces acquis précieux ne soient jamais remis en cause.


Prochain rendez-vous

Le jeudi 13 avril à 18 h 15, au cinéma d'Yssingeaux, un sujet sur la génétique proposé par Pierre-Luc Rigaud, biologiste.

Entrée 4 euros, gratuit pour les scolaires et les étudiants

Publié dans Yssingeaux - Les Sucs

Le Centre hospitalier d’Yssingeaux se mobilise pour la Semaine de la sécurité des patients en ouvrant à tous une "chambre des erreurs", lundi 21 novembre, de 10 à 16 heures.

Le ministère chargé de la Santé a reconduit pour la 6e année, du 21 au 25 novembre, la Semaine de la sécurité des patients, une campagne visant à sensibiliser usagers et professionnels aux enjeux de la sécurité des soins.

L'hôpital local a choisi un outil ludique pour y participer : une chambre des erreurs. L'idée est de proposer une mise en situation.

Il s’agit d’identifier et de noter les erreurs commises à l’aide d’un questionnaire. L’analyse des réponses permet de tester les connaissances des participants en matière de bonnes pratiques sur l’hygiène, la bientraitance, la sécurité des soins, l’identitovigilance et le circuit du médicament.

L’atelier est ouvert à tous : personnel, bénévoles, patients et visiteurs, le lundi 21 novembre de 10 heures à 16 heures.

Catherine Defour, pharmacienne coordonnatrice des risques, Valérie Sabatier, cadre de santé, Sandrine Badel, responsable qualité, orchestrent cette action et vous attendent dans le service de médecine, chambre 113, pour débusquer les erreurs qui y ont été glissées. Si certaines sautent aux yeux, d'autres sont plus subtiles.

Publié dans Yssingeaux - Les Sucs
La logique de mutualisation en matière de santé se confirme avec le passage d'une "communauté hospitalière de territoire" basée sur le volontariat actuellement effective à un "groupement hospitalier de territoire" à compter du 1er juillet.

En pratique, cela signifie que les cinq centres hospitaliers publics de Haute-Loire (Le Puy-en-Velay, Brioude, Langeac, Craponne, Yssingeaux) ainsi que celui de Langogne en Lozère, élaborent un projet médical partagé "garantissant une offre de proximité ainsi que l'accès à une offre de référence et de recours". Ils mettent en commun un certain nombre de fonctions, répartissent des emplois médicaux et pharmaceutiques... Des coopérations existent déjà, par exemple, via des achats en commun, l'entretien de matériel en commun entre Emile-Roux et l'hôpital de Brioude. Ou encore les consultations avancées dans 14 spécialités qui sont devenues réalité à l'hôpital d'Yssingeaux.

L'objectif est de formaliser aussi les liens avec les Centres hospitaliers universitaires de référence, Clermont-Ferrand ainsi que Saint-Etienne. Selon Jean-Marie Bolliet, le directeur d'Emile-Roux au Puy-en-Velay : "le groupement hospitalier de territoire doit se concevoir comme un multiplicateur d'efficacité."

Et il assure qu'aucune volonté de faire, à terme, fusionner les centres hospitaliers, ne se cache derrière la formalisation de ce groupement.
Publié dans Actualités 2016