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La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) organisait au Chambon-sur-Lignon ses Troisièmes journées des Justes sur le thème : "75 ans après la Shoah, qu’est-ce qu’être Juste aujourd’hui ?". Des journées très suivies et passionnantes.

Plusieurs tables-rondes ont jalonné ces deux journées (plus une dédiée à la jeunesse mercredi).

Vendredi matin, la dernière touchait le coeur du sujet avec une interrogation qui résonne singulièrement dans un contexte où le traitement des migrations forcées (liées aux conflits, économiques et bientôt climatiques) questionne notre humanité : "Être juste aujourd’hui, est-ce pratiquer l’hospitalité inconditionnelle ?".

Un public fourni a participé à cette table-ronde aux Bretchs animée par Alain Blum, le président de la Licra Rhône-Alpes, avec Valérie Castel-Jordy (auteure et metteuse en scène), Guillaume Leblanc (philosophe), Serge-Pierre Mondani (maire de Saint-Beauzire), Paul Salmona (directeur du Musée d’art et d’histoire du judaïsme).


Tous des voisins

Guillaume Leblanc mettait en relief l'évolution de la notion d'hospitalité à travers les siècles et signalait que le point charnière remontait à Kant et l'idée d'une hospitalité inconditionnelle. « Cette hospitalité est un droit détaché des valeurs éthiques, mais ne peut s'exercer de manière permanente. » Il poursuivait : « Nous sommes tous des voisins. La condition humaine, c'est la cohabitation. »

Après avoir fait remarquer qu'en français le même mot, hôte, désigne à la fois l'accueilli et l'accueillant, il posait la question fondamentale : « Est-ce que la notion d'hospitalité peut se vivre sans hostilité? »

Et d'y apporter, plus loin, cette réponse : « Il faut vaincre l'hostilité qu'on a en soi pour pratiquer l'hospitalité. »


L'Homme, un migrant par essence

Paul Salmona relevait : « L'Homme est un migrant par essence. Nous n'existerions pas aujourd'hui sans ces migrations successives. » Pointant le réchauffement climatique et ses conséquences, il s'interrogeait : « Lorsque les mers seront plus hautes de 2 mètres, il faudra bien se partager le territoire restant, il faudra bien mettre quelque part les habitants des Seychelles, du delta du Gange, du Bengale... »

Participer à l'éveil des consciences

Valérie Castel-Jordy évoquait sa pièce "La traversée du Azhar" qui sera jouée sur le parvis d'Avignon du 5 au 15 juillet. L'intrigue relate l'histoire d'une famille ordinaire, dont le train-train va être bousculé par un événement fortuit qui la conduira à accueillir un réfugié syrien. Le père croise lors du démantèlement d'un camp le regard d'une petite-fille. Ce regard le travaille... « J'étais intranquille dans mon humanité par rapport à ceux qui frappent à la porte de l'Europe. J'ai fait ce que je pouvais, à mon échelle, pour éveiller les consciences en écrivant cette pièce. Il s'agit bien d'une fiction, pas d'une thèse. »


450 habitants, 70 réfugiés

Le témoignage, applaudi par l'assistance, de Serge-Pierre Mondani, maire de Saint-Beauzire, a permis de rentrer dans le concret. Ce village de Haute-Loire de 450 âmes, à 2 heures de route du Plateau, accueille depuis 2015 des migrants, dans les installations d'un centre Léo-Lagrange. "Ils ont trouvé un havre de paix. Lorsque l'on m'a demandé si j'étais d'accord pour cet accueil, j'ai dit oui tout de suite. Je ne me suis pas posé de question. C'est dans mon ADN.

Et de poursuivre : « Nous avons fait un travail avec le conseil municipal. Je me souviens de ce moment très fort, un mois de novembre très froid. Ils sont arrivés les yeux hagards, transis. C'était des hommes uniquement. Je leur ai simplement dit "Vous êtes ici chez vous". »


Un élan de solidarité

« Nous avons vécu des choses merveilleuses... Nous accueillons 70 personnes, une dizaine de familles, 18  enfants dont 9 sont scolarisés à l'école communale, qui a ainsi gagné un troisième poste d'enseignant. Je ne fais pas d'angélisme. Il y a eu quelques difficultés. Nous sommes des Auvergnats. Des familles dans la tradition du repli sur soi ont vu leurs réticences s'éroder au fil des jours. Et aujourd'hui, elles participent à un élan de solidarité autour de ces migrants. Une cinquantaine de bénévoles sont investis. »

Publié dans Haut-Lignon

Les jeudi 30 et vendredi 31 mai, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) organise au Chambon-sur-Lignon ses Troisièmes journées des Justes sur le thème : 75 ans après la Shoah, qu’est-ce qu’être Juste aujourd’hui ?

Trois tables-rondes seront organisées à la maison des Bretchs.

La première sur le thème « La diffusion ou l’essaimage du concept de Juste en dehors du monde juif » verra les interventions notamment des historiens Marcel Kabanda et Yves Ternon et le philosophe Philippe Merlier.

La deuxième abordera le sujet « l’histoire d’un territoire et ses spécificités peuvent-elles expliquer l’apparition de Justes ? ». Elle sera animée par Abraham Bengio, et réunira les historiens Tal Bruttmann, Patrick Cabanel et Aziza Gril-Mariotte, le journaliste Robert Guinot, la sociologue Nathalie Heinich et Dominique Vidaud, directeur de la Maison d’Izieu.

La troisième aura pour sujet « Être juste aujourd’hui, est-ce pratiquer l’hospitalité inconditionnelle ? ». Elle sera animée par Alain Blum, avec Fabienne Brugère (philosophe), Valérie Castel-Jordy (auteure et metteuse en scène), Guillaume Leblanc (philosophe), Serge-Pierre Mondani (maire de Saint-Beauzire), Paul Salmona (directeur du Musée d’art et d’histoire du judaïsme)

La projection du film "Sauvés par des Justes", des visites du Lieu de Mémoire et du Parcours de mémoire, compléteront la proposition. Et, pour la clôture, un bal-concert klezmer avec les Marx Sisters amènera une touche festive.


Une manifestation ouverte à tous

Les habitants du territoire sont cordialement invités à assister à l’ensemble des manifestations. Ils devront simplement s’inscrire (et régler 10 € par personne et par repas) s’ils souhaitent assister à l’un ou l’autre des quatre buffets prévus.

La veille, mercredi 29 mai, aura lieu une Journée des jeunes (réservée à des élèves du Chambon, d’Yssingeaux, de Saint-Etienne et à des jeunes accompagnés par la Protection judiciaire de la jeunesse).


Tout le programme ici


Sur la photo autour du maire du Chambon-sur-Lignon, Abraham BENGIO : président de la commission Culture de la LICRA, Elie BLOCH : LICRA, section de Lyon, Alain BLUM : président de la section Auvergne Rhône-Alpes de la LICRA, Eric GILBERT : référent laïcité-citoyenneté - Protection judiciaire de la Jeunesse (Centre-Est), Mathilde GUICHARD : LICRA, section de la Drôme, Stéphane NIVET : directeur de la communication de la LICRA, Pierre PIENIEK : président de la section de la Drôme de la LICRA, Bruno THERY : affichiste, membre de la section de Lyon de la LICRA.

Publié dans Haut-Lignon