Après les nouvelles annonces gouvernementales au sujet de la colère des agriculteurs, la FNSEA a appelé ses adhérents à lever les blocages. En Haute-Loire, les annonces font des mécontents. Mais pas pour les mêmes raisons.
L'AMAP de Retournac a tenu à réagir. Elle en appelle à "un revenu juste des paysans" et "un soutien à la transition écologique et une consommation solidaire". "Sous-rémunérés, surendettés, croulant sous les normes, subissant la concurrence déloyale mise en place par les différents accords de libre échange, nos agriculteurs à bout de souffle expriment leur colère et leur fatigue face à un système agro-industriel qui cherche à broyer les petits au profit des plus gros".
Les annonces du gouvernement de ce jour sont "insuffisantes et la mise en pause du plan Ecophyto montre la faiblesse de nos dirigeants face à la pression du premier syndicat agricole, la FNSEA. Ses représentants (dont le président est également dirigeant du groupe industriel Avril géant français des huiles et protéines oléagineuses, opérant dans 19 pays, qui a généré 9 milliards de chiffre d'affaires en 2022, compte 7300 salariés) s’accaparent les aides (80% des aides publiques sont mobilisés par 20% des agriculteurs) et les terres pour engraisser un agro-business mortifère pour le monde agricole, la biodiversité et notre alimentation. Être en avance sur les normes environnementales n’est pas une honte et mettre en opposition écologie et agriculture est un écran de fumée qui masque le vrai coupable qu’est le dogme du libre échange et de l’agro-industrie".
"Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses à la crise agricole en cours qui est le symptôme d’une politique délétère menée depuis trop longtemps mais nous espérons faire changer les mentalités. La production d’une alimentation de qualité accessible et choisie, dans le respect de la biodiversité peut être rémunératrice, si les pouvoirs publics le décident et agissent en ce sens."
Laurent Duplomb : "Un emplâtre sur une jambe de bois"
Laurent Duplomb, agriculteur à Saint-Paulien et sénateur Les Républicains, il estime que les annonces ressemblent à "un emplâtre sur une jambe de bois comme on dit chez moi !" Il ajoute : "A bien y réfléchir, je comprends mieux le silence d'Emmanuel Macron durant toute la période des manifestations agricoles. En effet, tout juste les annonces faites par le Premier Ministre et l'appel à lever les barrages, il annonce dans un « en même temps » schizophrénique vouloir regagner la souveraineté alimentaire de la France tout en voulant « sortir du modèle de la chimie » et « bâtir un nouveau modèle agricole en Europe ». En fait, lui et ses ministres n'ont rien compris du message des agriculteurs qui les appelait à stopper ce projet de société décroissante au détriment de l'acte de production. A travers leur cri « On marche sur la tête » ; les agriculteurs disent qu’ils ne comprennent pas que l’on érige comme priorité politique cette défense de l’environnement au détriment de tout acte de production. Cette inversion de priorité propre à la France, et ce « en même-temps » est pour eux synonyme de péril imminent !"
