Sa parole sur le sujet reste très rare. Et jeudi, pour la première fois, à Monistrol-sur-Loire, André Friedenberg a parlé des premières années de sa vie, quand il était un enfant juif caché au Mazet-Saint-Voy.
André Friedenberg a été conçu et il est né en Haute-Loire. Jeudi, le Stéphanois s'est rendu au lycée Léonard-de-Vinci à Monistrol-sur-Loire. L'ancien homme politique, qui a été dix ans président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), s'est exprimé devant des collégiens de Jean-Monnet d'Yssingeaux et des lycéens du Mazel. On pourrait croire l'homme habitué à ce type d'échange. Il n'en est rien. "C'est la première fois", assure-t-il, accompagné de Florence Boudoussier, présidente de la section stéphanoise de la Licra.
Le rôle joué par son grand frère
André Friedenberg est né en 1944 au sein d'une famille cachée dans une maison de la Pierre Plantée au Mazet-Saint-Voy pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qu'il en sait, c'est principalement grâce à son frère Maxime, de neuf ans son aîné, décédé en 2021. "Moi, je n'ai évidemment pas de souvenir. Maxime en avait lui, il a davantage souffert que moi. Dans la famille, on ne parlait pas de cette période. J'ai été protégé. Mon frère, lui, m'en a davantage parlé."
"En France, on a malheureusement tendance à oublier"
Il perpétue aujourd'hui la tradition du devoir de mémoire. "C'est nécessaire pour ne pas oublier. En France, on a malheureusement tendance à oublier. Quand on voit tous ces départs de juifs français vers Israël, c'est qu'ils ne se sentent plus en sécurité en France. Personnellement, je n'ai jamais souffert d'insultes antisémites. Je me souviens juste d'une anecdote à 7-8 ans où un père a demandé à son enfant de le rejoindre en disant qu'elle n'allait pas jouer avec un juif. C'est là où j'en ai pris conscience."