Les Gilets jaunes de Monistrol-sur-Loire organisaient mercredi leur première assemblée citoyenne. L'occasion de présenter leurs revendications, de recueillir les doléances et les avis des citoyens... et de les convaincre de les rejoindre.
Dans la grande salle du Château des évêques, une centaine de personnes font face à huit Gilets jaunes. Ces organisateurs de la soirée sont de Monistrol, Grazac, Tence, ou encore Rozier-Côtes-d'Aurec. Dans l'assemblée, certains arborent le fameux gilet, d'autres disposent d'un signe distinctif jaune plus discret. On retrouve aussi des citoyens de Monistrol et ses environs, venus écouter les arguments et éventuellement fournir leur avis.
Le RIC, une revendication emblématique
Christophe, alias "Titou", présente le mouvement, de ses débuts le 17 novembre à aujourd'hui, ses causes et ses revendications. Le RIC, le Référendum d'initiative citoyenne, est largement exposé. C'est l'une des revendications majeures des Monistroliens. Comme ailleurs. "Avec le RIC, c'est le peuple qui vote et qui décide", insiste Titou.
Après l'occupation des ronds-points, les Gilets jaunes tentent de se structurer, de s'organiser, avec plus ou moins de succès. "On s'organise. On ne va pas y rester jusqu'à la Toussaint", affirme Sandrine, qui se présente comme porte-parole.
Des Gilets jaunes aux municipales en 2020 ?
L'assemblée citoyenne se veut surtout un moment d'échanges avec le public. Pour Sylvie Julien, venue du Mazet-Saint-Voy avec son mari et une amie, "on est coincé entre les élections et le grand débat national. On est capable de déjouer ce genre de piège. Préparons des listes pour les municipales." L'idée est rapidement balayée : "On n'en est pas là".
Se comparer à Mai 68
Un vieil homme, assis au premier rang, tient à s'exprimer. Avec ou sans micro. Il soutient le mouvement mais trouve qu'il rame. "On a fait 68. On a été plus rapide que vous pour obtenir ce qu'on voulait. Je vous souhaite bon courage et je vous félicite."
La jeunesse est peu représentée dans l'assistance. Mais quelques-uns prennent la parole. L'un est déterminé à voir Emmanuel Macron démissionner, n'acceptant pas les tirs de flash-ball et les mutilés. "Pour moi, c'est Macron Démission et après Macron Justice."
"Qu'attendez-vous de nous ?"
Après 1 h 30 d'échanges, une femme demande : "Mon compagnon est toujours avec vous près du rond-point. Mais qu'attendez-vous de nous ?" Gérald, à la table, répond : "On veut du monde." Titou ajoutera plus tard : "Plus on est de monde et mieux c'est dans les manifs. C'est la force du peuple." La dame continue : "Au rond-point, on se regarde dans le blanc des yeux et c'est tout. Je ne vais pas monter au Puy pour me faire taper dessus. Une fois, ça m'a suffi."
Sandy, Gilet jaune convaincue, veut réagir : "Faut pas croire qu'on se tourne les pouces. C'est une main-d'oeuvre continue, des démarches administratives, des contacts avec les autres rond-points pour s'organiser." Au rond-point de la Chomette, une petite centaine de manifestants se relaient. "On a principalement des gens de la classe moyenne et au-dessus, très peu de personnes sans emploi", indique une membre.
Une nouvelle assemblée citoyenne fin février
Après la réunion, interrogé sur le grand débat national, absent des discussions au cours de la soirée, Titou indiquera que c'était volontaire. "On ne veut pas y prendre part. On ne cherche pas à faire une révolution physique mais à faire évoluer les consciences."
Une prochaine assemblée citoyenne est déjà programmée, le 27 février à 20 heures au Château des évêques. D'ici là, les Gilets jaunes poursuivent leurs actions, avec l'envie de capter les jeunes.
