« L'Écossais » de Pierre Présumey est une nouvelle heureuse proposition des éditions altiligériennes Hauteur d'Homme. Parions que lecteurs juvéniles ou aux tempes grises, férus ou non de littérature, rompus ou rétifs au patois, familiers ou non du récit de voyage de Robert Louis Stevenson, tous chemineront plaisamment au gré des 170 pages de ce livre inclassable.
Et si la vie enracinée se mettait à bouger...
Le propos, résumé sur la quatrième de couverture, intrigue : « A la fin de l’été de 1878, un Écossais de presque 28 ans, le jeune écrivain Robert Louis Stevenson, arrive au Monastier-sur-Gazeille, gros bourg de Haute-Loire. Que vient-il y faire ? Il y demeure un mois, avant de s’en aller accomplir, en douze jours, ce qui deviendra son Voyage avec un âne à travers les Cévennes. Avec lui s’invente le tourisme moderne du voyageur qui passe, mais autour de lui, pendant quatre semaines, des femmes et des hommes du pays s’interrogent et parlent. Eux restent et ne partent pas. Et si leur vie enracinée se mettait elle aussi à bouger ? »
Des références littéraires pas pesantes pour un sou
Luc Olivier, son éditeur, signale : "C'est la première fois que Pierre Présumey écrit une fiction, il est plus habitué à la poésie ou à des essais sur les sujets qu'il affectionne : les paysages, la nature, la littérature, la philosophie et bien sûr l'antiquité et ses auteurs grecs et latins. Normal pour un prof de lettres classiques... Et on retrouve dans L'Écossais beaucoup de références littéraires (Flaubert, Hugo et bien sûr Stevenson) mais la principale référence, c'est cette culture vellave avec sa vieille langue."
La langue d'oc servie sur un plateau
Car l'occitan qui nourrit le récit réveillera des souvenirs pour les têtes les plus chenues, ayant dans l'oreille les expressions qui émaillent les conversations de leurs grands-parents. Et permettra aux jeunes générations de mesurer l'imprégnation patoisante du langage courant d'aujourd'hui (tâcher moyen, faire la même, bader, se ramasser, débarouler, davaler...)
Attachante Fonsine
Le lecteur croisera certes Stevenson mais, surtout, il s'attachera aux pas de Fonsine, servante alors âgée de 16 ans, qui "ne posséda jamais que son prénom diminué, connu seulement de quelques habitants d'un petit canton du monde, pays de noir basalte et de granite blanc, roulé comme un renard dans la boucle de la Loire en son commencement." Et à qui on se plaît à imaginer, non sans émotion, une fois le livre refermé, une tout autre destinée...
Prix : 18 euros