Né en 1933, le compositeur et chef d’orchestre polonais Krzysztof Penderecki s’est éteint dimanche 29 mars à l’âge de 86 ans. Il s'était régulièrement produit au Festival de la Chaise-Dieu.
Avant tout connu du grand public pour son Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1961), prime par l’UNESCO, et l’utilisation de sa musique dans des films à grand succès (L'Exorciste de W. Friedkin, Shining de S. Kubrick, Shutter Island de M. Scorsese), Penderecki avait commencé sa carrière de compositeur dans une certaine radicalité avant d’adopter un esthétique néo-tonale et postromantique, proche de la « nouvelle simplicité » allemande, tout particulièrement dans ses œuvres religieuses, expression de sa foi catholique.
25 ans de liens à la Chaise-Dieu
C’est dans ce répertoire sacré que s’illustre tout particulièrement le lien privilégié qu’il avait tissé avec le Festival de La Chaise-Dieu, durant près de 25 ans, invite la plupart du temps à diriger ses propres oeuvres a la tête de l’Orchestre et du choeur philharmoniques de Cracovie. Parmi ces moments qui ont jalonne l’histoire du Festival, on retiendra notamment :
- la reprise de son Te Deum en 1983, compose en 1979-1980 pour célébrer l’avènement de son compatriote Karol Wojtyła au trône de saint Pierre ;
- à l’occasion du XXe Festival en 1986, la création française de son Requiem polonais (1979-1980), complète en 2005 d’une Chaconne finale en memoire de Jean-Paul II, dont la création française eut également lieu à La Chaise-Dieu l’année suivante ;
- en 1989, la création de la version française de sa Passion selon saint Luc, avec Daniel Mesguich en récitant, sous la direction de Gilbert Levine, redonnée en 1996 sous la direction du compositeur ;
- en 2004, l’interprétation de son Credo (1997-1998) pour soliste, choeur mixte et chœur d’enfants, associant la maitrise du New Collège d’Oxford à celle de la Cathédrale du Puy-en-Velay.
Dernière invitation en 2006
La dernière invitation de Penderecki a La Chaise-Dieu date de 2006, qui le vit diriger l’Orchestre philharmonique et le choeur national Dumka d’Ukraine dans sa 8e symphonie, sous-titrée Chants de l’éphémère.
Gérard Roche, président, et Julien Caron, directeur général, soulignent la place essentielle que ces concerts occupent dans l’histoire du Festival de La Chaise-Dieu, qui, avec Penderecki, s’est ouvert à la musique de notre temps. Directeur de 1976 à 2003, Guy Ramona salue un « personnage attachant », pour lequel il avait amitié et admiration, et avec lequel il « était toujours en correspondance ces dernières années ». Directeur de 2003 à 2012, Jean-Michel Mathé salue la memoire de ce grand compositeur et chef d’orchestre.
Passionné par la botanique, créateur à Luslawice (Pologne) d’un des plus beaux arboretums d’Europe, Krzysztof Penderecki avait trouvé à La Chaise-Dieu, au coeur des forêts du Livradois-Forez, un lieu à sa mesure pour faire entendre, en France, les chefs-d’œuvre de sa musique sacrée.
