mardi, 25 août 2020 22:43

Mazet-Saint-Voy : les paradoxes de Bernanos pour refermer le cycle estival de la SHM

Monique Calinon de la SHM, Jean-Pascal Hattu, Yves Bernanos.|Michel Fabréguet, président de la SHM, Jean-Pascal Hattu, Yves Bernanos.|Monique Calinon|| Monique Calinon de la SHM, Jean-Pascal Hattu, Yves Bernanos.|Michel Fabréguet, président de la SHM, Jean-Pascal Hattu, Yves Bernanos.|Monique Calinon|| ||||

Lundi soir, la Société d'Histoire de la Montagne a refermé brillamment au Mazet-Saint-Voy son cycle estival d'animations sur le documentaire "Georges Bernanos, histoire d'un homme libre", en présence de ses réalisateurs.

Une cinquantaine de personnes (une affluence notable dans le contexte particulier de cet été singulier) avaient rallié lundi soir le Calibert au Mazet pour découvrir une des grandes figures littéraires du XXe siècle dont les romans les plus célèbres ("Sous le soleil de Satan", "Journal d’un curé de campagne"), ont gagné en popularité en ayant été adaptés pour le cinéma.


Petit-fils et petit-neveu aux manettes

Georges Bernanos (1888-1948) était donc au cœur du très attrayant documentaire né des talents conjugués de sa descendance, son petit-fils et son petit-neveu.

En effet, dans "Georges Bernanos, histoire d'un homme libre", les réalisateurs, Yves Bernanos et Jean-Pascal Hattu, se sont attachés à donner à comprendre quelle personnalité remarquable était cet ancêtre qu'ils n'ont d'ailleurs pas connu. Un intellectuel dont la pensée, les combats, ont éclairé son temps. Et, étonnamment, font écho encore aujourd'hui à nos préocupations, en particulier lorqu'il anticipe les déboires de cette "civilisation de consommation" (un terme imaginé par Bernanos dans l'immédiat après-guerre) qui est la nôtre.


Les paradoxes d'un intellectuel engagé

Ils ont pointé les paradoxes de cet homme, témoin engagé dans les grands événements de son temps, marqué par son éducation catholique, sa foi, impliquant des valeurs d'ouverture à l'autre mais aussi un anti-judaïsme (un mot préféré à celui d'antisémitisme par Michel Fabréguet) qu'il dépassera, tournant le dos à l'Action française en particulier, auquel il avait adhéré un temps.

Toute sa vie durant, en France, en Espagne ou au Brésil, Bernanos combattra les totalitarismes, les dérives idéologiques, le capitalisme, les compromissions des politiques et l’instrumentalisation des peuples. Et très tôt, il perçoit comment la course à la consommation va ruiner notre société, alors même que commencent juste les Trente glorieuses.


Une médiatrice passionnée

Après que le président de la SHM ait introduit la soirée, c'est Monique Calinon‌ (membre de la SHM, familière des Lectures sous l'arbre, et par ailleurs chargée de collection en littérature française à la Bibliothèque nationale de France) qui a agréablement animé le débat prolongeant la diffusion du documentaire. A l'origine de l'invitation de Yves Bernanos et Jean-Pascal Hattu, elle a, avec vivacité et enthousiasme, permis aux réalisateurs de raconter comment ils ont travaillé, s'efforçant de trouver la bonne distance pour évoquer leur aïeul, dénicher les images suffisamment suggestives pour faire sentir les ambiances dans lequel cet auteur irréductiblement nomade (33 déménagements) trempait sa plume pour écrire. In fine, elle soulignait avec malice le plaisir de voir une assistance étoffée et concernée applaudir un film sur un auteur tellement catholique dans ce village, Le Mazet, sans doute le plus protestant de France.

Cette soirée réussie bouclait avec brio le cycle estival de la Société d'Histoire de la Montagne.

 

Dernière modification le mercredi, 26 août 2020 08:43

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