mercredi, 26 août 2020 12:43

Chambon-sur-Lignon : Pierre Draï témoigne jeudi de son enfance cachée

|| || ||

Une conférence est organisée jeudi 27 août à la Maison des Bretchs au Chambon-sur-Lignon, à 18 h 30, avec le témoignage de Pierre Draï, enfant caché dans l’Aube durant la Seconde Guerre mondiale.

Pierre Draï réside à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses parents sont déportés en 1943-44, il n'a alors que 3 ans. Son histoire est celle d'un enfant caché et d'un orphelin d'après-guerre. Trois de ses frères mourront en Déportation.

En 2011, Pierre Draï a écrit et publié un livre "La Mémoire déverouillée".

« La mémoire, c'est comme un tiroir. On y entasse tous ses souvenirs. Les plus anciens, tout en dessous. Puis un jour, on ferme le tiroir à clé. Le meuble est rangé dans une vieille grange. » Ce n'est qu'en 2007, en remplissant un dossier d'indemnisation que Pierre Draï fait ce constat: « Je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi je suis encore en vie, alors que je suis orphelin. Comment ai-je pu survivre à ce cauchemar alors que mes parents étaient morts ? Qui s'est occupé de moi ? Comment ai-je pu rester en vie ? »

Ses parents et trois de ses frères morts à Auschwitz

Il entame dès lors une patiente enquête : retrouver les documents qui témoignent de son histoire, retrouver les témoins ou leurs enfants et surtout déverrouiller sa propre mémoire.

Juillet 1943, boulevard Ney à Paris. Rosine Draï, qui vit seule avec ses six enfants depuis que son mari, travaillant dans une boucherie casher s'est réfugié dans l'Aisne, est prise dans une rafle avec ses trois aînés. Par précaution, elle avait laissé dans une institution protestante caritative du quartier, dirigée par les pasteurs Cholet et Funé, ses trois enfants les plus jeunes. Quelques mois plus tard, Isaac Draï, sans nouvelles de sa famille, retourne un dimanche boulevard Ney. Un voisin zélé le repère sans doute. Quelques jours après, les Allemands pénètrent dans la fabrique de cageots où il travaille comme ouvrier dans l'Aisne et l'arrêtent. Isaac, Rosine et leurs trois aînés seront gazés à Auschwitz. Pierre, ainsi que sa soeur Nelly et son frère Paulo, seront sauvés, pris en charge avec d'autres orphelins de guerre par le pasteur Funé et son épouse.

Au terme « d'une enfance sans famille, sans personnalité, sans amour », Pierre Draï parvient à se construire professionnellement, sentimentalement (après deux divorces) et spirituellement entre engagement dans le communisme et prise de conscience de son judaïsme.

Dernière modification le mercredi, 26 août 2020 18:40

Partager sur :