L’église de Saint-Laurent au Puy-en-Velay fondée au XIVe siècle par les frères Dominicains est un édifice classé monument historique depuis 1906. Dans le cadre de la surveillance de celui-ci, au vue de fissures qui ont été observées, la Ville du Puy en Velay a commandité une étude réalisée par le cabinet d’architecte des monuments historiques Étienne Barthélémy en partenariat avec le bureau d’étude structure GB Consultant. Les premiers rendus au mois de mai ont fait apparaître des désordres significatifs dans la nef de l’église.

Afin de garantir l’absolue sécurité des fidèles, l’église va donc fermer ses portes au public en attendant que des travaux puissent avoir lieu.

Un peu d’histoire…

L’église est construite en 1221 puis agrandie au 14e siècle. Elle possède un très beau portail de style flamboyant. Une fois à l’intérieur, le visiteur est surpris par sa nef d’une belle ampleur. Ses magnifiques vitraux du 19e siècle et 20e ont été habilement restaurés. Au 18e siècle, l'église menace de s'écrouler. Des contreforts sont alors construits puis au 20e siècle des câbles sont tendus entre les piliers.

Malheureusement, l'église ferme en 1971. Après une très lourde campagne de restauration, elle ré-ouvre à nouveau au public pour les fêtes de Noël 1988.

Les structures de l’ensemble soumises à rudes épreuves

L’architecture même de l’église contraint énormément les structures. En effet, la voûte de la nef repose sur des piles élancées et les voûtes des collatéraux, plus basses, ne permettent pas une bonne transmission des efforts.

Ainsi, lors d’une campagne de travaux antérieure, des contreforts massifs ont été rapportés de part et d’autres de l’église afin d’éviter qu’elle ne "s’ouvre en deux".

Il est à noter que 2 fois au cours de son histoire, en 1417 et en 1525, des voûtes du cœur de l’église se sont effondrées.

En 1966, l’inclinaison des piliers est devenue tellement préoccupante (5 mm par an) que des tirants et des corsets de frettage furent mis en place, mais sans réelle efficacité. L’édifice fût donc fermé au public à partir de 1971 afin d’entreprendre une campagne de grand travaux de consolidation.

De 1975 à 1978, quatre pinces en béton armé précontraint furent coulées dans les combles afin de contenir les efforts des voûtes sur les piliers.

Ces travaux réalisés par l’architecte en chef des Monuments Historiques, André Donzet, est un cas d’école dans l’histoire de la restauration des monuments historiques.

En 1977, suite à un séisme le premier pilier Sud s’est lézardé entièrement et la voûte s’est affaissée.

En 1978, un autre pilier en fond de nef a connu les mêmes problèmes et a dû aussi être remplacé.

Ces problèmes structurels illustrent les contraintes existantes très importantes dans l’édifice.

Des mesures urgentes mises en place

Un pilier du fond de la nef aujourd’hui fortement fragilisé menace d’imploser et doit donc être fretté. Les épisodes de sécheresse successifs en 2022 et 2023 ne sont probablement pas étrangers au phénomène.

Les travaux consistent à la mise en place des bastaings en bois verticaux sur toute la hauteur du pilier et la réalisation d’un cerclage en acier un peu comme un tonneau.

En complément de cette mesure conservatoire, des systèmes de surveillance appelés aussi "instrumentations" vont être mis en place sur l’église et ses abords pour étudier sur une période de 2 ans minimum l’évolution des fissures et les déformations. Ce matériel pourra ainsi signaler de manière instantanée si une évolution subite a lieu et permettra au maître d’œuvre et services de la collectivité de prendre toutes les dispositions en cas de risque pouvant entraîner la mise en danger du public présent dans l’église.

Une fois les travaux de frettage réalisé, la jauge devra être limitée à 500 personnes afin d’en faciliter l’évacuation. Cette demande a été aussi formulée par le SDIS lors de la dernière commission de sécurité.

Fermeture au public pendant au moins 9 mois

En attendant que ces travaux aient lieu, par mesure de précaution, l’édifice va fermer au public. Le coût de l’opération "frettage de la pile 4 Sud" est estimé à 30 000 € HT tandis que l’instrumentation de l’église est évalué à 170 000 € HT plus le suivi annuel de l’ordre de 30 000 € HT (soit 60 000 € HT pour 2 ans).

« Compte tenu des délais d’étude, de consultation et de travaux on peut estimer que l’église va être fermée au public pendant au minimum 9 mois. Par ailleurs des travaux plus globaux devront être envisagés afin d’assainir les maçonneries. En effet, il y a d’importantes remontées capillaires et infiltrations. Les eaux de ruissellement devront être gérées, le drain Nord, côté parking, devra être repris », expliquent le Maire Michel Chapuis et son adjoint, Jean-François Exbrayat.

Des travaux importants de restauration

Une fois que la structure de l’église sera stabilisée, que les problèmes d’eau seront résolus, un important travail de restauration devra être envisagé (maçonnerie, enduit intérieur élévations et voûtes, chauffage, orgue).