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Invitée de la manifestation "Un mois pour les détenu.e.s" , Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, a livré un instantané bien désespérant de la situation dans les prisons, particulièrement les maisons d'arrêt.

C'est une invitée exceptionnelle qui a donné une assise à cette édition du "Mois pour...". Lundi après-midi, dans le cadre chaleureux de la librairie-resto L'Arbre vagabond au Chambon-sur-Lignon, une rencontre était proposée avec Dominique Simonnot. Face à une assistance étoffée (assez improbable un lundi après-midi, avouons-le), la contrôleure générale des lieux de privation de liberté a dressé un état de ces lieux bien noir.


Une figure majeure du journalisme judiciaire

Cette figure majeure du journalisme judiciaire qui a couvert des procès pendant 28 ans (on aimait en particulier ses comptes-rendus d'audience dans le Canard enchaîné), est devenue contrôleure générale des lieux de privation de liberté en octobre 2020.

Elle dirige cette autorité administrative indépendante française chargée de contrôler les conditions de prise en charge et de transfèrement des personnes privées de liberté afin de s'assurer du respect de leurs droits fondamentaux, qu'elles soient traitées avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine.


Des portes ouvertes à tout moment

Elle peut visiter à tout moment, de nuit, de jour, le week-end, sur l’ensemble du territoire français, tout lieu où des personnes sont privées de liberté. Une équipe d'une trentaine de personnes concourt à l'exercice de cette mission. Dominique Simonnot a été nommée pour une durée de six ans sans qu’elle puisse être ni révoquée au cours de son mandat, ni renouvelée.


Attentive aux conditions de travail des personnels

Dans le cadre de sa mission, elle s’attache en particulier aux conditions de détention, de rétention ou d’hospitalisation mais aussi aux conditions de travail des personnels et des différents intervenants en ce qu’elles impactent nécessairement le fonctionnement de l’établissement et la nature des relations avec les personnes privées de liberté.


Sur la méthode de travail de l'institution

"On se déplace toujours de façon inopinée dans une prison, l’accueil qui nous est réservé est toujours excellent. Les personnels des prisons savent qu’on peut les aider. On reçoit 3500 lettres chaque année de détenus, de médecins aussi. Cinq équipes partent chaque mois visiter les prisons. On s’appuie sur les signalements, tout en sachant aussi que le silence peut être aussi louche."


La surpopulation gangrène tout

"La vie en prison est immonde, gangrénée par la surpopulation. Les surveillants sont sur le même bateau, ils font face à une impuissance professionnelle. En France, un détenu coûte 110 € par jour. N'y aurait-il pas mieux à faire avec une telle somme ? Je pense qu’il faut que la vie à l'intérieur ressemble à l’extérieur pour que le détenu puisse en sortir meilleur. En Allemagne, 70 % des détenus travaillent, en France, on est à 30 %."

Pour une régulation carcérale

"Les comparutions immédiates fournissent 51 % des prisons. Il faut réformer la comparution immédiate pour obtenir une régulation carcérale. Gouverner, c’est avoir du courage. Plein d’élus connaissent l’état des prisons et ils tiennent toujours un discours d’enfermement. Je comptais beaucoup sur le Garde des Sceaux qui plaidait sur la dignité quand il était avocat. Mais en fait, non."


Une (petite) pointe d'optimiste

"Je préfère aujourd’hui la voie du droit. On s’adresse aux juges administratifs et judiciaires. Les juges administratifs sont beaucoup plus attentifs qu’avant. Suite à nos rapports, on voit des injonctions qui sont faites, ça avance. Je ne sais pas si on y arrivera mais je ne me tairais jamais. Je n’ai jamais rien fait de mieux de ma vie. Il ne faut pas croire au grand soir mais on avance..."


A propos de "Un mois pour les détenu.e.s" 

La manifestation "Un mois pour les détenu.e.s" , portée par l'association Affaire de goûts, a l'ambition de créer l'espace d'une réflexion collective en donnant un coup de projecteur sur ceux qui se retrouvent derrière les barreaux, les institutions qui les accompagnent, les recherches sur la délinquance... Ce mois chemine jusqu'au 3 décembre entre Haute-Loire, Ardèche, Loire, combinant rencontres, expos, conférences, projections, de façon à toucher un public élargi.

Tout le programme est à retrouver ici.

A Tence, on vous invite notamment à apprécier au TEC, une exposition "Tout près d'ici nos prisons".

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"Un mois pour les détenu.e.s" s'ouvre le 31 octobre au Meliès à Saint-Etienne pour s'achever le 3 décembre à l'Arbre vagabond au Chambon-sur-Lignon. Parmi les invités, citons Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, le journaliste Jean Lebrun, le sociologue Michaël Faure.

Jean-François Manier, directeur artistique, en trois questions, revient sur l'essentiel de cet événement qui multiplie les partenariats. Ce mois combine rencontres, contes, projections, expositions, théâtre, lectures, conférences... entre Ardèche, Loire et Haute-Loire.


Après la Palestine, l’Arménie et les Outre-mer, pourquoi s'intéresser aux détenu.e.s ?

"Le monde des détenus est très mal connu. Leur retrait forcé de la société nous prive de tout échange aisé et naturel. Le Mois pour les détenu.e.s vise ainsi à mettre en lumière cet univers carcéral et à créer un espace propice à une réflexion collective libre. Pourquoi la société prive-t-elle de leur liberté des personnes jugées coupables ? Les détenus ont droit, comme tous, hommes et femmes, partout dans le monde, à une existence décente et à des conditions de vie respectueuses. Pourquoi la société se montre-t-elle si peu exemplaire à cet égard ? Enfin, et surtout, dans quel état un détenu sort-il de prison aujourd'hui en France ? Certains, bien que trop rares, étudient derrière les barreaux, apprennent un métier, créent... mais la plupart des personnes incarcérées ressortent de prison plus marginalisées, plus fragiles, plus désespérées qu'à leur arrivée. Leurs familles sont souvent déchirées, leurs proches sont toujours meurtris. Et donc potentiellement des récidivistes plus dangereux ? Cherchons l'erreur."


A quoi les spectateurs peuvent-ils s'attendre ?

"La programmation que nous avons préparée se veut résolument diverse, avec pour objectif de mettre en avant une variété d'opinions et de perspectives. Lorsque vous participez à l'un de nos événements, vous pouvez vous attendre à découvrir un large éventail de manifestations, notamment des lectures, des projections de films, des spectacles et des rencontres enrichissantes. Les sujets que nous abordons sont aussi variés qu'essentiels, couvrant la réinsertion des détenus, l'état actuel des prisons, les questions liées aux discriminations et la défense des droits fondamentaux des détenu.e.s. Nos intervenants proviennent d'horizons divers au sein de l'univers carcéral, qu'il s'agisse de surveillants, de professionnels de l'administration pénitentiaire, d'anciens détenu.e.s ou de représentants d'associations dédiées à la réinsertion. En participant à nos événements, vous repartirez avec une perspective élargie sur les enjeux liés à la détention et une sensibilité accrue à la diversité des expériences et des opinions entourant ce sujet crucial."


Pouvez-vous nous parler d'une manifestation que vous attendez avec impatience ?

"Bien sûr, j'attends avec impatience chacune des manifestations du festival. Cependant, je tiens à souligner l'honneur que représente la participation de Dominique Simonnot, figure majeure du journalisme judiciaire et contrôleure générale des lieux de privation de liberté depuis 2020. Je suis particulièrement enthousiaste à l'idée de sa participation à l'Arbre vagabond, le lundi 20 novembre à 16 heures. De plus, je me réjouis de la présence de Jean Lebrun, une grande voix de Radio France, qui nous parlera de l'univers des colonies pénitentiaires avant l'éducation surveillée le 19 novembre à l'Arbre vagabond. Enfin, je suis heureux des nouveaux partenariats que nous avons établis cette année, notamment avec le cinéma La Grenette à Yssingeaux, qui projettera le 10 novembre un film en partenariat avec Amnesty International."


La soirée d'ouverture est organisée samedi 4 novembre au Calibert (lire ici).

Tout le programme est à retrouver ici.

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