mercredi, 18 mai 2022 15:01

Accès aux Ehpad : la Haute-Loire plutôt bien lotie

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Alors que les récentes informations sur les pratiques d’EHPAD privés ont scandalisé l’opinion, l’UFC‐Que Choisir de Haute‐Loire rend aujourd’hui publique la situation sur l’accès aux EHPAD dans le département de la Haute‐Loire.

Déplorant l’organisation de l’accès aux EHPAD, l’UFC‐Que Choisir de Haute‐Loire formule plusieurs demandes visant à permettre la systématisation d’une prise en charge humaine des séniors en EHPAD, à des tarifs abordables.

Une répartition très hétérogène des places d’EHPAD en France

Alors qu’en France il existe une offre de 102 places en EHPAD pour 1 000 personnes âgées de plus 75 ans, la situation est nettement plus favorable dans le département de la Haute‐Loire avec 141 places pour 1 000 personnes âgées de plus 75 ans (soit une offre de 3701 places au total). Au global, les places en EHPAD dans le département sont en mesure de répondre à 50 % de la demande potentielle de l’ensemble des personnes dépendantes, contre 47 % à l’échelle nationale.

Si les EHPAD n’ont pas vocation à accueillir toutes les personnes dépendantes du département, celles souffrant des pathologies les plus lourdes n’ont pourtant souvent pas d’autre choix que de se tourner vers ces établissements médicalisés spécialisés. Or, on constate que dans le département 78 % des personnes très dépendantes (GIR1 ou 2) bénéficient actuellement d’une place en établissements, chiffre à mettre en parallèle avec une moyenne nationale de 68 %.

Les EHPAD privés tirent les prix vers le haut

L’analyse des tarifs pratiqués par les EHPAD implantés en Haute‐Loire révèle que le coût moyen d’une place y est de 1 901 € par mois. A titre de comparaison, le prix moyen des places dans les départements limitrophes est de 2 127 € et se situe en France en moyenne à 2 214 € par mois. En confrontant le prix moyen des EHPAD dans le département au niveau de vie de ses habitants, on peut estimer qu’en moyenne les résidents doivent piocher 216 € par mois (contre 416 € à l’échelle nationale) dans leurs économies.

La moyenne départementale des prix des places en EHPAD masque d’importantes différences selon le statut de l’EHPAD. En effet, alors que les EHPAD publics départementaux affichent un prix moyen de 1 906 € et les EHPAD associatifs un prix moyen de 1 886 €, ce tarif s’envolent pour les EHPAD privés puisqu’il s’établit à 2 137 €. "Ce sont donc bien les EHPAD privés qui tirent la moyenne des prix vers le haut, étant entendu qu’ils disposent dans le département de 1 % du total des places, pourcentage très sensiblement inférieure à la moyenne nationale qui est de 23 %", indique l'UFC-Que Choisir.

Un développement de l’offre privée favorisé par les pouvoirs publics

L'association de défense des consommateurs ajoute : "Cette cherté des EHPAD privés, commune à toute la France, devrait trouver à s’expliquer par une meilleure qualité des prestations proposées à leurs résidents par rapport à celles dont bénéficieraient les résidents d’EHPAD public. Pourtant cela est loin d’être assuré si on se fie aux taux nationaux d’encadrement des résidents qui est de 55,6 % dans les structures privées, contre 68,1 % dans les structures publiques, ou encore à la qualité de la restauration ou encore des animations, essentielles pour le moral des résidents."

Dans la foulée du livre choc "Les Fossoyeurs", le récent rapport de l’Inspection générale des Finances et de l’Inspection générale des affaires sociales ne manque d’ailleurs pas de le souligner.

UFC-Que CHoisir encore : "La stratégie de maximisation du profit des établissements privés qui s’effectue sans toujours prendre en compte l’impératif de bien‐être des résidents semble se réaliser avec l’implicite et blanc‐seing des autorités publiques, qui outre des manquements dans les contrôles des établissements, favorisent le développement des EHPAD privés. En effet, les Conseils départementaux – qui avec les Autorités régionales de santé (ARS) ont la main sur le développement des EHPAD – trouvent un intérêt budgétaire à favoriser la création d’établissements privés plutôt que de créer des établissements publics, puisque les résidents des EHPAD publics sont davantage en mesure de bénéficier des aides sociales départementales, que ceux des EHPAD privés, notamment en ce qui concerne l’Aide sociale à l’hébergement (ASH)."

1 % d'Ehpad privés en Haute-Loire

Le département de la Haute‐Loire se démarque très nettement de cette politique en conservant à ce jour un pourcentage très limité de places allouées aux EHPAD privés. C’est même, avec 1%, le pourcentage le plus faible de tous les départements enquêtés.

Au vu des constats dressés, et dans un contexte où le vieillissement de la population va mécaniquement s’accompagner d’une hausse des situations de dépendance, l’UFC‐Que Choisir de Haute‐Loire demande :

- Que les EHPAD privés aient tous l’obligation de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l’Aide sociale à l’hébergement ;

- Un plafonnement des évolutions tarifaires des EHPAD privés ;

- La mise en place d’un taux d’encadrement minimal obligatoire pour tous les établissements et de porter ces taux à la connaissance des consommateurs ;

- Que les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de vie sociale des EHPAD, pour veiller au bien‐être des résidents.

Une carte interactive

Enfin, UFC-Que Choisir indique l’existence sur le site internet d’une carte interactive des EHPAD en France librement accessible, indiquant les prix pratiqués par l’ensemble des établissements, tout en rappelant que le prix ne peut pas constituer le seul critère de choix.

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