mercredi, 15 décembre 2021 08:26

La justice suspend l'autorisation de tuer 350 grands cormorans en Haute-Loire : la Fédération de pêche fait appel

Levée de Galet. Crédit S. Ruliere|Sur la Loire. Crédit S. Ruliere|Petit bras du barrage de Lavalette. Crédit S. Ruliere|| Levée de Galet. Crédit S. Ruliere|Sur la Loire. Crédit S. Ruliere|Petit bras du barrage de Lavalette. Crédit S. Ruliere|| ||||

Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, sollicité par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), a suspendu l’exécution de l’arrêté du 14 octobre 2021 du préfet de la Haute-Loire autorisant la destruction de 350 grands cormorans pour la campagne 2021-2022. La Fédération de pêche ne s'en laisse pas convaincre et annonce faire appel.

Le 14 octobre, le Préfet de la Haute-Loire autorisait par arrêté la destruction de 350 grands cormorans le long des principaux cours d’eau de son département.

Le préfet les justifiait par les risques que représenterait la prédation du grand cormoran pour le Saumon atlantique et d’autres espèces piscicoles.

Une première annulation en 2020

Pour mémoire, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand avait déjà annulé en 2020 sur demande de la LPO un précédent arrêté de régulation des grands cormorans pris par le Préfet de la Haute-Loire pour la campagne 2017-2018, estimant que ce dernier ne s’appuyait sur aucune étude récente démontrant un niveau de prédation préoccupant pour la conservation des saumons et des autres espèces de poissons dans ce département.

Mais à l'époque, l'arrêté avait été pris longtemps après, ce qui n'avait pas empêché l'abattage de ces oiseaux.

Aucune étude "sérieuse" menée

"Aucune étude sérieuse n’ayant été menée suite à ce jugement par l’Etat ou les pêcheurs afin de justifier l’utilité et la légalité des destructions, la LPO s’est vue contrainte de saisir à nouveau le juge administratif, cette fois-ci en urgence afin de faire suspendre les opérations avant les premiers tirs", fait savoir la LPO dans un communiqué.

Une surprotection selon la Fédération de pêche

La Fédération de pêche de Haute-Loire ne compte pas laisser ce dossier en l'état. "Il est évident que la Fédération de Pêche, les 30 A.A.P.P.M.A. et les 15 000 pêcheurs de Haute‐Loire ne sont pas de l'avis de la LPO. Cette ordonnance du tribunal administratif n’est pas acceptée par les pêcheurs de Haute‐Loire. Il n’est pas concevable de surprotéger une espèce telle que le grand cormoran dont l’évolution de la population depuis les années 70 se porte très bien et est en constante augmentation. Ils mettent en péril les populations de poissons autochtones des eaux de Haute‐Loire", estime la Fédération de pêche de la Haute-Loire.

"Le cormoran n'est pas devenu végétarien"

Elle ajoute : "Quoi qu’en disent ses défenseurs, le cormoran n’a pas changé de régime alimentaire et n’est pas devenu végétarien. Le cormoran se nourrit de ce qu’il trouve dans les cours d’eau et à notre grand désespoir nos rivières accueillent des populations piscicoles de 1ère catégorie composées de truite fario, d’ombre commun et de saumon. Nos populations souffrent maintenant depuis plusieurs années de cette prédation, qui intervient lors de la période de reproduction et donc à l’occasion de regroupement des truites farios et des saumons. Les ombres communs poissons grégaires voient également leurs populations décimées jusqu’au dernier dans le Haut Allier et maintenant sur la haute vallée de la Loire."

Une perte financière chiffrée en 2018

La Fédération a estimé la perte financière : "L’impact de ces oiseaux avait été estimé en 2018 et cela représentait à l’époque 36 369 kg par an, soit plus 36 tonnes de poissons par saison migratoire qui étaient consommés en Haute‐Loire. Financièrement cela représente une perte de l’ordre de 721 000 € (sans compter les investissements de repeuplement en saumons sur l’Allier qui représente à eux seul environ 500 000 € / an)."

Un appel en cassation

Dès lors, la Fédération compte contre-attaquer. Elle a décidé de contester cette décision de suspension de l’arrêté préfectoral de régulation sur les eaux Libres en cassation avec l’aide d’un avocat. Elle va solliciter le Préfet de Haute‐Loire pour la prise d’un nouvel arrêté préfectoral de régulation sur les eaux libres "dès que possible"

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