jeudi, 03 octobre 2019 13:22

Le Puy-en-Velay : une minute de silence après le suicide d'une enseignante

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Une mobilisation a eu lieu jeudi matin au lycée Charles-et-Adrien-Dupuy en hommage à Christine Renon, enseignante et directrice d'école maternelle à Pantin (Seine-Saint-Denis) qui s'est suicidée.

Vingt collègues du lycée public du Puy-en-Velay, Charles-et-Adrien-Dupuy, se sont rassemblés ce matin à 10 heures pour rendre hommage à Christine Renon engagée depuis 30 ans au service de l'école publique, qui a mis fin à ses jours.

La souffrance au travail pointée

Cette nouvelle a ébranlé toute la communauté éducative en France. "Dans un contexte de dégradation des conditions de travail, à l'école comme ailleurs, elle fait écho à la multiplication des situations d'épuisement professionnel que nous déplorons. Par cette action, qui s'inscrit dans un appel national, nous souhaitons rendre hommage à cette femme mais aussi dénoncer l'inaction de nos hiérarchies face à ce problème, et sensibiliser l'opinion à la question de la souffrance au travail", signalent ce groupe d'enseignants. Et de préciser dans un communiqué :


Une perte de sens de la profession

"Le 21 septembre dernier, une collègue, directrice d'école maternelle à Pantin (93), s'est suicidée sur son lieu de travail. Se déclarant épuisée, elle venait d'adresser un courrier à ses supérieurs hiérarchiques, dénonçant l'insupportable dégradation des conditions de travail et d'accueil des élèves dans un quartier réputé difficile. Dans ce courrier, elle déplore la surcharge de travail, le manque de moyens, mais aussi la perte de sens de sa profession et le sentiment de ne plus être entendue par sa hiérarchie."

Une dimension symbolique et collective

"Au-delà du geste singulier d'une personne, ce courrier-témoignage et cet acte prennent un sens symbolique et collectif : notre collègue a considéré la portée de son geste et a voulu l'élever jusqu'à nos consciences. M. Blanquer, ministre de l'Éducation Nationale, s'est contenté d'un tweet laconique dans lequel il ne mentionne pas le nom de cette enseignante : ce choix de communication traduit le mépris d'une hiérarchie qui tend à considérer les personnels comme les boulons anonymes d'un système."


En résonance avec le quotidien d'enseignants

"Pour cette fonctionnaire de l'État, pas d'hommage, pas de minute de silence, alors que la communauté éducative est ébranlée par cette nouvelle : attristés par ce drame humain, nous sommes aussi interpellés car ces constats entrent en résonance avec nos quotidiens d'enseignants. Qui d'entre nous ne s'est jamais senti épuisé par la surcharge de travail, les effectifs trop lourds dans les classes, le manque de reconnaissance ? Or, les réformes actuelles, au lieu de remédier à ces situations d'épuisement, ne font qu'aggraver la souffrance des personnels."

Replacer l'humain cœur du système

"Aujourd'hui nous nous rassemblons pour rendre hommage à notre collègue, une femme engagée depuis trente ans au service de l'école publique. Nous voulons dire aussi que le travail peut tuer si son organisation ne place pas l'humain au cœur du système. Au nom de Christine Renon, nous faisons donc une minute de silence."

Dernière modification le jeudi, 03 octobre 2019 13:38

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