jeudi, 29 juin 2017 23:54

Ateliers du Meygal : la communauté de communes consciente du risque

Vincent Rabérin a repris Lejaby en 2012 pour se lancer dans la maroquinerie de luxe.||| Vincent Rabérin a repris Lejaby en 2012 pour se lancer dans la maroquinerie de luxe.||| Photo La Commère 43|||

La question de l'accompagnement de la communauté de communes aux Ateliers du Meygal a fait grincer quelques dents chez les élus des Sucs, que ce soit sur le fond ou sur la forme.

Les élus de la communauté de communes des Sucs ont eu à se prononcer sur l'aide de la collectivité au projet de nouvelle usine, synonyme d'embauche (70 emplois minimum), des Ateliers du Meygal à Yssingeaux. Un bâtiment de 3 000 m2 doit être construit à Bellevue, près de la gendarmerie, d'ici l'été 2018.

C'est la première fois que ce dossier était au menu du conseil communautaire. Ce que n'ont pas apprécié deux élus, Claude François d'Yssingeaux et Dominique Rouchouze d'Araules, mécontents d'avoir appris ce projet et ce soutien de la com-com dans la presse, sans pouvoir en débattre au préalable.

Un contexte électoral au moment de l'annonce

L'information avait été gardée secrète par le bureau du président et des vice-présidents. L'annonce officielle a été dévoilée par Vincent Rabérin, le patron des Ateliers, le samedi 3 juin en présence de Bernard Gallot, maire d'Yssingeaux et président de la CCDS, Laurent Wauquiez, président de Région, et Isabelle Valentin, candidate aux Législatives. Ce contexte électoral a été rappelé jeudi soir lors des débats.

Tout en voulant éviter la polémique, Claude François et Dominique Rouchouer ont pris la parole pour s'étonner, s'offusquer ou regretter. "C'est incompréhensible qu'une boîte comme celle de Rabérin soit chasseuse de primes sur de l'argent public", s'agace Dominique Rouchouze, finalement le seul à s'abstenir au moment du vote.

Un projet de 2,2 millions d'euros

Pour Claude François, "le plus important, ce sont les emplois. On peut difficilement être contre ce projet. J'avais émis des doutes après les promesses de 2012 qui tardaient à arriver. Cette construction fait prendre beaucoup de risque à la CCDS (choix d'un atelier-relais, 2 millions pour construire le bâtiment, 200 000 euros pour acheter le terrain, un loyer de 8 000 euros par mois, NDLR). A nous de voir si ça vaut le coup. Le risque, c'est qu'un jour ou l'autre, la maroquinerie du luxe devienne plus difficile et qu'on se retrouve avec cette usine sur les bras. On aurait quand même pu être mis dans la confidence. C'est comme ça la démocratie."

Bernard Gallot assume

"L'économie locale, ce n'est pas nous qui pouvons la changer. On s'adapte à la situation. Si on s'érige contre, le train nous passe devant. C'est une belle opportunité d'emplois ici et maintenant. Ne faisons pas la fine bouche", argumente Pierre Astor, maire de Retournac.

Bernard Gallot a défendu ce choix de discrétion : "C'est le sens des affaires. C'est au chef d'entreprise d'annoncer son projet avec toutes les retombées politiques qui en découlent. Bien sûr qu'il y a des risques mais j'assume les risques, j'assume les emplois créés, j'assume l'économie que ça va générer sur le territoire."

Une bonne image pour Yssingeaux et les Sucs ?

Parmi les vice-présidents, on reconnaît un certain embarras au moment où on leur a présenté le projet. "Il a fallu mesurer les risques très vite. Le contexte politique était gênant avec ces élections législatives. On a serré le poing dans la poche", reconnaît André Defour, maire de Lapte. Pour Isabelle Servel, maire de Saint-Maurice-de-Lignon, "on n'a rien géré dans la communication. Mais il faut penser à l'image que ça va drainer du secteur".

"C'est un beau projet... d'entrepreneur"

"On peut quand même avoir un esprit critique", revient à la charge Dominique Rouchouze. "Ce sont des personnes qui ont les moyens d'investir eux-mêmes. C'est un beau projet... d'entrepreneur."

La comparaison avec l'Ecole de pâtisserie

Et Bernard Gallot de répondre : "Il y a cinq ans, 87 emplois de Lejaby étaient sauvés. Aujourd'hui, l'entreprise compte 180 salariés et compte encore embaucher avec cet agrandissement. Je crois que l'argent public a été bien utilisé. A l'époque, l'Ecole de pâtisserie avait coûté 3,2 millions d'euros à la collectivité. On est ici avec un projet très particulier qu'on ne pourra pas reproduire à l'infini. C'est un accompagnement exceptionnel lié à une circonstance exceptionnelle."

Dernière modification le mardi, 04 juillet 2017 00:41

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