Les pêcheurs et un collectif de riverains continuent de se battre contre un projet de micro-centrale hydro-électrique sur l'Auze, à la limite entre Yssingeaux et Saint-Jeures. Les travaux ont commencé avant d'être suspendus. Plusieurs plaintes ont été déposées.
Début février, les pelles mécaniques ont commencé à intervenir le long de la rivière Auze, qui descend d'Araules, longe Saint-Jeures et Yssingeaux avant d'aller poursuivre sa vie dans le Lignon. Au Pont du Fraysse, la société GEFA, dirigée par Joseph Guibert et plusieurs membres de sa famille, développe un projet de micro-centrale en s'appuyant sur le droit d'eau lié à un ancien moulin.
Les périodes de travaux dans le viseur des opposants
Mais ce projet, qui serait chiffré à 600 000 €, ne fait pas le bonheur des pêcheurs et de plusieurs riverains qui combattent cette construction. Plusieurs recours ont été déposés et le porteur de projet a obtenu gain de cause. D'où le début des travaux. Les opposants n'ont pas dit leur dernier mot et viennent de déposer plusieurs plaintes, en gendarmerie ou directement devant la procureure de la République. "Il a l’autorisation de commencer ses travaux, certes, mais qu’il le fasse correctement et qu'il respecte les périodes pour le faire, c'est-à-dire pas avant avril. Il croise un cours d'eau classé, qui vient de la Champ-des-Cayres, il est passé dessus avec une pelle mécanique. Il ne respecte pas le dossier qu'il a présenté pour l'étude d'impact", déplore Christian Peyron, à la fois trésorier de l'AAPPMA d'Yssingeaux et président du collectif pour la protection du bassin de l'Auze.
Ils défendent la biodiversité
Pour les pêcheurs et riverains, "un tel projet est dévastateur pour la biodiversité, aussi bien la rivière que la faune aquatique. Dans le cas de l'Auze qui est un des derniers cours d'eau de 1er catégorie préservée de Haute-Loire, une telle réalisation cause beaucoup plus de dommages et d'agressions qu'elle n'apporte de bienfaits dans le domaine des énergies renouvelables. Cette centrale va contribuer à la disparition de certaines espèces, micro-organismes, invertébrés, larves d'insectes qui constituent l'alimentation de la population piscicole et des oiseaux."
Un débit réservé de 80 litres par seconde
Avec cette micro-centrale hydro-électrique, le débit réservé de la rivière sera de 80 litres par seconde, "soit 3 seaux d’eaux, ce qui va assécher une grande partie du lit du cours d'eau provoquant là aussi la disparition de nombreuses frayères. En été, on tombe sur cette rivière à 50 litres seconde, on se demande comment il va faire pour faire tourner sa micro-centrale."
Depuis une semaine, les engins de chantier ont quitté les lieux après contact pris entre M. Guibert et les services de l'Etat. Une réunion sur le terrain devait se faire. Le propriétaire des terrains et porteur du projet, rencontré sur les lieux, n'a souhaité faire aucun commentaire, s'appuyant sur les décisions rendues par la justice.
Du côté de la préfecture, voilà ce qu'elle répond après une semaine d'attente et plusieurs relances : "Le projet de micro-centrale hydroélectrique sur l'Auze a fait l'objet d'une autorisation environnementale, délivrée par l'arrêté préfectoral du 17 juillet 2019 validant le dossier d'autorisation déposé et détaillant les modalités de travaux. Depuis cette autorisation puis l'engagement des travaux , les services de l'Etat assurent un suivi régulier et rigoureux des prescriptions de cet arrêté. Les services veillent, notamment, à ce que les travaux se déroulent conformément au cadre préalablement défini par l'arrêté préfectoral. Le respect des prescriptions particulières de l'arrêté dont il est fait part fait partie intégrante de ce suivi régulier réalisé par les services de l'État et sur lequel une vigilance particulière est assurée au vu des enjeux inhérents au site. Si des écarts étaient constatés, des actions correctives seraient immédiatement demandées au porteur de projet."