mardi, 14 mars 2017 18:06

Une conférence sur les enfants abandonnés, placés en nourrice à Yssingeaux aux XIXe et XXe siècles

Les nouveaux-nés abandonnés étaient déposés la nuit à l'hôpital d'Yssingeaux.||| Les nouveaux-nés abandonnés étaient déposés la nuit à l'hôpital d'Yssingeaux.||| Photo La Commère 43|||

C'est un sujet sensible particulièrement intéressant qui est traité jeudi 16 mars, avec l'Université pour tous d'Yssingeaux. La conférence "Enfants abandonnés aux XIXe et XXe siècles" est donnée par deux intervenantes de choix : Raymonde Prat et Martine Fauconnier-Chabalier.

La conférence aborde le thème des enfants trouvés et abandonnés de l'hospice d'Yssingeaux de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. L'histoire de ces nouveaux-nés « portés à Yssingeaux dans la nuit », dont beaucoup ne survivront pas, renvoie à une période pas si lointaine au fond où la misère, le poids de la religion, pesaient sur les destinées.

Parce qu'elle était peu connue, l'histoire des enfants trouvés, abandonnés à l'hospice d'Yssingeaux durant cette période méritait d'être partagée.

Les conférencières déflorent leur sujet : "Nous voulions découvrir et comprendre les raisons qui avaient justifié leur situation d'abandon ou de placement. Ce sont la détresse des mères et la dureté des temps pour nombre de foyers que nous avons perçues : indigence, maladie, emprisonnement, drames nés de l'illégitimité, de la fréquence des naissances, dans une société et une époque où le statut de la femme était encore celui d'une mineure et où la tradition notamment religieuse occupait une place importante."

Des situations misérables

"Devant leur impuissance à garder leur enfant, face à des situations qui leur paraissaient insurmontables, certaines mères ont préféré le confier à l'hospice, une institution qui seule pouvait les aider, du moins le ressentaient-elles ainsi. Les rapports des « découvreurs » décrivent souvent des situations misérables, les tenues des enfants viennent en témoigner...  Nous avons  trouvé dans les billets qui accompagnaient l'enfant des aveux de cette impuissance, perçu une certaine culpabilisation, des regrets, voire du fatalisme. Mais parfois pointaient l'espérance de la reprise et le désir profond de reconnaître alors ces enfants rejetés, d'où les fameux rubans laissés auprès d'eux."

"De l'exposition au foyer nourricier, puis à l'émancipation, nous entrevoyions le destin de nombre de ces enfants, dont beaucoup ne survécurent pas, mais dont l'Histoire a gardé des traces."

Les pupilles de l'Etat

En deuxième partie, l'histoire des pupilles de l’Etat et de leurs familles au 20e siècle sera abordée.

Pendant la première moitié du 20e siècle, plusieurs centaines de milliers d’enfants ont été pupilles de l’Etat en France, le plus souvent à la suite d’un abandon. Placés en nourrice à la campagne, ils entrent tôt dans la vie active comme beaucoup de jeunes de cette époque.

L’exposé retracera le parcours de ces enfants au destin singulier, qui sont aussi enfants de leurs temps, de leur naissance à leur majorité. Il apportera un éclairage sur leur famille d’origine. Il abordera enfin quelques unes des évolutions actuelles et la question pour ces personnes de la recherche de leurs origines.


Les intervenantes

Raymonde Prat

Professeur des Écoles, Raymonde Prat adapta sa pédagogie en enseignant aussi bien aux très jeunes élèves qu'aux jeunes étudiants du Lycée d'enseignement général et technique agricole de l'Ermitage au Puy-en-Velay. Retraitée depuis 1996 où elle quitte la direction de l'École publique d'Aiguilhe.

Animatrice et instructrice aux Francas pour les Centres de loisirs sans hébergement, elle sera associée à la création du Centre aéré maternel d'Ours et de celui de Chaspinhac ainsi qu'à la fondation du Centre permanent d'Initiation à l'environnement du Velay. Son engagement social se poursuivra au sein de la Mutuelle Assurances Élèves puis au Centre d'information aux droits des femmes et des familles de Haute-Loire.

Au Centre d'histoire sociale elle a écrit plusieurs articles :- Paroles de femmes-Itinéraires croisés : deux femmes, un métier, « infirmière ». Recueil de témoignages. N°3. - « Portés à Yssingeaux dans la nuit... ». Les enfants trouvés et abandonnés de l'hospice d'Yssingeaux de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. N° spécial. - Destins familiaux et rendez-vous de l'Histoire : amour, gloire et...  patries. N°7

Martine Fauconnier-Chabalier

De formation historienne et juriste, Martine Fauconnier-Chabalier est inspectrice de l’action sanitaire et sociale à la retraite. Elle a été pendant douze ans inspectrice à l’aide sociale à l’enfance. Elle a également été chargée de mission au Conseil National pour l’accès aux origines personnelles. Elle a écrit un livre « les destins croisés des pupilles et de leurs familles (1914 – 1939) ». Elle travaille actuellement sur les femmes qui abandonnent leur enfant du début du 20ème à nos jours, dans le cadre d’un doctorat d’histoire.

Articles publiés par Martine Fauconnier-Chabalier sur les pupilles : « Pupilles au début du XXe siècle : une recherche singulière. » La revue française de généalogie, N°187 avril-mai 2010. « Une pratique singulière : l’attribution de pseudonymes à des centaines d’enfants au milieu du XXe siècle ». Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 30 octobre 2014. « Les destins croisés des pupilles et de leurs familles (194-1939) », Presses de l’EHESP, 2009.

Pratique

Jeudi 16 mars à 18 h 15  au cinéma d’Yssingeaux

Durée maximum 1 h 30 avec les échanges

4 euros, gratuit pour les scolaires et les étudiants

Tout public

Dernière modification le mercredi, 15 mars 2017 10:31

Partager sur :