Depuis plusieurs semaines, les démissions et les arrêts maladie pleuvent à l’Ehpad de Retournac. Des agents n’hésitent pas à montrer le malaise qui s’installe au sein de l’établissement qui accueille 84 résidents et compte 60 salariés.
Elles étaient salariées depuis plus de dix ans pour certaines. Elles ont préféré présenter leur lettre de démission et aller travailler à l’usine ou ailleurs que de continuer à l’Ehpad des Bords de Loire à Retournac.
Depuis mars et l’arrivée d’une nouvelle directrice, ils ont dénombré douze démissions sur 60 agents que compte l'établissement. Une dizaine d’agents sont aussi à l’heure actuelle en arrêt maladie. La psychologue a aussi choisi de se retirer. Le médecin coordonnateur a aussi dit stop.
Les institutions alertées
"Les soins, c'est la catastrophe. On peut être seule pour 23 résidents. On n'a plus le temps de faire notre travail correctement", témoigne une aide-soignante.
L'inspection du travail a été alertée, tout comme l'Agence Régionale de Santé et le syndicat CGT. "Des filles ne parlent pas car elles ont peur de se faire licencier mais la situation est partagée par une grande majorité", estime une démissionnaire.
Une nouvelle organisation de travail
Depuis le début du mois de mai, une nouvelle organisation du travail a été instituée avec le passage de journées à 12 heures dont 10 heures travaillées, contre 7 heures auparavant. Une organisation imposée qui a du mal à passer. "On ne nous a pas laissé le choix. Nous, on trinque, les résidents aussi."
Des salariées racontent que le manque de temps et de bras impacte la qualité du service. "Tout est compté, jusqu'à la biscotte ou le papier toilette. On se croirait à l'usine, on a perdu l'humain."
Combien y a-t-il eu de démissions ?
Selon la directrice, recrutée en février, qui a accepté de s'exprimer, "aucune consigne n'a été donnée". "On a réalisé 19 embauches depuis février, en CDI ou CDD. Nous avons eu 5 démissions dont le médecin (les agents évoquent 12 démissions, sans compter le médecin, NDLR). On veut dynamiser la formation du personnel, on a entamé des tables rondes depuis trois semaines pour la nouvelle organisation. Le ratio du personnel par rapport au nombre de résidents est meilleur ici qu'ailleurs : 3 soignants et 2 ASH pour 25 résidents quand il est ailleurs de 2 pour 20."
"Une réforme indispensable"
François Beal est président de l'association qui assure la gouvernance de l'Ehpad. "Une réforme était indispensable pour avoir un avenir économique, notamment dans le cadre de la construction d'un nouvel Ehpad derrière la crèche. Le changement n'est jamais évident et j'aurais préféré que cela se passe mieux. Mais l'organisation demandait d'avoir recours aux intérimaires et cela mettait les finances dans le rouge. A chaque démission, j'ai demandé un recrutement pour que cela ne pénalise pas les résidents. Le nombre de démissions inquiète forcément et nous allons rencontrer le personnel."