Dimanche en milieu de matinée, un rassemblement devant la mairie d'Yssingeaux marquait l'inauguration de la salle Dorcas, au rez-de-chaussée de l'Hôtel de ville, du nom d'une résistante, au destin tragique.
Cet hommage à Jeanne Russier, née au Mazet-Saint-Voy en 1904, veuve de Gustave Robert de Saint-Jeures, femme de l'ombre, courageuse et patriote, ajoutait une note d'émotion à la traditionnelle commémoration du 8 Mai-45.
La volonté de Pierre Liogier
Différentes lectures donnaient corps à cette figure de la résistance yssingelaise, déportée à Ravensbrück, qui en reviendra brisée. Définitivement.
Cette dénomination est intervenue au début du mandat de Pierre Liogier, le maire, particulièrement sensible à cette destinée de femme, héroïque, tragique, pour laquelle le devoir de mémoire s'imposait comme une évidence.
Un précieux point de rencontre
Par le biais de son commerce ouvert en 1939 au 14 rue Maréchal-Fayolle à Yssingeaux, Jeanne Robert, surnommée Dorcas, a servi les réseaux de la résistance dès le printemps 42. Son café épicerie (aujourd'hui occupé par une onglerie), sera un précieux point de rencontre où elle apportera soutien et réconfort à tous les opposants à l'occupant et au régime de Vichy.
Une femme engagée
Femme engagée et militante elle assura notamment la diffusion de la presse clandestine et la liaison de la correspondance entre les réseaux. Arrêtée pendant la rafle du 31 octobre 1943, survenue au matin dans son commerce, elle sera déportée à Ravensbrück sous le matricule 27920. Libérée en 1945, elle décédera cinq ans plus tard des suites de sa déportation.
La joie et la douleur
Voici ce que sa fille, Berthe Croslebailly, écrivait dans son livre publié en 1990 :" C'était en 1943. J'avais 9 ans. Ma mère, Dorcas, veuve Robert, fut arrêtée par la feldgendarmerie allemande. Son emprisonnement allait la conduire jusqu'à Ravensbrück. Cet événement que je vécus, je le vivrai jusqu'à ma mort. Mes deux frères et moi, eûmes la joie de voir notre mère revenir des camps, et la douleur de la voir mourir diminuée, paralysée et aveugle, délaissée par ceux-là mêmes qui auraient dû l'entourer jusqu'à sa fin. Elle, la Dorcas ! La mère Jeanne à tous dévouée ! A son décès, je n'avais que quinze ans et demi. On était déjà dans l'après-guerre... "
Une exposition
Dans la salle qui porte son nom, une exposition "La Montagne refuge, accueil, sauvetage et résistances - 1939/1945", est visible. Elle a été prêtée par le Lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon.