vendredi, 27 août 2021 08:37

Yssingeaux : l'histoire des béates décryptée à "La Chazelie"

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Samedi, la troisième conférence estivale proposée par les Amis du site de Saussac a réuni une vingtaine de personnes à "La Chazelie" à Yssingeaux.

Les recherches sur les maisons d’assemblée de Haute-Loire menées depuis plus de vingt ans par soeur Anne Elisabeth, diaconesse de Reuilly, ont pour but d’établir l’inventaire de ce petit patrimoine bâti typique de notre département, mais qui demeure ignoré de l’Inventaire général du patrimoine culturel de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Cette lacune surprenante vient peut-être de ce que ces maisons d’assemblée ont été construites majoritairement sur les biens de section à partir du milieu de XIXe siècle, et qu’elles furent longtemps la propriété commune des habitants des villages, échappant de ce fait aux enregistrements fiscaux.

Certaines de ces maisons d’assemblée conservent du reste aujourd’hui encore ce statut de bien commun à l’initiative de plusieurs associations locales dédiées à leur préservation.

Le rôle des béates dans l'émancipation féminine

La conférencière avait choisi de souligner le rôle pionnier des béates dans l’émancipation féminine. En apportant leurs connaissances en calcul aux dentellières du bassin ponot - on en comptait 80 000 en 1780 - elles leur permettaient de mieux négocier leur travail auprès des colporteurs.

Puis ces béates ont contribué à installer un début d’instruction publique dans les plus petits villages, coupés du reste du monde en hiver pendant le Petit âge glaciaire décrit par Emmanuel Leroy Ladurie. La transformation des maisons d’assemblée en écoles libres ou publiques ou en salles d’asile, qui s’est opérée au moment de l’application des lois scolaires de Jules Ferry (1881-1882), fut un processus relativement paisible dans le canton d’Yssingeaux, et dans un tiers des cas bien accueilli par les populations et par les béates elles-mêmes, malgré quelques révoltes ponctuelles restées dans les mémoires et qui leur valurent alors parfois le qualificatif de « délinquantes ».

Un Tome II en cours de publication

On comprend alors que les béates de Haute-Loire représentèrent un peu une aubaine pour le développement de l’instruction publique à une époque où le personnel éducatif féminin était encore en nombre insuffisant. Les fiches d’inspection reproduites dans l’inventaire des maisons d’assemblée de soeur Anne Elisabeth, qui publie actuellement son Tome II et prépare le Tome III pour couvrir l’ensemble du département, offrent de précieuses informations aux historiens de l’éducation.

Cet inventaire, dont le Tome I est généralement consultable dans les bibliothèques locales, est publié par les Éditions CRÉER de Brioude qui proposent en ce moment une souscription pour la publication du Tome II sur leur site Internet.

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