mercredi, 25 novembre 2020 13:19

Yssingeaux : une salle de la mairie renommée en hommage à la résistante Dorcas Robert

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La nouvelle salle de la mairie, qui remplace l'ancien accueil, porte le nom de salle Dorcas, du nom de Dorcas Robert, une Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale.

Née au Mazet-Saint-Voy en 1904, elle s'engage en 1942 dans la Résistance. Sa maison devient alors un lieu de passage pour tous les opposants à l'occupant et au régime de Vichy. Arrêtée en octobre 1943, elle est internée à Saint-Etienne puis à Lyon avant d'être déportée en Allemagne en mars 1944. Elle en reviendra à la Libération.

Décrite comme une femme courageuse et patriote, elle fait partie de ces « femmes de l'ombre ». C'est par le biais de son commerce ouvert en 1939 au 14 rue Maréchal-Fayolle (aujourd'hui occupé par une onglerie et manucure) à Yssingeaux, qu'elle a servi les réseaux de la Résistance dès le printemps 42.

Son café épicerie sera le point de rencontre de la Résistance où elle apportera soutien et réconfort aux résistants. Femme engagée et militante elle assura notamment la diffusion de la presse clandestine et la liaison de la correspondance entre les réseaux.
Elle sera arrêtée pendant la rafle du 31 octobre 1943, survenue au matin dans son commerce, et sera déportée à Ravensbrück sous le matricule 27920.

Libérée en 1945, elle décédera 5 ans plus tard des suites de sa déportation.

Un livre de sa fillle

En 1990, Berthe Croslebailly, fille de Dorcas Robert, publiait un livre "Héroïne de la résistance dans l'Yssingelais déportée à Ravensbrück sous le matricule 27920". En voici la présentation :  

" C'était en 1943. J'avais neuf ans. Ma mère, Dorcas, veuve Robert, fut arrêtée par la feldgendarmerie allemande. Son emprisonnement allait la conduire jusqu'à Ravensbrück. Cet événement que je vécus, je le vivrai jusqu'à ma mort. Mes deux frères et moi, eûmes la joie de voir notre mère revenir des camps, et la douleur de la voir mourir diminuée, paralysée et aveugle, délaissée par ceux-là mêmes qui auraient dû l'entourer jusqu'à sa fin. Elle, la Dorcas ! La mère Jeanne à tous dévouée ! A son décès, je n'avais que quinze ans et demi. On était déjà dans l'après-guerre... 

L'histoire que j'entreprenais en 1993, sur Dorcas et la Résistance dans l'Yssingelais se présentait comme un travail difficile. Les documents et les témoignages manuscrits nombreux ne sont pas toujours en correspondance avec ceux déposés aux archives : Dorcas n'y est pas mentionnée comme déportée. Rosette Bérard fait partie du "convoi des mille". Les numéros de ce convoi commencent par le 27 000 et ont été attribués fin janvier, début février 1944. Rosette Bérard a reçu le numéro 27365. A Dorcas, on attribua le numéro 27920. 

J'ai donc entrepris un travail de longue haleine : aux archives nationales, auprès des résistants de l'époque, aux archives départementales où je n'ai pas eu accès à l'histoire de la Résistance, mais où j'ai pu retrouver des articles de journaux. 

Mon livre compte une partie seulement des résultats de mes recherches, pour ne pas répéter plusieurs fois le contenu des témoignages. 

J'espère, répondre à ceux qui ont vécu cette période, et apporter une réponse plus claire aux récits et à ceux qui s'intéressent à l'histoire. J'ai entrepris de réhabiliter Dorcas dans son rôle tel qu'il fut écrit par les personnes de la Résistance et les journaux de l'époque, et avec le regard de ceux qui ont vu et observé son travail."

Berthe Croslebailly (sa fille)

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