Il y a une semaine, comme dans bien des entreprises après la trêve estivale, le travail a repris à Yssingeaux dans l'ex imprimerie Phil’Print, devenue l'Imprimerie coopérative des sucs (ICS).
Sauf que cette reprise n'est pas aussi banale qu'il y paraît de prime abord. L'entreprise revient de loin. Elle a failli purement et simplement mettre la clé sous la porte. Aujourd'hui, un vent nouveau souffle grâce à une aventure collective singulière.
En liquidation à la suite d'un investissement mal calibré (une machine 8 couleurs à 2 millions d'euros), l’entreprise a été sauvée par seize salariés qui l’ont reprise sous la forme de Société coopérative et participative (SCOP). Et, fait a priori étonnant, ils ont embauché Rémy Philippe, leur ancien patron. "On ne lui en veut pas. S'il ne l'avait pas fait et que l'imprimerie disparaisse, on lui aurait peut-être reproché de ne pas l'avoir fait. L'investissement à l'époque paraissait judicieux mais le marché s'est écroulé par la suite."
Seize associés dans l'aventure
Seize des vingt-huit salariés de Phil'Print sont parties prenantes d'ICS. Onze n'ont pas, pour des raisons diverses, souhaité participer à cette aventure entrepreunariale peu commune.
Les seize associés (dont l'ancienneté oscille entre 2 et 30 ans) ont investi l'intégralité de leurs indemnités de licenciement et leurs primes Arce (aide à la reprise ou à la création d'entreprise) versée par Pôle emploi. Soit un total de 300 000 euros. Auxquels s'ajoutent plusieurs prêts d'organismes bancaires et coopératifs pour 180 000 euros.
L'ex-patron devient responsable commercial
Pour la mise sur orbite de la Scop, les salariés ont été guidés par l’Union régionale des SCOP (Urscop) d’Auvergne. Les nouveaux dirigeants Jean-Marc Marzona, responsable production, et Franck Deplancke, responsable fabrication, sont élus pour quatre ans. Le recrutement de leur ex-patron allait de soi. "C'était logique qu'il devienne responsable commercial, il connait bien l'activité."
Des clients fidèles dans l'adversité
Jean-Marc Marzona développe : "On repart sur de bonnes bases. Un audit extérieur nous a conforté dans notre projet."
Autre atout : la fidélité des clients. "Ils ne nous ont pas lâché. On a pris soin de toujours les tenir au courant." Une clientèle qui se recrute pour 10% chez les particuliers, 30% les entreprises, 60% les agences de communication.
Un carnet de commandes plein à 3 semaines
Résultat des courses, ICS a un carnet de commandes plein sur trois semaines et recrute quatre personnes : un conducteur offset, un conducteur plieuse, un conducteur typo, un conducteur presse numérique. Ces postes étaient occupés par des salariés de l'ancienne équipe n'ayant pas souhaité intégrer la SCOP. Et ils manquent pour répondre aux commandes.
Davantage d'entraide
Autre point positif : "La hiérarchie dans le travail reste mais il y a davantage d'entraide entre nous. Aujourd'hui, on est 17 à être confiants. Et sur un plan financier, on sait que les résultats seront redistribués. C'est motivant."