Les élus communautaires ont décidé de faire une exception en participant au financement de matériel pour accueillir un médecin à Lapte et sauver la dernière offre médicale sur la commune.
Lundi soir, lors du dernier conseil communautaire avant les vacances, au bord de la piscine de Retournac, les élus de la communauté de communes des sucs ont accordé un soutien financier à la commune de Lapte qui a engagé une action pour attirer un médecin après le départ à la retraite du dernier praticien, le Dr Jean-Pierre Paya, en septembre 2015.
La plupart des pistes mène à des professionnels roumains. Si les premiers contacts sont restés infructueux malgré la générosité des élus laptois pour intéresser un médecin au pays des sucs, une piste semble avancer sérieusement et l'installation pourrait se faire à l'automne. Des démarches ont été entamées avec le conseil national de l'Ordre des médecins.
Un bassin de 3 000 habitants
La mairie de Lapte louerait un local neuf et doit intervenir dans l'achat de matériel médical, estimé entre 7000 et 10 000 euros. La commune a sollicité le soutien de la communauté de communes pour l'aider à financer ce matériel à hauteur de 50 % via un fonds de concours.
Parmi les élus communautaires, l'idée même de tout offrir interroge. Comme Nathalie Sivelle, par ailleurs médecin à Retournac. "Si tu paies tout, c'est comme un enfant trop gâté." Bernard Gallot, maire d'Yssingeaux, président de la CCDS et lui-même médecin généraliste, évoque "une situation très particulière. C'est un peu comme le dernier commerce d'un village qu'il faut sauver. On parle de Lapte mais cela comprend aussi Grazac. C'est un territoire de 3000 habitants."
"On n'a peut-être pas le choix"
Pour Dominique Rouchouze, élu d'Araules, le lien doit être fait avec la future maison de santé. "Lapte-Yssingeaux, c'est 12 km. Avec la maison de santé, on pourrait imaginer une convention pour réaliser des permanences dans d'autres communes. Payer pour faire venir un médecin en libéral, ce sont des politiques qui me perturbent."
"On n'a peut-être pas le choix. On a eu 6 ou 7 candidats. Ils sont venus. Certains paraissaient très intéressés. Mais on a dû faire face à une surenchère financière", indique Jean-Paul Degache, élu à Lapte. A ses côtés, Huguette Liogier confirme : "On a essayé de rester raisonnable. On a peut-être rien perdu si c'est pour avoir quelqu'un qui est plus intéressé par le mercantile que le médical", indique l'adjointe au maire de Lapte en faisant référence à une candidate qui avait présenté un tableau comparatif entre plusieurs communes, avant finalement de ne plus donner signe de vie.
Un salaire assuré pendant deux ans
Bernard Gallot évoque l'exemple de Beauzac : "C'est l'immensité de la tâche qui a fait partir le médecin, ce n'est pas le côté mercantile. Lapte-Grazac, avec 3000 habitants, aurait besoin de 2 médecins et demi. "A Saint-Maurice-de-Lignon, on cherche aussi des médecins. On en a rencontré, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils ne veulent plus travailler comme ce qui se faisait avant",
A Lapte, l'installation d'un médecin, une femme roumaine, pourrait se faire à l'automne. Quel que soit le candidat retenu, le professionnel de santé devrait pouvoir bénéficier de l'aide de l'ARS (Agence régionale de santé) avec un salaire assuré de 6900 euros brut par mois pendant deux ans à la condition de réaliser au minimum 165 consultations par mois.
L'optimisme demeure aussi pour l'installation d'un cabinet de dentiste à Lapte. La commune est en contact avec un cabinet de la Loire.