Vendredi 14 octobre se tenait la première journée de la forêt de Saint-Julien-Molhesabate. Couverte à plus de 70% par la forêt, la commune se préoccupe de son massif forestier détenu essentiellement par des propriétaires privés.
Animée par la mairie, le Centre Régional de la Propriété Forestière et Fransylva 43 (association des propriétaires privés), elle avait pour thématique : « la forêt et le climat ». De 10h à 17h des conférences se sont succédées : sur l’évolution du climat, le rôle bioclimatique de la forêt, comment l’adapter et comment se prémunir des risques. La journée s’est conclue sous forme d’une table ronde où ont pu échanger élus et responsables des différents organismes de la filière bois-forêt.
Y aura-t-il encore une forêt en 2050 ?
Après l’été 2022, la question est dans toutes les têtes. Les experts sont formels, les étés que nous connaissons depuis plusieurs années malmènent les sapins. Surtout les plus anciens peu habitués à ces nouvelles conditions climatiques. Evidemment cela dépend énormément de la station sur laquelle les arbres se trouvent : son exposition, son sol, son altitude et les essences qui y sont implantées.
Même si le massif du Felletin, reste assez bien arrosé (plus de 1000 mm par an en moyenne ces 26 dernière années), les printemps et étés secs, périodes où les arbres consomment le plus d’eau, expliquent l’apparition de dépérissement. En effet plus il fait chaud et plus l’arbre transpire, plus il transpire et plus il consomme de l’eau. Si cette eau n’est pas tombée sous forme de pluie ou si les réserves du sol ne sont pas suffisantes, les canaux de sève se désamorcent de façon irrémédiable et les arbres dépérissent.
Un massif forestier dont dépend notre avenir
La forêt, à l’échelle d’un massif, a un rôle bioclimatique : elle retient l’humidité, rend disponible dans l’atmosphère l’eau sous-terraine, apporte une certaine fraîcheur. Autant de bienfaits appréciables dans un contexte de changement climatique. Sans parler évidemment de son rôle économique, touristique, de production d’énergie renouvelable et de captage du carbone. A tel point que le Plan Climat Air Energie de la communauté de commune du Pays de Montfaucon, qui se projette à l’horizon 2050, envisage d’être excédentaire en énergie grâce au bois.
Adapter sa forêt est possible
Philipe Couvin, ingénieur du CRPF, a exposé la meilleure façon d’aborder le problème. Tout d’abord, faire un diagnostic complet de la parcelle pour estimer son degré d’exposition aux conséquences du changement climatique : on carotte des arbres pour observer les stries de croissance, on creuse le sol pour déterminer sa profondeur, sa structure, on note l’exposition, l’altitude, les essences présentes. On détecte les éventuels premiers signes de dépérissement.
Planter des essences plus adaptées au changement climatique
Suivant la station, il sera possible d’installer progressivement de nouvelles essences, dans des placettes, sortes de trouées d’environ 1.000 m² en prenant soin d’apporter suffisamment de lumière aux plantations. Ces placettes bénéficieront de l’effet protecteur des arbres historiques de la parcelle, notamment en ce qui concerne l’humidité.
La pratique des coupes rases décriée
A ne réserver que dans des cas extrêmes, les coupes rases mettent à nu le terrain, en pleine lumière et en plein vent : les conditions idéales pour assécher le sol ce qui est la dernière chose recherchée. De plus cette pratique suscite énormément de réactions. Isabelle Valentin, députée de la première circonscription de Haute-Loire a d’ailleurs indiqué vouloir intervenir auprès du préfet pour que soit abaissé le seuil de 4 à 2 hectares, à partir duquel une autorisation est obligatoire.
Des propriétaires accompagnés
Bernard Souvignet, président de la Comcom du Pays de Montfaucon, a expliqué le soutien qu’il entend maintenir auprès des propriétaires forestiers en cofinançant avec 2 autres Comcom voisines un poste supplémentaire d’un technicien du CRPF. Ce technicien fait des visites à la demande des parcelles et établi un rapport de ses conseils, le tout gratuitement.
Par ailleurs, pour les propriétaires de petites parcelles, qui se sentiraient démunis et embarrassés sur la conduite à tenir notamment pour organiser des coupes, il existe diverses possibilités pour réaliser des coupes à plusieurs. Cela permet notamment d’obtenir une meilleure valorisation de ses bois tout en pratiquant une sylviculture raisonnée.
Ces propriétaires ont tout intérêt également, comme la rappelé Philipe Beignier, président de l’association des propriétaires forestiers privés de Haute-Loire, à adhérer à son syndicat pour se tenir informés, assurer la responsabilité civile de leurs bois, profiter des différentes possibilités de défiscalisation et de subventions liées à la forêt.
Une expérience à renouveler
Les participants ont passé une journée très instructive : les présentations étaient très bien étayées, avec des témoignages, des illustrations et des explications scientifiques rendues facilement compréhensibles. Ils se sont donnés rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle édition de la Journée de la Forêt de Saint-Julien-Molhesabate.