L'Université pour tous de Monistrol-sur-Loire s'intéressait jeudi 22 février aux femmes au XIXe siècle, grâce à une intervention de Raymond Vacheron.
Etre une jeune fille, c'était souvent travailler à la ferme sans être payée, dans un contexte où un tiers des exploitations en Haute-Loire en 1850 ont moins de 1 ha de terrain.
Entrer à l'usine comme au couvent
A partir de 16 ans, on entre à l’usine, comme on entre dans un couvent. Travailler 72 heures par semaine, vivre dans l’usine, apprendre des rudiments de lecture le dimanche. Faire de la dentelle, mais être payée six fois moins que les ouvrières de l’industrie. Parfois se prostituer en désespoir de cause...
Les grandes usines des fabricants stéphanois de textiles et de rubans, comme Colcombet à La Seauve-sur-Semène, réunissaient plusieurs centaines d’ouvrières encadrées par une congrégation religieuse. La vie entière était organisée sur place. Un premier contrat de 18 mois liait la jeune fille à l’usine et à l’institution. Le règlement intérieur organisait les moindres détails de la vie, consacrée au travail.
Plus tard, la jeune fille pouvait quitter l’usine pour se marier ou pour entrer dans les ordres religieux.
Une situation de quasi servage
Cette situation de quasi servage étonne aujourd’hui, mais pouvait aussi permettre à la jeune fille de quitter la ferme en ayant un salaire (même maigre). Une dizaine d’établissements ont ainsi fonctionné depuis le milieu de XIXe siècle en Haute-Loire. Cette organisation a perduré jusque dans les années 1950.
Raymond Vacheron, du Centre d’Histoire Sociale de Haute-Loire, a évoqué ces entreprises de main d’œuvre devant une nombreuse assistance, réunie par l’Université pour tous. Certaines personnes ont évoqué des souvenirs de famille sur les usines couvents, pas nécessairement négatifs.
C’était l’occasion d’un bref débat sur Histoire et mémoire.
Prochaine conférence
Jeudi 14 mars à 18 h 30 au Château des évêques avec le Laptois Franck Gire, professeur à l’ENISE, sur "Les ressources naturelles et leur épuisement".