Un public nombreux (90 personnes) réuni au Château de Monistrol avec l’Université Pour Tous a pu entendre jeudi l’ancien prieur de la communauté de la Chaise-Dieu, et également ancien curé du village, détailler les origines, le fondateur Robert de Turlande et les personnages célèbres qui ont jalonné l’histoire de l’abbaye casadéenne.
Jean-Théophane Oysellet était particulièrement bien placé pour être resté 12 ans à La Chaise-Dieu, avant de venir exercer son ministère à Monistrol sur Loire.
Robert de Turlande, né en 1000 ou 1001 dans une famille du Cantal, est d’abord confié aux chanoines de Brioude, où il découvre le modèle de Saint-Julien. En recherche d’une plus grande radicalité, il projette de se retirer au désert, de trouver « un endroit de solitude ».
Avec deux compères Etienne et Dalmas, il décide de vivre sur le plateau « casadéen » à près de onze cent mètres d’altitude et de fonder un ermitage puis un monastère en 1050 selon la règle de Saint-Benoit. Il meurt à 66 ans et sa tombe se trouve dans l’abbaye. Le monastère prospère rapidement, puisqu’il va fonder 50 prieurés en quinze ans. A son apogée, l’abbaye aura 70 établissements subordonnés dont 9 abbayes, des prieurés (25 à 30 moines) et des « menses » (2 à 3 moines). L’abbaye a même le droit de frapper monnaie.
Les pélerins viennent en foule. De nombreux miracles se produisent au point que la communauté prie pour qu’il y en ait moins, tellement ça crée du désordre !
L’abbaye sert aussi à la formation des jeunes : ainsi Pierre Roger, futur pape Clément VI (de 1349 à 1352) est confié à l’abbaye avant d’aller faire ses études à Paris. Elu pape en Avignon, Il fait reconstruire l’église abbatiale, installe des ateliers de verriers, et prépare son tombeau toujours présent au cœur de l’abbaye. C’est aussi l’époque d’une grande épidémie de peste, auquel Clément VI échappe … Il défend les juifs mis en cause dans l’origine de l’épidémie.
Son neveu Grégoire XI fait construire la tour « Clémentine »
Six papes ou futurs papes viendront à La Chaise-Dieu notamment Urbain II (qui consacra l’église abbatiale en 1095), Innocent VI, Grégoire XI et plus près de nous le futur Jean XXIII.
Au XVe siècle un auteur inconnu peint la danse macabre, peinture délicate de l’avancée de chacun vers son destin. Le cloître est construit.
Jacques de Senecterre, dernier abbé élu par les moines, commanda les fameuses tapisseries que l’on peut aujourd’hui admirer après restauration.
Hyacinthe Seroni installe l’orgue au XVIIe siècle.
Prise en charge par l’ordre de Saint-Maur, l’abbaye bénéficie de constructions importantes. C’est le cœur de la vie sur le plateau.
Enfin Jean-Théophane Oysellet s’est attaché à faire percevoir la cheminement spirituel dans l’abbaye, avec la montée des 40 marches du perron, l’entrée dans l’église, la traversée du jubé, et l’accès au tombeau de Clément VI, au cœur des 144 stalles.
Prochaines conférences de l’Université pour tous
Jeudi 22 février, Raymond Vacheron, historien et syndicaliste, évoquera « Les Usines-couvents et les femmes au travail en Haute-Loire, au XIXe siècle » (dans le cadre du cycle un regard sur l’histoire sociale en Haute-Loire )
Jeudi 14 mars, Franck Gire, professeur à l’ENISE, évoquera « Les Ressources naturelles et leur épuisement »