La dentelle et les dentellières ont réuni 60 personnes jeudi autour de Raymond Vacheron pour une conférence sur cette activité qui a été si importante en Haute-Loire .
C’était la deuxième conférence du cycle « Un regard sur l’histoire sociale en Haute-Loire », de l’Université Pour Tous de Monistrol-sur-Loire. Raymond Vacheron, membre du Centre d’Histoire Sociale de Haute-Loire, était convié à éclairer l'histoire de la dentelle et surtout celle des femmes qui la façonnait.
La dentelle s’arrête où commence la vigne
"La Haute-Loire vivait d’une agriculture d’autosuffisance, pauvre : « la dentelle s’arrête où commence la vigne »."
Si la légende dit que la dentelle est née avec le pélérinage à la Vierge du Puy (début 15e siècle), elle semble en réalité s’être développée après 1550 à la suite des guerres d’Italie de François Ier. On en trouve des traces écrites dès le 16e siècle.
François Régis à la rescousse de la dentelle... pour contrer le protestantisme
La dentelle est interdite en 1640 par arrêt du Parlement de Toulouse, mais cet arrêt n’est pas respecté. François Régis vient prêcher et défend la dentelle, qui procure un revenu complémentaire et évite de basculer dans le protestantisme. Sans compter que les jésuites facilitent les exportations !
Au 17e siècle Colbert veut créer une manufacture royale de dentelle au Puy mais les marchands locaux s’y opposent, craignant la concurrence (plus tard ils s’opposeront aussi à l’école obligatoire, et à l’arrivée du chemin de fer !). A cette époque la dentelle occupe 40 000 dentellières.
Jusqu'à 100 000 dentellières au 19e
Le 19e siècle voit les manifestations contre les premiers métiers mécaniques. Théodore Falcon occupait 3500 dentellières. Il essaie de les regrouper dans des « ouvroirs ». Il y a eu jusqu’à 100 000 dentellières en activité.
En 1910 est créée la « dentelle au foyer », centre de formation au Puy. Mais après la guerre de 14-18, c’est le déclin. La colonisation conduit aussi à délocaliser la fabrication de dentelles, à Madagascar ou en Indochine.
Un salaire de misère
Sachant qu’il faut 10 heures pour faire un mètre de dentelle de deux centimètres de large, Raymond Vacheron souligne la misère des dentellières dont le revenu correspond à ¼ du salaire moyen, même si les sommes en jeu sont la première rentrée d’argent du département.
Prochaine conférence
"Le cerveau humain, bien plus qu’une machine" jeudi 9 mars, à 18 h 30, au Château des évêques à Monistrol-sur-Loire, par Pierre-Luc Rigaud biologiste.
Tarif : 5 €
Scolaires et étudiants : gratuit