Les pêcheurs de l'AAPPMA Les Amis des Deux Eaux ont appris l'existence d'un projet d'une société de Montpellier qui compte créer deux microcentrales hydroélectriques sur la Dunière, du "Pont de la Vache" à "Laval", détournant l'eau sur 6 km de cette rivière qui borde les territoires de Saint-Pal-de-Mons, Raucoules et Lapte. Les pêcheurs locaux et la fédération organisent la riposte.
Depuis novembre, les pêcheurs sigolénois ont appris l'existence d'un projet qui fait naître les plus vives inquiétudes dans les gorges de la Dunière. Des propriétaires ont fait savoir à l'AAPPMA Les Amis des Deux Eaux qu'une société montpelliéraine, Elements Green, les avait démarché pour acheter ou louer leurs terrains dans le but de construire deux microcentrales hydroélectriques.
"Les microcentrales hydroélectriques dégradent beaucoup plus l'environnement qu'elles ne le protègent puisqu'elles détruisent les écosystèmes aquatiques", affirme Lucien Giraudon, président des pêcheurs. "Et pour produire cette énergie, il faut de l'eau. Et de l'eau, il y en a et il y en aura de moins en moins dans nos rivières."
Deux barrages et deux centrales à 3 km de distance
Selon les informations récoltées par les pêcheurs, un premier barrage de prise d'eau serait créé près du Pont de la Vache avec une hauteur de 2 à 3 mètres. Puis, à l'aide de tunnels et de conduites forcées, l'eau serait acheminée jusqu'au pont de Raucoules, 3 km plus bas où serait construite une première centrale avec une hauteur de chute de 30 mètres.
L'eau restituée à la rivière serait récupérée aussitôt dans un autre barrage de prise d'eau de même taille que le premier et serait acheminée dans des conduites sur 3 km jusqu'à une seconde microcentrale à "Laval".
Sur 2000 litres, il n'en resterait que 200 à la rivière
Sur les 2000 litres d'eau par seconde (débit moyen calculé sur les trente dernières années), il ne resterait que 10 % dans la rivière, soit 200 litres par seconde, ce qui serait le débit réservé légal.
Les pêcheurs se disent bien décidés à protéger ces gorges sauvages et pittoresques où la population piscicole reste bonne comme en atteste l'inventaire réalisé en 2022 à Vaubarlet avec 440 truites fario, 60 goujons, 75 loches franches et 30 vairons sur 88 mètres de rivière.
"Ce n'est que du business"
Samedi, l'assemblée générale de l'AAPPMA à Sinte-Sigolène a été l'occasion de présenter ce dossier et d'envisager les actions à mener. Comme elle le fait sur l'Auze, la Fédération départementale de pêche, par la voix de son président Lionel Martin, a assuré de son soutien entier. "On attend la présentation officielle du projet, l'enquête. Mais on est en ordre de marche, on a déjà pris contact avec notre avocat. Dans ce projet, ce n'est que du business, on ne voit aucun gain écologique."