Une nouvelle bataille juridique semble s'amorcer dans le quartier du château à Monistrol-sur-Loire autour de la question de la construction d'un immeuble de 15 logements sur deux étages. Un nouveau permis de construire a été accepté par la mairie en décembre et un recours gracieux a été déposé par les plus proches voisins.
En date du 3 décembre 2020, un nouveau permis de construire, déposé en mairie de Monistrol-sur-Loire a été accepté. Il concerne la construction d'un immeuble collectif de 15 logements sur un terrain de 1300 m2 pour une hauteur de 11 mètres, avec un parking souterrain de 30 places. Ce terrain privé se trouve à l'angle de l'allée Vitalis-Royer et de l'allée Antoine-Senecterre.
Un projet immobilier revu et corrigé
Ce projet immobilier est porté par Fontvieille & Grosjean Investissements de la Talaudière. Les mêmes qui avaient déposé un premier permis de construire en 2015 pour un bâtiment de 3 étages. Ce permis avait été contesté devant le tribunal administratif. La commune avait obtenu gain de cause en première instance avant que la cour d'appel du tribunal administratif ne donne raison aux opposants en janvier 2019, condamnant au passage la commune à payer les frais de justice et à verser 1 500 euros aux époux Giraud. La commune avait abandonné l'idée de porter le dossier devant le Conseil d'Etat.
A l'époque, le maire Jean-Paul Lyonnet expliquait : "Cela pourrait retarder un autre projet qui aurait peut-être un étage de moins et une meilleure intégration dans le paysage."
Ce nouveau projet semble être celui qui a obtenu un permis de construire en fin d'année 2020. En mairie, par la voix de Sandrine Chaussinand, adjointe à l’aménagement urbain, on explique que rien ne permet de s'y opposer par rapport au PLU actuel. "Ce n'est pas du tout le même projet, et heureusement", estime Jean-Pierre Giraudon, conseiller délégué aux actes d'urbanisme, ajoutant que "l'architecte des bâtiments de France a validé ce projet".
Refaire les réseaux pour intégrer cette construction
L'opposition municipale, vendredi soir, a regretté que "ce projet n'a pas été refusé pour les mêmes motifs que d'autres, notamment les réseaux inadaptés. On va faire des réseaux simplement pour cet immeuble alors qu'aucun voisin ne le demande", estime Annie Mangiaracina. Jean-Pierre Giraudon a répondu : "On réalise des équipements publics sur lesquels le bâtiment va se raccorder. Cet immeuble va générer une taxe d'aménagement non négligeable. Cette taxe permet ainsi de financer des équipements." Luc Jamon, élu de la majorité, prendra aussi la parole, s'adressant aux élus de l'opposition : "On sent une suspicion de favoritisme dans vos propos. Il y a des règles et elles s'appliquent."
Annie Mangiaracina a aussi mis en avant des arbres qui vont être coupés. "Des arbres sont visés par un arrêté depuis 2017 car ils ont le capricorne", justifie Christine Petiot, la première adjointe.
Le collectif se réveille
Quant au collectif « Pour préserver le quartier du Château », il a transmis une lettre ouverte au maire qui a été lu vendredi au conseil municipal. Ces "habitants et personnes concernées ou attachées au « quartier du Château » à Monistrol et à ce qu’il représente au titre du patrimoine historique, de la qualité de vie et environnementale des monistroliens souhaitons" s'étonnent de l'avis favorable à la demande de permis de construire.
"Nous restons dans l’incompréhension. Ce quartier est un secteur résidentiel de centre-ville, essentiellement composé de bâtiments de faible hauteur (maisons individuelles, maison de retraite). La rue Vitalis-Royer est uniquement composée de « petites maisons de ville » alignées d’une hauteur réduite. La volumétrie de l’immeuble en question est selon nous tout à fait démesurée et inadaptée à la typologie du quartier."
Un recours gracieux pour commencer
Le collectif ajoute : "Pourquoi une telle obsession ? N’y a-t-il pas suffisamment d’espace à Monistrol pour construire des projets d’une telle envergure ? Pourquoi venir dénaturer ce quartier en y implantant un immeuble d’une telle capacité ? Ne serait-il pas mieux de privilégier d’autres types de constructions moins imposantes et plus harmonieuses avec l’existant ?"
Un recours gracieux a été déposé devant la mairie. Avant éventuellement une procédure judiciaire devant le tribunal administratif.
Une réunion de soutien afin de prévoir d'éventuelles actions est proposée le mardi 9 février à 15 heures au Château des évêques.