vendredi, 02 octobre 2020 09:03

Monistrol-sur-Loire : une visite des traboules de Saint-Etienne avec Université pour tous

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L'Université pour tous de Monistrol a organisé une séance "sur le terrain" avec une jolie déambulation dans les traboules de Saint-Étienne. Visite et commentaires de la guide conférencière Muriel Decitre-Demirtjis diplômée en histoire de l'art et de l'architecture que l'on reverra à Monistrol le 14 janvier 2021 quand elle donnera une conférence sur l'histoire de Manufrance.

Au fait, qu'est-ce qu'une traboule ? C'est un passage piéton qui traverse des cours d'immeuble et permet de passer d'une rue à une autre.

En vieux français, on trouve le préfixe « tra » qui signifie passage et qui a donné traverser. Pour certains, ce mot donne l'idée de raccourci. D'ailleurs en occitan, les mots "travoulo" et "traboulo" désignent un raccourci.

Le verbe "trabouler" antérieur à 1894 a donné le nom traboule, c’est-à-dire une voie réservée aux piétons, traversant un ou plusieurs immeubles pour relier une rue à une autre.

Le Pré de la Foire

Cette promenade a conduit le groupe, réduit en raison du coronavirus, de Chavanelle à la Place du Peuple, ancien Pré de la Foire établi au Moyen-âge à l'extérieur de la bourgade du temps où Saint-Étienne n'était pas encore une ville. La petite bande a effectué une sympathique virée piétonne sous le soleil dans le cœur de la vieille ville, ses faubourgs des 17ème et 18ème siècles telle la rue Léon Nautin (anciennement rue des Chambon) d'où de nombreuses traboules, souvent fermées maintenant, aboutissent rue José Frappa.

Les remparts de la vieille ville ne se voient plus. Ils sont pris à l'intérieur des maisons car on a construit les habitations contre les remparts.

Les couvents ont disparu

Ils ont été rasés pour construire d'autres bâtiments. Subsistent les noms des congrégations qui les ont occupés : les Ursulines (place des Ursules), les Visitandines dont un morceau du cloître subsiste à l'église Sainte-Marie, les Minimes (église Saint-Louis).

L'ancienne rue Neuve, endroit sélect au 17ème siècle

La rue José Frappa, anciennement rue Neuve, était la belle rue stéphanoise au 17ème siècle. C'est là qu'a habité l'architecte Jean-Michel Dal Gabbio (1754-1823). Avec son oncle Pierre-Antoine ( 1748-1823) ils ont beaucoup œuvré à Saint-Étienne et dans le département. Ils ont repensé le plan de la ville en forme de damier, ont percé la Grand rue avec toutes les rues parallèles ou perpendiculaires. Ce qui a entraîné la destruction de nombreux couvents pour créer de nouvelles voies.  

Rue Michelet les visiteurs remarquent l'emplacement du magasin Jalon Sports et la boutique des chaussures Robin ayant appartenu aux parents de l'humoriste.

On évoque la pâtisserie Montcoudiol rue des Martyrs de Vingré.

Des rentes pour plusieurs générations

On évoque la fortune, parfois rapidement établie, de familles de rubaniers dont les rentes ont permis aux successeurs de vivre sans travailler pendant parfois plusieurs générations.

On détaille les beaux immeubles du 18ème siècle sans décors. Les fenêtres s'ornent simplement d'un  léger arrondi en linteau et de ferronneries ouvragées aux balcons. Car à Saint-Étienne, on avait la richesse discrète, donc peu de signes ostentatoires sur les bâtiments.

Travailler en fenêtre

On entre dans une cour du 19ème siècle qui a conservé le chasse-roues du temps des cochers et un bras de lumière à gaz. Dans une autre, un portail  avec deux colonnes et un fronton triangulaire, dans un style néo-classique, avec à l'intérieur un très bel escalier à vis.

Une constante à Saint-Étienne, il y a plus de vides que de pleins, autrement dit, plus de fenêtres que de murs afin de procurer un éclairage suffisant dans les ateliers des ouvrières.

Sur cour on retrouve beaucoup de fenêtres puisque l'on avait de petit ateliers avec des fenêtres hautes. Du temps des rubaniers, on louait des fenêtres pour avoir des ateliers avec de la lumière. L'expression utilisée était : "travailler en fenêtre".

La fumée blanche sortait d'une cheminée

Rue de la Résistance, Une cheminée peu apparente, la seule conservée en ville, prise à l'intérieur des bâtiments, rejetait des fumées blanches, celles des presses à repasser. Cela montre le pouvoir des rubaniers sur la ville pour se permettre de rejeter des fumées blanches sur la place de l'Hôtel de ville.

Dans ce quartier rubanier, on montrait plus volontiers les cheminées crachant de la fumée noire vu qu'elles étaient signe de progrès.

On retrace l'histoire de quelques grandes familles d'industriels stéphanois au travers des immeubles qu'elles ont construits. 

Le passementier qui donnait 10% de ses bénéfices aux nécessiteux

On évoque le passementier Denis Épitalon qui donnait 10% de ses gains pour les nécessiteux et notamment aux Petites Sœurs des Pauvres.

On admire un hôtel particulier, l'hôtel Villeneuve.

On repère l'atelier Balp armurier bien connu ici et l'on apprend que l'on fermait le passage Sainte-Catherine à la fin du 19ème siècle pour organiser les premières séances de cinéma.

Dans une cour de la rue Georges Teissier demeure le souvenir du photographe Cizeron et du restaurant de Pierre Gagnaire qui a obtenu ici sa première étoile.

Une famille qui a fait du blé

Un bel immeuble, l'immeuble Côte édifié grâce à l'argent gagné en revendant un bateau de blé.

Puis celui de la famille Passerat, modeste d'extérieur  mais dont les planchers recouverts de peaux de bêtes comportaient une demi-douzaine d'essences de bois.

Au fond de la cour, non visible depuis l'entrée, une bâtisse de briques, moins coûteuses, logement des palefreniers, de " petites gens ". 

On traverse le passage du cinéma Lux qui aurait dû s'appeler Lumière. Faute de place sur l'enseigne on le baptisa Lux.

Pour en savoir plus, l'ouvrage de Muriel Decitre-Demirtjis " Saint-Etienne insolite, cours traboules et escaliers " aux éditions Actes graphiques.

Prochain rendez-vous de l'UPT

Prochaine conférence de l'Université pour tous au château des évêques jeudi 8 octobre à 18 h 30.

Thème : La conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant (un "Brexit inversé" au Moyen-âge).

Dernière modification le vendredi, 02 octobre 2020 11:06

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