mardi, 20 août 2019 15:30

Quand Monistrol était réputé pour ses serruriers

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Au Château des évêques à Monistrol-sur-Loire, à l'initiative des Amis du château et la Société d'Histoire, plongez dans les flammes non pas de l'enfer, mais plutôt de l'ingéniosité humaine.

L'exposition solidement documentée et illustrée installée au château depuis le début de l'été s'intéresse aux feux et aux flammes sur le territoire. Le thème est décliné de diverses façons, les unes et les autres fort intéressantes. Le visiteur appréhende au gré des étages le feu dans tous ses états, même insolite avec les coupeurs de feu. On découvre au rez-de-chaussée les soldats du feu, plus haut les feux de joie (les fougats), les fours à pain, l'éclairage à la lampe, les incendies au château et ailleurs...

On y découvre aussi comment Monistrol s'était taillé une spécialité dans le travail du métal, via des forgerons et serruriers de jolie renommée.

Les premières traces avérées par des actes remontent à 1494, signalant Jacques Sartre établi comme forgeron et Eustache Jaquet en qualité de serrurier. On lit la retranscription du testament de Jean Civier, serrurier, 1693, signalant sa volonté que le métier soit appris par son grand fils à son plus jeune fils.


Un cadenas en forme de cœur

Des objets attestent de ces savoir-faire anciens. On apprécie notamment un minuscule cadenas (3 cm sur 2,5 cm) protégeant la châsse de Saint-Marcellin, conçu autour de 1600. En forme de cœur, il faisait vraisemblablement écho à un raid des Huguenots de 1567 qui avaient dérobé les plaques d'argent du reliquaire catholique. Une dérisoire et touchante protection.

On y apprend que Pierre et Christophe Miramand excellaient dans la conception de grilles, balustres au point d'être chargé d'en réaliser pour l'escalier du château de Monistrol (vers 1780), mais aussi des grilles du chœur de la cathédrale ponote.

Parions que vous serez séduit par le charmant cadenas qu'Armand de Béget, doyen des chapitres des chanoines de la cathédrale du Puy, avait fait réaliser au maître serrurier graveur Pierre Miramand « l'ayné ». Cette petite merveille (6,2 cm sur 3,8 cm) finement gravée aux armes des Béget date de 1768. Ce fermoir de sûreté a été prêté pour cette exposition par le musée Crozatier.


Les piques de la Liberté

La Révolution passe par là, mais les savoir-faire restent appréciés dans le camp des révolutionnaires. Ainsi en 1793, c'est Christophe Miramand dit l'Amiral, qui obtient le marché public de fabrication de 108 piques. Une adjudication qui faisait suite à l'appel du Conventionnel Carnot « la pique est l'arme de la Liberté, elle a l’avantage d'être peu dispendieuse et facile à exécuter, donnons des ordres pour que partout on en fabrique ».

Plus tard, au XIXe siècle, Le Monteil, creuset des serruriers, des forgerons, sera investi par les ateliers berceaux de la métallurgie moderne. Enfin viendra l'épopée industrielle des usines Martouret, Limouzin, qui ont fait vivre plusieurs générations et qui, aujourd'hui, sont simplement ramenées à des noms de quartiers.


Infos pratiques

L'exposition à entrée libre est à apprécier jusqu'au 15 septembre (date des Journées du patrimoine) dans les salles du château des évêques de Monistrol-sur-Loire, chaque après-midi de 15 heures à 19 heures à l'exception du lundi.

 

Dernière modification le mardi, 20 août 2019 15:51

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