samedi, 23 mars 2019 10:32

Bas-en-Basset : comment le papier peint panoramique de la Maison Girard a été sauvé

||Le représentant de la famille Bardot-Girard, donateur des papiers peints.|||Claire Pautrat, conservatrice-restauratrice d'oeuvres et documents sur papier explique les étapes de restauration.|.Le directeur de Michelin Blavozy dont la fondation a contribué à la restauration de l'ensemble.|Les trois professionnelles de la restauration qui se sont penchées sur cette oeuvre.|||Le papier peint tel qu'il était dans la maison Girard|| ||Le représentant de la famille Bardot-Girard, donateur des papiers peints.|||Claire Pautrat, conservatrice-restauratrice d'oeuvres et documents sur papier explique les étapes de restauration.|.Le directeur de Michelin Blavozy dont la fondation a contribué à la restauration de l'ensemble.|Les trois professionnelles de la restauration qui se sont penchées sur cette oeuvre.|||Le papier peint tel qu'il était dans la maison Girard|| ||||||||||||

Vendredi après-midi, Gilles David, le maire de Bas-en-Basset, a présenté au public le papier peint panoramique « Ruines de Rome » extrait de la maison Girard aujourd'hui détruite. Ce sauvetage patrimonial d'une oeuvre singulière, datée des années 1800-1810, n'est pas banal.

Laissons à Christine Hacques, sous-préfète d’Yssingeaux, le soin de raconter avec malice et un joli sens du récit, l'histoire de ce sauvetage au long cours.


25 ans de péripéties administratives

"Il n’est pas si fréquent que des papiers peints offrent l’occasion de se réjouir autant. D’abord de se réjouir d’avoir ainsi, à portée de main, un aussi joli concentré de 25 ans de péripéties administratives. Ce dossier mériterait à lui seul un classement, au titre du patrimoine ethnologique des va-et-vient décisionnels dont notre pays a le délicieux secret."


La maison a failli être démolie en 2009

"C’est en effet en 1992 qu’à l’issue d’une tournée provinciale qui le voyait rentrer bredouille à Paris, un inspecteur général du ministère de la Culture, passa à Bas-en-Basset : le sort de la maison Girard en fut scellé, ses façades, ses toitures et ses papiers peints furent inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Frappée d’alignement par la municipalité de l’époque, pour des raisons de sécurité routière, la maison faillit être démolie en 2009."


Un peu d'archéologie administrative

"En se livrant à un peu d’archéologie administrative, on tombe sur des échanges de courriers savoureux entre le ministère de la Culture et le maire, discutant de la hiérarchie des intérêts entre la vie humaine et la conservation du patrimoine. Comme si là était le débat… et c’est en cela que ce dossier est remarquable, car il incarne la manière dont, parfois, nous nous trompons tous d’enjeux, à force de vouloir avoir raison seul."


Le don des papier peints à la commune

"La toiture de la maison Girard menaçait ruine dès 2011, et les propriétaires ne pouvaient réaliser les travaux faute d’accord entre indivisaires. Le salut vint d’un des propriétaires, Monsieur Bardot-Girard, qui en 2016 pris la généreuse initiative de faire don des papiers peints à la commune."

Par une sorte de miracle dont seule notre vie publique a le secret, la toiture et les façades qui n’avaient pas d’intérêt patrimonial mais qui avaient pourtant été ramenées comme trophée par notre inspecteur général 25 ans avant, furent soudainement déclassées : débarrassé de sa gangue banale, le précieux bijou qu’est la tapisserie intérieure accéda alors, enfin, à son vrai statut d’objet protégé."


Des mécènes publics et privé

"La dépose, la remise en état et la mise sur châssis de l’œuvre, en 2017 et 2018, furent rendues possible grâce à l’intervention conjointe de l’État, du Conseil départemental, de la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français et de la Fondation Michelin, qui pour la modique somme de 35 000 €, apportèrent la plus jolie des conclusions à ce roman feuilleton administrativo-patrimonial : la tapisserie était sauvée, et la maison fut démolie."


Un soldat inconnu de l'art et un maire avisé

"Et voici donc notre deuxième motif de réjouissance : nous pouvons aujourd’hui admirer ces Ruines de Rome de papier, nées entre 1800 et 1810 et arrivées jusqu’à nous malgré leur immense fragilité, sans que nous en connaissions l’auteur. Nous rendons donc aujourd’hui hommage à une sorte de soldat inconnu de l’art. Je voudrais rendre hommage aussi à l’élégance de la posture de Monsieur le maire de Bas, qui entre la pression administrative et les enjeux techniques a su distinguer l’essentiel de l’accessoire, la perle de son écrin, et sauver cette œuvre."


A découvrir les mercredis et samedis

Pour l'heure, ce papier peint panoramique rare fait partie des "paysages historiés". Il offrait alors au regard du notable bassois le spectacle des ruines de la Rome antique dans une scénographie faisant une large place à la végétation et à l'eau. Il a été restauré par Claire Pautrat, conservatrice-restauratrice d'oeuvres et documents sur papier, avec l'aide des restauratrices Maximiliane Richy et Anne Elsener.

Il est donné désormais à voir au public, sur des supports conçus par la Toupie bassoise, à l'étage de la Maison de santé Yvonne-Aubert à Bas-en-Basset les mercredis de 14 heures à 17 heures et le samedi de 9 à 12 heures.

Une solution pérenne de conservation et d'exposition n'est pas encore actée ainsi que la poursuite des opérations de restauration sur ces fragiles œuvres. Avis aux potentiels mécènes !

Dernière modification le mardi, 26 mars 2019 17:31

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