lundi, 25 octobre 2021 17:56

Des agriculteurs engagés pour la nature sur le plateau ardéchois

Crédit  Sébastien Nottellet|Crédit Romain Riols|| Crédit Sébastien Nottellet|Crédit Romain Riols|| |||

Conscients des enjeux et de leur responsabilité face à la préservation de leur patrimoine, des agriculteurs du plateau ardéchois s’engagent dans une démarche de préservation de la terre par des actions pour favoriser la biodiversité locale tout en préservant l’efficience économique de leurs exploitations, accompagnés par les acteurs locaux (LPO, CA, CBN, missions haies, etc.).

Le plateau ardéchois, territoire rural entre Ardèche et Haute-Loire, possède un patrimoine naturel exceptionnel : un parc naturel régional, des volcans classés à l’UNESCO en tant que Géoparc, pas moins de quatre AOP, signe d’une extraordinaire richesse agricole, une richesse de biodiversité tant au niveau de la faune que de la flore, …

Un oiseau emblématique : la pie-grièche

Les pies-grièches sont des passereaux aux moeurs de petits rapaces, aisément reconnaissables à leur masque noir autour des yeux. Auparavant communes dans nos paysages pastoraux, elles sont désormais de plus en plus rares. 85% des effectifs nationaux sont concentrés dans le massif central ce qui confère une grande responsabilité à notre territoire quant à son maintien.

Ce sont des oiseaux indicateurs de qualité des milieux. Le maintien de la Pie-grièche grise est lié à la préservation de certains éléments paysagers : les haies hautes, les arbres isolés, et plus généralement tous les éléments structurants du paysage comme les haies basses, les murets et les bosquets. Enfin, la Pie-grièche apprécie particulièrement la présence de prairies permanentes, à flore diversifiée, où elle va trouver une ressource alimentaire à toutes les périodes de l’année.

Par leur régime alimentaire, les pies-grièches grises régulent les populations des insectes qu’elles consomment. Elles se nourrissent principalement de bousiers, hannetons, grillons, criquets, sauterelles, mouches, taons, guêpes, bourdons, etc. La pie-grièche grise, régule même les populations de petits vertébrés : le campagnol des champs est l’une de ses proies favorites. Elle constitue donc un allié pour l’agriculteur.

Des arbres dans le paysage agricole

Les haies ont des intérêts agronomiques multiples (brise-vent, limitation de l’érosion des sols, protection pour les animaux domestiques, production de bois, bois (chauffage et litière), ombre pour le troupeau en été et meilleure production des récoltes et du fourrage) qui convergent avec les intérêts écologiques (fonction d’abri et de couloir de déplacement pour la faune auxiliaire des cultures). Les Pies-grièches sont un exemple de la faune auxiliaire et utilisent les arbres des milieux agricoles pour chasser et nicher : leurs populations en dépendent directement. En France, 70% des haies existantes dans les années 60 avaient disparu dans les années 2000.

Afin de continuer à profiter des nombreux bienfaits des haies, il est important de veiller à leur maintien et à les gérer de manière durable. Il est également possible de contribuer à reconsolider le bocage en plantant de nouveaux arbres, isolés ou sous forme de haie.

Des prairies naturelles

Comme de nombreux animaux, les pies-grièches consomment une grande diversité d’insectes et peuplent des milieux qui leur sont favorables. Dans le Massif central, ces milieux correspondent notamment aux prairies naturelles gérées de façon extensive, qui abritent une flore variée. Ces milieux sont en recul (en France : 25% de prairies en moins entre 1970 et 1995) ou perdent en diversité floristiques et entomologique (dont la cause principale est la fertilisation accrue des prairies).

Les prairies naturelles extensives à flore diversifiée fournissent des fourrages de bonne qualité, permettent une grande souplesse d’exploitation, un meilleur étalement de la production et une meilleure adaptation au changement climatique. Leur maintien se révèle donc être une stratégie agronomique pertinente.

Des antiparasitaires raisonnés

Certaines molécules antiparasitaires (Helminthicides) conservent leur toxicité pendant plusieurs semaines. Elles se retrouvent dans les excréments du bétail, et affectent les écosystèmes aquatiques et terrestres. Les insectes se nourrissant de ces excréments (coprophages) sont en contact direct avec les molécules de l’antiparasitaire et peuvent s’intoxiquer. Ces insectes sont la proie de nombreuses espèces, dont les Pies-grièches, qui sont donc impactées indirectement par les traitements antiparasitaires. Par ailleurs, les coprophages effectuent également un travail important d’élimination des déjections animales et d’intégration de la matière organique dans le sol.

Un programme sur le raisonnement de l’utilisation des anti-parasitaires permet d’accompagner les éleveurs pour le bien-être du troupeau, l’équilibre des prairies et de leur biodiversité. De plus, la diminution des frais vétérinaires globaux n’est pas négligeable pour les éleveurs.

Des plastiques ramassés et recyclés

Les pies-grièches construisent leur nid dans les arbres et arbustes, et emploient divers matériaux qu’elles trouvent dans leur environnement : brindilles, herbes sèches, poils d’animaux, mais également des matériaux plastiques... Ces plastiques, ficelles et filets principalement, sont des pièges mortels pour les oisillons qui s’emmêlent et sont donc pris au piège dans leur nid.

Chaque année, la Chambre d’Agriculture de l'Ardèche organise une collecte des déchets plastiques d’élevage sur l’ensemble du département. 4 types de déchets sont collectés : ficelles, filets, enrubannage et ensilage. De nombreuses exploitations participent à ces collectes sur le plateau ardéchois.

Dernière modification le lundi, 25 octobre 2021 18:13