Depuis trois ans, les agriculteurs du Mézenc déplorent une pullulation de campagnols. Au point de peser directement sur la qualité des fourrages, les revenus des éleveurs et la mortalité des bêtes.
Mercredi après-midi, les agriculteurs du Mézenc étaient réunis dans une stabulation de la ferme d'Emmanuel Allirand à Moudeyres. La réunion du jour portait sur les campagnols, ennemi public numéro un sur le secteur. En ce jour où la neige et le brouillard recouvrent les sols, on ne voit pas l'état des prés. Mais les éleveurs l'affirment : les prairies sont infestées de mottes de terre évacuées à la surface par les rats taupiers.
Des pertes de revenus conséquentes pour certaines exploitations
"C'est un désastre", rage Grégory Devidal, agriculteur à Chaudeyrolles et président des Jeunes Agriculteurs du canton de Fay-sur-Lignon. "La situation est grave et cela menace les exploitations agricoles du Mézenc. Les dégâts causés par ces rongeurs ont des conséquences désastreuses sur les prairies entrainant des problèmes sur la santé animale des troupeaux : les bêtes ingèrent de la terre et en meurent parfois. Certaines fermes de vaches laitières ont jusqu'à 60 % de pertes de revenus. Les conséquences sont aussi morales."
Saint-Front semble être la commune la plus touchée. Selon un technicien de la FDSEA, le syndicat majoritaire chez les agriculteurs, on peut avoir 1000 rats par hectare. "Avec deux rats au printemps, on peut arriver à 100 à l'automne."
Un raticide interdit dans quelques semaines
Après le 20 décembre de cette année, le bromadiolone ne pourra plus être utilisé. Un autre raticide existe : le Ratron GW, un appât blé à base de phosphure de zinc. Ingéré par l'animal, il l'étouffe. "Il a une bonne efficacité mais il doit être utilisé manuellement, à raison de 2 kg par hectare, et surtout lorsqu'on est face à une faible densité de population. Sur le Mézenc, c'est trop tard", regrette Thierry Cubizolles, le président de la FDSEA. Il ajoute : "Le problème s'étend et arrive sur Costaros, sur Landos, sur l'ouest de la Haute-Loire aussi. Il faut de la lutte préventive.
Le renard et les rapaces comme solutions alternatives ?
Des protecteurs de la nature, fédérés dans le Réseau écologie nature 43 (REN43), comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO), prônent des solutions alternatives. Ils proposent de laisser les prédateurs naturels s'en occuper : le renard, classé comme nuisible et donc chassable, et les rapaces par l'installation de perchoirs, et l'aménagement de haies et le retour d'arbres. Les agriculteurs rencontrés à Moudeyres ne sont pas convaincus. "Ces solutions sont complémentaires. Mais là, il y a beaucoup trop de campagnols", estime une agricultrice de Saint-Front.