Compte tenu des conditions météorologiques, la saison 2019-2020 de la station de ski du Mézenc a été financièrement catastrophique avec une absence totale de recettes pour le ski nordique et des recettes extrêmement faibles pour le ski alpin (4 000 €). Le Département a accordé une aide de 130 000 € pour équilibrer le budget de la communauté de communes Mézenc Loire Meygal.
Aucune recette mais des dépenses ont été maintenues (hors saisonniers) : charges fixes, personnel permanent et dotations aux amortissements. Le tout a généré un déficit important chiffré à environ 134 000 € aux Estables, ce petit village perché à 1350 mètres d'altitude.
La communauté de communes Mézenc Loire Meygal est venue toquer à la porte du Département pour solliciter une aide exceptionnelle de 130 000 € permettant de « boucler » le budget de la station, au terme de la plus mauvaise saison hivernale depuis que la station est gérée par l’intercommunalité.
Une économie touristique importante aux Estables
Créée à la fin des années 50, la station des Estables est la seule station de ski alpin de la Haute-Loire. Sur le Mézenc, l'économie touristique est capitale.
La commune des Estables compte 149 résidences principales pour 330 résidents à l’année, ainsi qu’une part importante de résidences secondaires, 211 résidences secondaires représentant environ 50 % du parc d’hébergement total des Estables. A cela s'ajoutent 900 lits touristiques marchands regroupés aux Estables et 2500 lits touristiques dans un rayon de 15 kms (principalement des gites et des chambres d’hôtes). Deux gros réservoirs de lits touristiques sont installés sur le village, à savoir Le chalet du Mézenc pour 110 lits et résidence de tourisme « Les Sources de la Loire » comptant 330 lits.
Le ski alpin essaie de se faire une place
Construite historiquement autour du ski nordique et du ski de fond, la station bénéficie aujourd’hui d’une offre « glisse » diversifiée avec le ski alpin (6 téléskis, 9 pistes, 6 enneigeuses) au côté du ski nordique (52 km de pistes). Ces dernières années, de nouvelles offres nordiques et de loisirs sont venus compléter le panel.
La luge 4 saisons est le dernier investissement privé mais les touristes disposent aussi de 4 itinéraires raquettes, accompagnement chiens de traineau, sorties motoneige, parapente à ski, ski d’orientation.
Un enneigement aléatoire
Face à l’enneigement aléatoire, depuis la saison 2013-2014, une production de neige de culture avait été financée par la SISE (société d’investissement de la station des Estables qui regroupe des professionnels locaux du tourisme et des commerçants). Elle permet l’enneigement de l’espace « débutants » sur lequel sont dispensés les cours de ski.
Mais cet hiver, même les canons n'ont pas suffi.
Faut-il investir massivement ?
En 2018, la communauté de communes a fait réaliser une « étude relative au développement et à la gestion du domaine nordique du Mézenc et de la station des Estables - réflexion sur un pôle neige départemental ». Pour « pérenniser » la station alpine, le cabinet concluait à la nécessité d’investir massivement, entre 4 et 11 millions d'euros dans la production de neige de culture, le front de neige et les remontées mécaniques.
Une station fragile
Début 2019, un montant d’investissement « optimal » pour la station de plus de 8 millions d'euros a été déterminé, dont 6 millions d'euros sous maîtrise d’ouvrage de la communauté de communes (4 millions d'euros sur la production de neige de culture). Mais les prestataires, à travers une étude flash portant sur une analyse commerciale et financière du programme d’investissement, ont insisté sur la fragilité de la station : maîtrise foncière, contraintes environnementales, contexte climatique, aléas du marché, chiffre d’affaires faible… Pour eux, le programme d’investissement à 6 millions d'euros n’est pas soutenable : même en activant tous les leviers, c’est-à-dire subvention de l’investissement à 70 %, climat favorable à l’enneigement et augmentation de 25% du chiffre d’affaires, la gestion de la station ne s’équilibre pas sauf subvention d’exploitation de 50 000 €/an.
Plutôt que de mettre tous les oeufs dans le même panier, les prospectives tendent de plus en plus à miser sur un tourisme 4 saisons.