dimanche, 27 mai 2018 22:28

Pari réussi pour "Une opérette à Ravensbrück" par la Cie Nosferatu

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La compagnie Nosferatu a donné samedi soir à Yssingeaux la première de son dernier spectacle, "Une opérette à Ravensbrück". Cette œuvre puissante et singulière de Germaine Tillion touche au cœur.

La troupe dirigée par Claudine Van Beneden marie volontiers théâtre et notes. Elle a également l'heureuse habitude de cibler des sujets forts, creusant une veine humaniste sans miévrerie. Elle ne déroge pas à la règle cette fois encore en livrant "Une opérette à Ravensbrück" de Germaine Tillion, la célèbre résistante, femme de lettres, ethnologue, aux racines altiligériennes.

Germaine Tillion est née le 30 mai 1907 à Allègre où son père était juge de paix, et morte le 19 avril 2008 à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Elle est entrée au Panthéon avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay en mai 2015.


Chanter à la barbe des geôliers nazis

Le 21 octobre 1943, Germaine Tillion est déportée au camp de Ravensbrück. Sa mère, résistante comme elle, y sera déportée en février 1944 et gazée en mars 1945. Germaine Tillion est placée à Ravensbrück dans la catégorie des "verfügbar", c'est-à-dire la catégorie des prisonnières sans affectation, disponibles pour tous les travaux occasionnels. En octobre 1944, elle écrit clandestinement sur un cahier soigneusement caché une opérette, « Le verfügbar aux enfers ».

Germaine Tillion y relate avec un humour décapant les conditions innommables de détention des verfügbar. Elle accompagne sa pièce d'airs populaires du répertoire lyrique. Convoquant le souvenir des rengaines populaires, du bon vin qui réchauffe, des joyeuses tablées d'antan, on découvre des prisonnières luttent contre leur condition inhumaine avec la plus redoutable des armes : la joie de vivre. « J'ai écrit une opérette, une chose comique, car je pense que le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant », disait Germaine Tillion.


Professionnels et amateurs sur les planches

Ce spectacle de la compagnie Nosferatu s'inscrit dans le cadre de sa résidence départementale. Cet original et ambitieux projet de territoire réunit artistes professionnels, élèves des écoles de musique et une chorale amateur. Les écoles de musique du Pays des Sucs, Vorey-sur-Arzon, l'Atelier des Arts, le groupe d'expression de la Maison pour tous de Brives-Charensac et du CIDFF (Centre d'information sur le droit des femmes et des familles) sont fédérés dans l'aventure.

Samedi soir, au foyer rural d'Yssingeaux, le public a découvert le fruit de ce travail au long cours. Le résultat est fort convaincant. Entre rires et frissons, le spectateur se laisse embarquer dans cette opérette unique, qui donne à la fois des raisons de désespérer de l'humanité et de croire à son avenir.


Une représentation à Vorey samedi

Deux autres représentations sont pour l'heure programmées en Haute-Loire. Samedi 2 juin, à 20 h 30, rendez-vous est donné à l'Embarcadère à Vorey-sur-Arzon (tarif : 12 euros). Puis, à la rentrée, samedi 29 septembre, à 20 h 30, à la Maison pour tous de Brives-Charensac.

Dernière modification le dimanche, 27 mai 2018 23:12

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