mardi, 21 novembre 2023 08:29

Aurec-sur-Loire : les collégiens des Gorges de la Loire enrichissent leur étude de Cyrano de Bergerac

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Les élèves de 4e du collège public des Gorges de la Loire d'Aurec-sur-Loire prolongent et enrichissent leur étude de Cyrano de Bergerac en se rendant au théâtre du Puy-en-Velay.

« Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme... »

Ce mardi 14 novembre, la cinquantaine d'élèves de 4e du collège public des Gorges de la Loire se rendait au théâtre du Puy-en-Velay pour découvrir Cyrano de Bergerac mis en scène par Bastien Ossart de la compagnie de théâtre « Les pieds nus ».

À l'entrée dans la salle, les élèves n'ont pu qu'être abasourdis par la beauté du théâtre du Puy-en-Velay. Ayant étudié en classe le vocabulaire de l'espace théâtral, tout leur est apparu alors diaphane : sous leurs pieds, le parterre ; au-dessus d'eux, le deuxième balcon et, plus haut encore, le poulailler ; quant à eux, ils avaient la joie de prendre place à la corbeille, prêts à se laisser cueillir par le spectacle qui allait s'ouvrir pour eux sur l'espace scénique.

Quelle ne fut pas leur surprise lorsque c'est une tirade du téléphone qui a ouvert la représentation, les invitant à éteindre le leur, avant que n'apparaissent des personnages maquillés, masqués entre les deux pans des pendrillons... ne dites surtout pas « rideaux », cela porte malheur au même titre que « bonne chance » ; dites « merde » !

Une pièce interprétée par trois femmes

Place à la pièce interprétée de façon singulière par... trois femmes ! Ces dernières enchaînent les répliques de façon magistrale, changent de masque et de rôle avec une belle énergie, et les élèves reconnaissent les scènes lues et étudiées en classe, à commencer par la scène d'exposition et, rapidement, la fameuse tirade du nez et la scène d'aveu d'amour impossible de Cyrano à son confident Le Bret à qui il révèle son amour sans espoir pour Roxane : « Regarde-moi, mon cher, et dis quelle espérance / Pourrait bien me laisser cette protubérance! ».

S'ensuit, après un terrible quiproquo, l'aveu cruel de Roxane : elle ne l'aime pas lui Cyrano, mais elle aime le « beau » Christian. Cependant, Christian est dépourvu de lettres et d'esprit, et ne sait pas parler d'amour ; il est d'ailleurs ridiculisé par Roxane, et les stichomythies mises en relief par les comédiennes soulignent combien il peine à trouver ses mots, combien Roxane l'interrompt... Arrive la célèbre scène du balcon, et le moins que l'on puisse dire, c'est que sa mise en scène a décontenancé les élèves : tous attendaient un balcon..., d'aucuns n'ont pas compris, d'autres se sont laissés porter par la beauté de la scène, par la lumière, par l'émotion : sentir et ne pas toujours chercher à comprendre, comme le leur avait conseillé leur professeur de français. Puis est venu l'acte IV, resserré : avant de tomber sous les balles, coup de théâtre : Christian comprend que Roxane l'aime pour son âme, pour sa plume, et non pour sa beauté... or ce n'est pas lui mais Cyrano qui a écrit les lettres ; trop tard, il meurt, Cyrano à Roxane ne peut le révéler. Plusieurs élèves ont déclaré avoir été sensibles au pathétique de cette scène. Enfin, leur professeur leur avait demandé de ne pas lire le dernier acte afin qu'ils en gardent la révélation du dénouement pour la représentation... « Pourquoi vous être tu pendant quatorze années ? » « Je vous dois d'avoir eu, tout au moins, une amie. / Grâce à vous une robe a passé dans ma vie. »

Un échange en bord de scène

Si les deux tiers des élèves se rendaient pour la première fois au théâtre, qu'ils aient aimé ou pas, la représentation de Cyrano de Bergerac ne les a pas laissés indifférents. À l'issue du spectacle, ils ont d'ailleurs eu l'opportunité d'interroger les trois comédiennes et le metteur en scène ; ces derniers ont eu la gentillesse de venir s'installer en bord de scène pour répondre à leurs questions sur leur métier, les choix de mise en scène, le travail de mémorisation, de jeu...

Ce travail fera sens puisqu'il s'inscrit dans un projet annuel : « Être différent·e : le nez, le noir ». C'est dans le cadre de ce projet qu'en septembre, ils ont travaillé sur l'œuvre "Je suis Joseph" d'Arnaud Beunaiche (qu'ils ont rencontré) dans laquelle l'auteur esquisse le portrait poético-théâtral du modèle noir qui a posé pour "Le Radeau de la Méduse" de Géricault, et dresse un état des lieux de l'esclavage au début du 19e siècle, du racisme au 20e siècle et des attitudes discriminantes de nos jours.

Une semaine avec un slameur en janvier

C'est dans le cadre de ce projet également qu'ils travailleront, en janvier, avec le slameur Govrache : l'artiste mènera une semaine d'atelier d'écriture et de mise en voix et aidera les élèves à interroger le réel dans lequel ils évoluent, à s'interroger eux-mêmes sur les multiples façons d'exprimer des « valeurs » et, pour ce faire, à utiliser le bon mot, à exploiter les ressources créatives de la parole, comme Cyrano, pour écrire, pour dire... comme les y invitent les programmes de 4e.

À eux désormais d'avoir du panache, de tâcher d'être « admirables, en tout, pour tout », et de ne pas oublier de « rêver, rire, passer, être seul, être libre [...] / Travailler sans souci de gloire ou de fortune, / À tel voyage, auquel on pense, dans la lune! / N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît, / Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, / Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, / Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles! »

Dernière modification le mardi, 21 novembre 2023 10:11

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