mardi, 07 novembre 2023 11:34

Le Chambon-sur-Lignon : petits pas, petites victoires... le chemin des détenus vers la réinsertion

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"Demain, je sors. Et alors ?", tel était le sujet abordé par Adeline Lebouche du Service pénitentiaire d'insertion et de probation de Haute-Loire et Franck Baralon du chantier d'insertion du Chambon-sur-Lignon.

En fin d'après-midi lundi dans le cadre chaleureux de l'Arbre vagabond au Chambon-sur-Lignon, la réinsertion de la personne incarcérée, et surtout sa préparation, étaient abordées par deux acteurs en Haute-Loire de cette problématique.


Les témoignages de deux acteurs

Adeline Lebouche, directrice adjointe du Service pénitentiaire d'insertion et de probation de Haute-Loire et Franck Baralon, directeur du chantier d'insertion de la fondation de l'Armée du salut au Chambon-sur-Lignon ont livré des informations précises et croisé leurs regards, répondant aux questions d'une assistance attentive et concernée.

De cet échange passionnant, on retiendra quelques chiffres et de précieux enseignements.


40% de prévenus, 60% des condamnés

En Haute-Loire, la maison d'arrêt du Puy accueille 40 prisonniers. Pour 40% ce sont des personnes en détention préventive (en attente de procès), pour 60% des condamnés. 3 conseillères du Service pénitentiaire d'insertion et de probation interviennent (pour veiller à la bonne exécution de la peine, travailler sur la réinsertion, éviter la récidive), soit un bon ratio par rapport à d'autres départements. Les prévenus ne sont pas concernés par cet accompagnement.


Conduire vers l'employabilité

Le chantier d'insertion de la fondation de l'Armée du salut emploie 25 salariés, parmi d'autres profils, on y trouve d'anciens détenus. "Nous sommes un tremplin pour les conduire vers l'employabilité, nous accueillons sans jugement, pour 2 ans maximum en général."

Ils sont employés pour 28 heures par semaine sur diverses tâches, recyclerie, espaces verts... avec trois encadrants techniques. "Si derrière, ils trouvent un emploi, on a gagné."


800 personnes en milieu ouvert

800 personnes condamnées accomplissent leur peine en milieu ouvert (bracelets électroniques notamment). Pour les 2/3, la peine est assortie d'une obligation de soins, une obligation souvent compliquée à remplir dans "un désert sur le secteur, aussi bien en psychiatrie que pour les addictions". La mobilité en milieu rural reste un frein majeur, tant pour l'accès aux soins, que pour le retour à l'emploi.

"Pour préparer sa réinsertion, la personne doit être moteur, volontaire", martèlent les intervenants. Rien ne peut se faire sans elle. "Au bout de la troisième, quatrième incarcération, on ne sait pas toujours pourquoi, la personne change et est prête."


Rester humble

Adeline Lebouche constatait : "Il faut rester humble. On est face à des personnes cabossées de partout. Sur un temps court, on ne peut pas avancer très vite. C'est la politique des petits pas pour s'éloigner d'un parcours de délinquant. On engrange de petites victoires. Pour l'un, ce sera simplement de renouer avec sa famille, ses parents pas vus depuis 15 ans, pour l'autre obtenir un droit de visite de ses enfants..."

Et de relever encore : "Plus vous proposez de choses, activités, journée avec les familles... plus vous voyez les violences diminuer en prison, à l'égard des gardiens, entre les détenus."


La réinsertion par le travail de la terre

Pour prolonger la réflexion autour de la réinsertion, on peut découvrir à Saint-Agrève, au centre socio-culturel, l'exposition de photographies de Béatrice Ropers "De la prison à la liberté... la réinsertion par le travail de la terre". Ces clichés ont été pris dans une exploitation agricole en Picardie. Le vernissage est prévu mercredi 8 novembre à 18 heures.


Pour ouvrir l'horizon

La manifestation "Un mois pour les détenu.e.s" , portée par l'association Affaire de goûts, a l'ambition de créer l'espace d'une réflexion collective en donnant un coup de projecteur sur ceux qui se retrouvent derrière les barreaux, les institutions qui les accompagnent, les recherches sur la délinquance... Ce mois chemine jusqu'au 3 décembre entre Haute-Loire, Ardèche, Loire, combinant rencontres, expos, conférences, contes, projections, de façon à toucher un public élargi.


Une rencontre avec la contrôleure générale des lieux de privation de liberté

Notez déjà la présence exceptionnelle lundi 20 novembre à 16 heures à l'Arbre vagabond d'une figure majeure du journalisme judiciaire Dominique Simonnot. Elle est devenue contrôleure générale des lieux de privation de liberté depuis 2020. Elle éclairera la question des droits fondamentaux dans les prisons, centres éducatifs fermés et hôpitaux psychiatriques.

A Tence, on vous invite à apprécier au TEC, une exposition "Tout près d'ici nos prisons".

Tout le programme de "Un mois pour les détenu.e.s" est à retrouver ici.

Dernière modification le mardi, 07 novembre 2023 12:41

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