vendredi, 03 mars 2017 18:49

Des "enfants cachés" solidaires des personnes qui accueillent les migrants

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Un manifeste des enfants cachés vient d'être lancé par l'Union juive française pour la paix en solidarité avec les personnes qui secourent aujourd'hui les réfugiés et sont poursuivis pour cela en France. Parmi les premiers signataires, Georges Tugène, qui a été caché à Fay-sur-Lignon par Marie et Jean Royet, un couple de "Justes parmi les Nations" ou encore Georges Gumpel caché à Montfaucon-en-Velay.

« Sans la solidarité de délinquants, nous ne serions pas là », rappellent les signataires de ce manifeste lancé par l'Union juive française pour la paix.

Le manifeste

"L’heure est à la renaissance d’un délit de solidarité. Dans la vallée de la Roya, à Calais, à Paris, à Norrent-Fontes, à Boulogne, à Loos, à Perpignan, à Saint-Etienne, à Meaux... des militants et des citoyens qui ont manifesté concrètement leur solidarité désintéressée aux réfugiés ou aux Roms, sont intimidés, menacés, poursuivis par les Autorités.

Nous soussignés, enfants juifs cachés pendant la Seconde guerre mondiale pour échapper à la déportation, déclarons solennellement : si nous sommes en vie, c’est parce que des délinquants solidaires ont désobéi, nous ont cachés, nous ont nourris, en dépit des lois de Vichy et de l’occupant. Ils ont ouvert leur porte, falsifié notre identité, ils se sont tus ignorant les injonctions de la police et de l’administration, ils ont emprunté des chemins de traverse face à la persécution…

Leur solidarité est aujourd’hui reconnue publiquement. Nous leur sommes reconnaissants, comme nous le sommes au courage de nos parents qui ont fait le dur choix de se séparer de nous et de transformer leurs enfants en « mineurs isolés ».

Mais ce devoir de solidarité s’applique aussi aujourd’hui et nous réclamons la fin de ces procédés d’intimidation. Nous proclamons la légitimité du droit de regard des citoyens et des citoyennes sur les pratiques de l’administration, de la justice ou de la police. Nous sommes solidaires avec celles et ceux qui se montrent solidaires des personnes en situation de précarité sans se soucier de savoir si elles sont ou non en situation régulière quant au séjour. Nous passons le flambeau de la solidarité aux lanceurs d’alerte, aux citoyens critiques des politiques xénophobes, aux solidaires du quotidien."


Les premiers signataires

• Georges Gumpel, enfant caché à Lyon puis à Montfaucon-en-Velay en Haute-Loire ; • Liliane Lelaidier-Marton, enfant cachée à Bonneuil-sur-Marne ; • Georges Tugène, caché à Fay-sur-Lignon en Haute-Loire ; • Jean de Monbrison, caché près d’Auch, dans le Gers ; • Nicole Kahn, enfant cachée dans une école catholique à Limoges; • Denise Fernandez Grundman, enfant cachée dans le Maine-et-Loire.

• Patrick Silberstein, fils d’Hélène Vainberg, cachée par des Italiens à Monthléry ; • Dominique et Emmanuèle Natanson, fils et fille de Jacques Natanson, caché par des moines dominicains à Saint-Maximin, Var ; • Jean-Claude Meyer, frère de Colette Meyer, cachée après l’exécution de leur père ; • Jean-Guy Greilsamer, fils d’Yvonne Greilsamer, cachée à Saint-Dizier en Haute-Marne, puis dans l’Aube ; • Béatrice Orès, fille d’une enfant cachée dans le département du Rhône; • Didier Epsztajn, fils de Josette Stern, enfant cachée ; • Sonia Fayman, fille de Lucien David Fayman, résistant déporté à Dora, qui organisa la mise à l’abri d’enfants dans le Sud de la France.

Cet appel est lancé à l’initiative de l’Union juive française pour la Paix, membre de Délinquants Solidaires.

Contact auprès de Dominique Natanson : contact.picardie@ujfp.org

Dernière modification le mardi, 07 mars 2017 15:39