samedi, 13 mai 2023 09:03

Lycées professionnels : une réforme annoncée, les jeunes et enseignants sondés

Isabelle Valentin au côté d'Emmanuel Forestier, proviseur du lycée Chabrier à Yssingeaux|||| Isabelle Valentin au côté d'Emmanuel Forestier, proviseur du lycée Chabrier à Yssingeaux|||| ||||

Le président de la République a annoncé le 4 mai une réforme des lycées professionnels applicable dès la rentrée de septembre 2023. Vendredi, la députée LR Isabelle Valentin est allée prendre le pouls dans les établissements d'Yssingeaux et Monistrol-sur-Loire.

Pour nourrir sa réflexion et amener des propositions, la députée Isabelle Valentin a voulu échanger avec les principaux concernés, à savoir les enseignants et les élèves. Après une journée à Montrouge, elle a passé une partie de son vendredi au lycée Emmanuel-Chabrier à Yssingeaux puis le lycée Notre-Dame-du-Château à Monistrol-sur-Loire. Quelques élèves, des enseignants et des responsables de formation ont pu évoquer la question de la réforme avec la parlementaire qui avoue : « Je n'ai pas de texte. J'ai besoin d'écouter. »

La filière professionnelle pour se former à un métier

Elle a ainsi pu écouter Enola qui est passée par une seconde générale avant d'être orientée vers la voie professionnelle et de trouver son épanouissement dans l'accueil et la vente avec « du concret et des responsabilités. Il n'y a pas que les notes mais tout l'investissement compte aussi. » Son voisin de table était en décrochage scolaire au collège. Il a repris goût aux études en filière pro « avec des stages qui me permettent de vérifier ce que j'apprends. »

Un autre camarade, en cuisine, a préféré la filière pro plutôt que l'apprentissage, car un peu trop jeune. « On s'adapte aux profils et aux parcours », fait savoir Jean-François Lancelin, le chef de cuisine.

Patrice Arnaud, prof de maintenance, n'est pas inquiet d'une réforme. « Il faut savoir aller de l'avant et s'adapter au marché. » Il s'interroge tout de même sur les origines de celle-ci. « Qui la sollicite ? Les politiques ou les entreprises. Ça permet de mieux comprendre ce qui est alors attendu. »

Une gratification envisagée

La question de la rémunération, appelée aussi gratification, se pose. Le président de la République a évoqué une gratification pour chaque jeune. Les jeunes Yssingelais estiment que cela n'est pas nécessaire. « Le stage fait partie de la formation. » Le cuisinier est plus tranchant : « Qui dit salaire dit productivité. Ces jeunes sont là pour être formés. Il faut faire la différence entre apprendre un travail et produire un travail. »

L'augmentation du temps de stage est aussi évoquée. « Quid des fondamentaux ? », estime Isabelle Valentin en faisant référence aux matières scolaires comme le français, les maths, les langues. Patrice Arnaud, professeur : « S'il y a transfert de l'école à l'entreprise, il faudra demander aux entreprises d'être des formateurs... »

Force Ouvrière opposée à cette réforme

Du côté des syndicats, nous avons voulu connaître leur position. Force Ouvrière est majoritaire en filière pro et opposée à cette réforme. « Pour nous, c'est d'abord un plan social avec la suppression de milliers de postes et de 80 filières dans le tertiaire », argumente Vincent Delauge. « La filière pro, ce sont des métiers d'enseignement très techniques. Je ne vois pas comment un prof de technique peut être reclassé devant des maternelles ou des collégiens. » Sur le sujet de la rémunération, « la gratification n'est pas un salaire. Et cela représente 2 € de l'heure, on exploite les gamins. Et on cherche à enfermer les gosses sous la coupe des patrons. »

Dernière modification le samedi, 13 mai 2023 09:08

Partager sur :