jeudi, 28 janvier 2021 18:54

Lentille verte du Puy : le prix est bon pour les agriculteurs mais il manque le rendement

Les surfaces emblavées, le nombre de producteurs et le rendement baissent depuis vingt ans de façon inquiétante. Si le prix de vente est bon pour les agriculteurs, cela manque cruellement de production pour continuer à peser sur le marché.

Le rendement enregistré en 2020 n'a jamais été aussi faible depuis 1996 et la reconnaissance en Appellation d'origine contrôlée (AOC) puis AOP en 2008. L'an dernier, les 653 agriculteurs ont ramassé 1 216 tonnes de lentilles. Un chiffre divisé par deux en seulement un an (2 477 tonnes en 2019) et bien loin de l'an 2000 où le record était de 8 200 tonnes avec 1250 producteurs à l'époque.

87 communes en Haute-Loire

La Lentille verte du Puy se cultive sur 87 communes de Haute-Loire caractérisées par un micro-climat, propice à cette légumineuse. On estime à 8 millions d'euros le chiffre d'affaires réalisé par les entreprises et un millier d'emplois directs ou indirects sont concernés par cette filière.

Si la filière reste porteuse d'avenir en raison du développement de la consommation de légumes secs, la baisse de rendement et d'agriculteurs intéressés inquiète à tous les niveaux. "Semez de la lentille, c'est essentiel", supplie Yannick Fialip, le président de la Chambre d'agriculture.

Un rendement très variable

Ce jeudi, une rencontre entre les professionnels du monde agricole et le préfet Eric Etienne était proposée sur la ferme de Mickaël et Daniel Blanc au Brignon.

Le père et le fils, installés en 2017 et 2020, s'occupent de vaches laitières, de brebis et réservent 4 hectares sur 160 à la lentille, dont le rendement varie de 2 quintaux à l'hectare à 12. "Parfois, on se pose la question si on continue. Mais des gens se sont battus pour obtenir l'AOC, alors on le fait aussi pour eux. Le produit se vend bien mais il ne manque que la production", reconnaît Daniel Blanc, qui était auparavant commercial chez Sabarot.

Les aléas climatiques font peser chaque année une épée de Damoclès sur les cultures. En particulier pour la lentille qui est une plante fragile par nature.

Une marge encore intéressante pour l'agriculteur

"Ne vous découragez pas, continuez", motive le préfet. "La qualité finit toujours par payer." La marge reste intéressante pour les agriculteurs. Malgré la baisse des rendements, le produit à l'hectare est plus important aujourd'hui qu'en 2000 grâce à l'augmentation régulière des prix payés. Le prix fixé payé au producteur est d'environ 2200 € par tonne. La marge brute est estimée à 1 000 € par hectare en moyenne.

Philippe Boyer, président de l'Organisme de défense et de gestion (ODG) de la lentille, voudrait tout de même que les surfaces lentille soient intégrés dans les aides de la PAC (Politique agricole commune) "surtout quand la volonté de la France est d'arriver à l'autonomie en protéine".

Trois entreprises trient et commercialisent

Longtemps surnommée "le caviar du pauvre", la Lentille verte du Puy, qui s'est fait une réputation dans le monde entier, serait-elle sur la sellette ? "Les niveaux sont très bas, cela nous fait sérieusement peur. A un moment, on n'existera plus", craint Huguette Trescarte, de la société Trescarte, l'une des trois entreprises qui trient et conditionnent les lentilles. Les deux autres sont Sabarot et la coopérative. "La lentille, on ne la commercialise qu'à l'étranger et en local. On peut vite nous oublier si on manque de volume", ajoute Antoine Wessner, le PDG de Sabarot

Dernière modification le jeudi, 28 janvier 2021 20:50

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