jeudi, 26 mars 2020 19:20

Coronavirus : une famille contaminée de Haute-Loire raconte le Covid-19 de l'intérieur

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Exclusif. Une famille de Cussac-sur-Loire a accepté de témoigner sur le coronavirus. Une jeune femme raconte le Covid-19 de l'intérieur. Elle l'aurait transmis à son père qui est toujours hospitalisé au Puy-en-Velay.

Floriane G. a 32 ans. Installée à Marseille, elle avait décidé de rejoindre la Haute-Loire avec ses trois filles de 4, 6 et 9 ans, avant même l'annonce du confinement. La Haute-Loire où vivent ses parents, installés depuis deux ans à Cussac-sur-Loire.

Les maux de tête parmi les symptômes

Arrivée le dimanche 15 mars, Floriane développe déjà des symptômes. A ce moment-là, ce sont de violents maux de tête. "Cela faisait une éternité que je n'avais pas eu mal au crâne comme ça." Après coup, elle découvrira que les maux de tête sont souvent évoqués par les malades.

"J'ai vécu une première nuit très agitée, des tremblements, de la sueur, de la diarrhée. Et c'était de plus en plus virulent au fil des nuits avec un rythme cardiaque élevé. J'avais des nausées et une perte d'appétit."

Une chute brutale de l'état de santé

Rapidement, Floriane va partager ces douleurs avec son entourage. Surtout son père, âgé de 59 ans. "Le mercredi soir, c'était le 18 mars, il a eu une fatigue soudaine et un mal de tête. Il est allé se coucher." En 36 heures, le père et grand-père de famille s'est décomposé. "Il a minimisé son état pour ne pas nous inquiéter. Il avait une toux très sèche."

Le vendredi 20 mars, il est transféré en urgence par le Samu à l'hôpital Emile-Roux où il se trouve toujours. Les examens font état d'un taux d'oxygène dans le sang saturé. "Il a failli mourir, clairement ! Il a un traitement, il est en bonne voie, il n'est pas en réanimation mais aux soins de suite. Il a vécu quatre nuits horribles avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le corps médical a été génial, ils nous ont toujours expliqué la situation."

Dix grippes en même temps

Si Floriane n'a pas été testée biologiquement au Covid-19, elle est persuadée de l'avoir eu... et transmis. "Si j'avais su que j'étais porteuse, je ne me serais pas déplacée chez mes parents."

La trentenaire évoque les montagnes russes souvent racontées par les malades du covid-19. On peut se sentir mieux puis dégringoler avant de remonter la pente. Et quand on lui demande si cela ressemble à une grippe, elle éclate de rires. "Ce sont dix grippes en même temps plutôt. Le terme me paraît mal choisi. Ce Covid-19, c'est un réel danger, une question de vie ou de mort."

"Personne n'est intouchable"

A la maison familiale de Cussac, la télé est éteinte depuis une semaine. "J'ai l'impression qu'on nous manipule, entre surinformation, désinformation. Dans les médias, on nous dit n'importe quoi. Je pense qu'au moment de la décision du confinement, le mal était déjà fait. Je reste persuadée qu'il ne faut pas laisser la peur nous habiter. Cette maladie nous invite à respirer."

Et à propos de ceux qui prennent le confinement à la légère, "qu'ils assument leur choix mais je ne leur souhaite pas de vivre cet enfer. Tout choix a une conséquence. Et personne n'est intouchable."

Un lavage constant des surfaces à la maison

A Cussac, la famille reste strictement confinée. Les voisins apportent leur soutien et fournissent des provisions en respectant des distances de sécurité. "A la maison, on est à 2 mètres les uns des autres. On surveille toujours. Mes filles semblent avoir quelques symptômes. On passe la javel sur les surfaces matin, midi et soir. On désinfecte souvent les poignets de portes. On a parfois l'impression de devenir folle, c'est une situation très particulière."

Le père de Floriane, qui fêtera certainement ses 60 ans à l'hôpital, reste sous oxygène et pourrait sortir d'ici deux semaines. "C'est un long chemin vers la guérison."

Dernière modification le vendredi, 27 mars 2020 13:47

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