mardi, 14 novembre 2023 14:23

Cinq artisans de Haute-Loire primés au concours Artinov

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Organisé depuis plus de 30 ans par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Auvergne-Rhône-Alpes, le concours Artinov a déjà permis à 500 lauréats de se faire connaître et développer leur entreprise. Cinq entreprises de Haute-Loire ont été primées lundi soir au Puy-en-Velay.

Le concours Artinov récompense les entreprises dont les capacités d’innovation, de développement et d’adaptation au monde actuel sont les plus marquantes. Il renforce l’image d’un artisanat audacieux, imaginatif et précurseur. Ce concours est la vitrine du savoir-faire, de la créativité et de l’agilité des entreprises artisanales.

Ainsi, Artinov valorise la capacité des entreprises artisanales à développer des produits ou services innovants, des process de production repensés, un service client novateur, un management qui sort de l’ordinaire, un impact environnemental réduit.

Au niveau régional, les soixante-huit lauréats départementaux ont été présentés au jury régional. Douze entreprises ont été présélectionnées pour pitcher leur projet devant le jury régional. Celui-ci attribue un prix régional par catégorie soit cinq lauréats, ainsi qu’un prix du public, réalisé grâce à un vote en ligne. La cérémonie régionale de remise des prix aura lieu le 12 décembre, à Lyon.

Prix Innovation technologique ou de procédé

SAS PR Préhension à Saint-Ferréol-d'Auroure (Yann Pillie et Fabien Russier)

Pour appréhender l’activité de Pr Préhension, il faut se rapporter au nom de l’entreprise créée en 2020 par ses deux dirigeants Fabien Russier et Yann Pillie. Elle conçoit, réalise et assemble des systèmes de préhension, c’est-à-dire des interfaces entre les robots des clients et leurs pièces à prendre. L’enjeu de ce travail, basé sur la mécanique, est de concilier plusieurs impératifs comme la miniaturisation poussée à son extrême pour limiter les encombrements et le poids, la robustesse des solutions proposées malgré leur légèreté, la réduction des conduits pneumatiques et un coût acceptable en dépit de la complexité des pièces.

Une autre particularité de l’entreprise est de proposer des solutions qui n'existent pas encore, autrement dit de solutionner des problèmes complexes avec des solutions simples. Comme chaque projet nécessite sa solution de préhension, l’entreprise doit réaliser de nombreux prototypages à l'aide de son parc d'imprimantes 3D afin de tester, vérifier et valider chaque idée.

Il a donc fallu une année à Fabien et Yann pour gagner la confiance de clients, dans le domaine de l’injection plastique principalement, obtenir des premières commandes et réaliser leurs premiers préhenseurs. Chaque mise en service de préhenseur est un test client et à ce jour, l’entreprise ne compte aucun retour négatif.

Les équipements de l’entreprise tels que centre d’usinage, tours, imprimantes 3 D, machine de marquage laser ou logiciels lui permettent d’assurer toutes les étapes d’études sur ordinateur, l’usinage des pièces et leur assemblage par ses soins. La partie automatisme est sous-traitée auprès d’entreprises partenaires locales, un choix de circuits-courts pour s’assurer de la qualité de fabrication et pour sécuriser l’activité.

Prix Innovation de produit ou service

Cyclo Debout à Saint-Germain-Laprade (Olivier Joux)

En selle pour le cyclo debout, une solution de mobilité douce qui s’inscrit dans la catégorie des Engins de Déplacement Personnels Motorisés (EDPM).

Premier coup de pédale quelques années en arrière quand Olivier Joux décide, chez lui à Queyrières, d’imaginer un nouvel engin de mobilité pour faciliter le quotidien. Ce sera sur la base d’un tricycle dont le 1er prototype est conçu à partir de vélos achetés chez Emmaüs. La société éponyme est créée en 2019 pour poursuivre le développement du projet qui a nécessité 5 années, l’intervention d’un designer, la réalisation d’une étude de marché et le dépôt de marque et brevet grâce à une bourse French tech de BPI France, et médaillé d’or au concours Lépine Méditerranée. D’un tricycle à conduite debout sans selle et à pédale, l’engin devient à assistance électrique pour être aujourd’hui 100% électrique, entièrement articulé pour une stabilité hors du commun, à système pendulaire et homologué aux normes CE.

L’entreprise assemble les cyclos dans son atelier de Haute-Loire d’une capacité de 90 cycles/mois, à partir de composants en majeure partie issus d’entreprises Françaises car elle privilégie les approvisionnements en circuits courts.

Le cyclodebout commercialisé depuis 2019 est décliné en cyclo route, cyclo tout chemin et depuis juillet 2023 en cyclo fat. Ses caractéristiques le rendent utilisable par tous, quelques soit sa tenue vestimentaire lui permettant d’être aussi bien présent sur le marché du tourisme, que celui de la sécurité/surveillance (gardiennage, police de proximité…), du handicap, des collectivités et dans une moindre mesure des particuliers.

Olivier Joux et son équipe de 6 personnes renforcée par 3 apporteurs d’affaires, ambitionne à long terme de devenir le leader des EDPM.

Prix Innovation de savoir

La Brasserie des Plantes à Saint-Didier-en-Velay (Étienne Darinot et Guillaume Porret)

La Brasserie des plantes est une entreprise créée en 2021 par deux associés, Étienne Darinot titulaire d’un master en biologie végétale et de Guillaume Porret ancien restaurateur, renforcée par 3 collaborateurs. Équipée notamment d’étiqueteuse semi-automatique, de cuve de resucrage, de cuves de fermentations, de système d’embouteillage ou de découpeuse laser, ici on produit artisanalement des liqueurs et infusions à partir de plantes oubliées et aux vertus multiples. Loin des monoproduits à base de monoplante, on compose à partir de nombreuses plantes aromatiques, mais aussi médicinales, dont la plupart sont aujourd'hui oubliées : Carvi, Mélisse, Fleurs de coquelicot, Thym-citron, Verveine, Serpolet, Fleur de sureau…L’intérêt est de sublimer leurs arômes et de développer des associations aux propriétés gustatives étonnantes.

L’autre particularité de l’entreprise, c’est celle d’avoir créé un système de tireuse à verveine en mixant ce qui se fait dans le domaine de la bière et du vin. Associé à un Bib (Bag In Box) de verveine de 5 litres « Herbe des druides », qui a reçu la médaille d'or au concours International de Lyon, le pack a été testé auprès de clients partenaires. Après des retours convaincants, la Brasserie des plantes souhaite aujourd’hui développer son concept auprès des bars-restaurateurs, en misant sur son aspect novateur – pas d’autre tireuse à verveine sur le marché – et le caractère « folklore » de la verveine. À terme, l’entreprise vise un abaissement des prix de ses produits compte tenu d’une consommation moindre de bouteilles, d’étiquettes et de bouchons et copte sur l’effet dopant du pack tireuse à verveine et bib sur les ventes. La volonté d’une offre 100 % Bio est aussi…dans les tuyaux.

Prix Innovation environnementale

Mouvement Moutonneux à Bas-en-Basset (Émilie Rizzo)

Avec son diplôme de designer textile, Émilie Rizzo a travaillé dès 2008 pour différentes marques de mode, prêt à porter, Haute-Couture, bijoux et Outdoor pendant une dizaine d'années en tant que petites mains pour les défilés et styliste. À l’arrivée de son 2ème fils, le besoin de donner du sens et de l'humain à ce qu’elle faisait l’oblige à tout arrêter en 2019 et à rentrer chez elle en Haute-Loire. Elle prend le temps Covid oblige, à savoir ce à quoi elle voulait vraiment être utile. C’est en faisant connaissance avec ses nouveaux voisins, agriculteurs que son projet s’est imposé : elle découvre que notre laine est trop peu valorisée. Alors qu’autrefois la laine du mouton était travaillée comme matière précieuse, c’est aujourd’hui la viande de l’animal qui est source de rentabilité, reléguant au fil du temps la laine au rang de déchet. 18 mois plus tard, elle créé son entreprise 6h55 mouvement moutonneux pour créer son emploi avec un fil rouge la laine de mouton et deux rêves : celui d’avoir un impact sur la relocalisation de la laine française et montrer que l'on peut trouver des solutions meilleures en utilisant des matières déjà disponibles autour de nous (la laine est une matière naturelle, écologique et économique qui pousse en continu sur le dos des moutons), et de l’autre se placer sur un enjeu de santé majeur qu’est le sommeil en proposant une solution alternative préférable à la pétrochimie pour combattre le Mal-dormir et réinventer cette zone refuge qu’est le lit.

Avec ses couettes et oreillers 6h55, 100% pure laine de mouton « au meilleur rapport qualité/éthique/prix possible », Émilie s’est d’abord investie sur le marché BtoC du particulier via des salons exclusivement pour lancer son entreprise, avant une stratégie à venir de marketing en ligne notamment, en direct sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook, et de prospecter les professionnels de l'hébergement et de l'éco-hébergement locaux pour le BtoB.

Valoriser (un déchet), revitaliser (une filière) et réinventer (une zone refuge), 3 verbes pour résumer la philosophie de l’entreprise d’Émilie.

Prix Coupe de coeur du jury

Home Artefact à Saint-Christophe-sur-Dolaizon (Renaud Arduin)

Envie d’unique ? C’est ce que propose Renaud Arduin avec son entreprise Home Artefact. Il imagine et créé des objets en bois uniques, un univers dans lequel il est capable aussi de répondre à toute demande sur-mesure sortant de l’ordinaire. Doté d’une forte créativité et imagination qu’il mettait à profit durant tout son temps libre, Renaud a pris un virage professionnel en 2021 et il en fait depuis la marque de fabrique de son entreprise à laquelle s’ajoute un savoir-faire technique (modélisation 3D, programmation, création de fichiers 2D, maquettisme, marqueterie, travail élémentaire du bois…) acquis pendant 20 ans dans la mécanique de précision.

Quelques exemples de ses créations uniques ? Des jeux de billes avec des idées novatrices et conceptuelles, des livres en bois conçus avec engrenages-crémaillères et autres pivots pour permettre le déploiement d’une scène, des boites dont l’ouverture met un insecte en mouvement, des jeux de société totalement inventés et illustrés par ses soins ou dernièrement un énorme singe en noyer massif de 2m de haut, avec des mécanismes de mouvement et aux allures de machine foraine pour un groupe de musique.

Son jeu d’échec « Mad Gambit » est son dernier-né. Chacune des 64 cases du plateau s'éteignent et s’allument grâce à un système d’aimantation, sans électronique : elles s’éteignent là où l'on retire les pièces tandis qu’elles s'allument là où l'on pose les pièces. Les figurines quant à elles ont un design novateur ; elles sont un assemblage de multiples pièces en contreplaqué de peuplier, positionnées par tenon-mortaise et tenue par collage. Un habillage en similicuir et des éléments en PMMA viennent parfaire chaque figurine. La pièce de la reine quant à elle, compte plus de 200 éléments pour une hauteur assemblée de 10 cm. Le projet aura nécessité 3 mois de développement que le chef d’entreprise ne peut pas entièrement amortir mais « Chaque vente (il en a vendu 3 exemplaires N.D.R) constitue une chance pour moi de continuer à créer et développer des objets qui sortent des sentiers battus…Continuer à susciter des sourires et de l'enthousiasme chez mes acheteurs et interlocuteurs, car ça n'a pas de prix. »

Dernière modification le mardi, 14 novembre 2023 15:10

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