Vendredi soir, aux Bretchs, à l'invitation du Lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon, Patrick Cabanel a réuni dans son intervention deux femmes engagées dans la Résistance dont il a écrit les biographies Mireille Philip et Dora Rivière.

Patrick Cabanel, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE-PSL), est une figure familière de l'été sur le Plateau, où il régale de sa faconde cévenole un auditoire fidèle au gré de ses conférences, en lien souvent avec ses publications.

Un portrait croisé

Dans une période où la mise en lumière des personnalités féminines que nos sociétés patriarcales ont pris soin de tenir hors des projecteurs de la postérité, apparaît comme indispensable, Patrick a livré un portrait croisé de Dora Rivière et Mireille Philip, deux résistantes ayant sauvé des Juifs pendant la guerre.

Dora Rivière une femme libre

Ces biographies, faciles à lire, sont l'occasion de faire savoir que le visage de la Résistance est loin d'avoir été quasi exclusivement masculin. On relève aussi au passage que ces deux personnalités, fortes de convictions humanistes, les ont nourries dans un milieu familial protestant. L'ouvrage "Dora Rivière une médecin déportée à Ravensbrück" a été publié par Jean-Paul Dolmazon, l'éditeur du Cheylard. Des descendants de Dora assistaient d'ailleurs à la conférence vendredi aux Bretchs.

C'est chez Ampélos que Patrick Cabanel a fait paraître "Mireille Philip passeuse de frontières". Celle-ci n’ayant jamais voulu évoquer ses années de guerre, ce livre est le premier à mener l’enquête.

Mireille Philip rebelle tranquille

On y apprend que Mireille Cooreman a grandi dans un milieu très religieux, avec un père pasteur. Étudiante, elle épouse un jeune professeur de droit, André Philip, qui deviendra député du Front Populaire puis ministre sous la IVe République. Mais dans l’été 1942, recherché par Vichy, il rejoint de Gaulle à Londres. Restée seule au Chambon-sur-Lignon, Mireille Philip donne toute sa mesure de rebelle tranquille : elle aide une série de juifs à passer clandestinement en Suisse, grâce aux contacts qu’elle a noués sur la frontière avec des prêtres et des couvents. Elle transporte pour la Cimade des listes secrètes de Juifs à sauver ; puis elle entre au service de la Résistance classique. A la fin des années 1950, elle milite en faveur de l’indépendance de l’Algérie avec sa fille et son gendre Francis Jeanson.