Samedi, en fin de journée, le Cinéma Scoop du Chambon-sur-Lignon recevait Clara Laurent venue présenter son documentaire "Herbert Traube, le destin français d'un indésirable".
Clara Laurent était accueillie par Alain Déléage aux manettes du Cinéma Scoop (et ancien prof d'histoire), Denise Valla adjointe à la culture du Chambon, cheville maîtresse des recherches autour d'Erich Schwam. C'est justement sa quête d'informations sur le donateur ancien enfant caché sur le Plateau, qui l'avait conduite à rencontrer Herbert Traube.
Un témoin hors normes
Dans son remarquable documentaire, Clara Laurent (à l'écriture et la coréalisation avec Jérémie Laurent), raconte la vie dramatique et rocambolesque d’un homme à la personnalité hors normes, au charisme puissant, intact alors qu'il frise les cents ans, qui a traversé le chaos de l’Histoire du XXe siècle. Et c'est peu dire que son existence a été bousculée.
Un efficace passeur de mémoire
"Herbert Traube, le destin français d'un indésirable" est un film édifiant, qui emporte illico le spectateur. Il est vivant, fourmille de documents, photos, films d'époque, d'animation... qui surlignent à merveille le récit et offrent un éclairage précieux sur cette période. Surtout, il donne à voir et à entendre un homme à la mémoire intacte, au parler franc, capable de transmettre aux jeunes (ou moins jeunes) générations, son histoire, notre Histoire. Et cerise sur le gâteau, Herbert Traube y instille des touches d'humour !
Né à Vienne en 1924
Né à Vienne en 1924 dans une famille juive bourgeoise (son père est dentiste), Herbert Traube est témoin de l’Anschluss et des persécutions nazies. Après avoir fui l’Autriche, il est interné dans des camps français de 1940 à 1942 (par un hasard de l’histoire, de Villeneuve-de-Berg aux camps de Gurs puis de Rivesaltes, il a croisé le chemin de la famille Schwam), il s’évade d’un train en marche vers les camps de la mort.
Engagé dans la Légion
Engagé à 18 ans dans la Légion étrangère, soldat de la Libération, Herbert Traube est l’un des derniers vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Ironie de l’histoire, de 1945 à 1947, il doit former des Allemands prisonniers de guerre engagés dans la Légion et s’embarquer avec eux en Indochine. Il est naturalisé Français en 1949 et reprend volontiers à son compte cette phrase : "Français, non par le sang reçu mais par le sang versé".
Avis aux diffuseurs
Ce film mérite d'être projeté, auprès de scolaires évidemment, mais pas seulement. Nombreux étaient les spectateurs dans la salle samedi au Chambon-sur-Lignon à se déclarer enthousiastes après la séance, mettant en relief tel ou tel aspect du documentaire ayant nourri leur réflexion, alimenté leurs connaissances.
