vendredi, 15 décembre 2017 14:01

Les jeunes et l’emploi : ils ne veulent pas réussir dans la vie mais réussir leur vie

Julien Estier, spécialiste du management, et Séverin Samuel, responsable de l'agence Crit Interim à Monistrol-sur-Loire.|| Julien Estier, spécialiste du management, et Séverin Samuel, responsable de l'agence Crit Interim à Monistrol-sur-Loire.|| ||

Les chefs d’entreprise et les agences d’emploi éprouvent parfois des difficultés à recruter des jeunes et leur donner envie de travailler, de s'investir sur la durée. Une génération Y dont les motivations ne sont plus celles de leurs aînés.

S’il fallait retenir deux constats, ce serait : « Les jeunes ne veulent pas forcément réussir dans la vie mais ils veulent réussir leur vie », et « Les jeunes ne veulent pas perdre leur vie à la gagner ». Séverin Samuel, responsable d’agence de Crit Interim à Monistrol-sur-Loire, l’a observé. Le travail ne devient alors qu’un aspect secondaire, voire tertiaire, pour y parvenir. « Si bosser quatre jours suffit à payer le loyer et les sorties avec la copine ou le copain, ils ne viendront pas travailler le 5e jour. »

Julien Estier, formateur et spécialiste de la question du management de cette génération dite Y (ceux nés après 1979 selon les sociologues), était de passage jeudi à Monistrol-sur-Loire pour une conférence-débat décomplexée sur ce sujet clivant avec des managers et chefs d’entreprise, clients de Crit Interim.

L'argent ne fait pas tout le bonheur

« Toute leur jeunesse, le soir à table, les jeunes ont entendu leurs parents se plaindre de leur boulot. Ils ont tout donné pour leur boîte et certains ont été licenciés sans ménagement. Ils ne veulent pas vivre ce que leurs parents ont traversé. Ils développent le concept de la retraite tout au long de la vie », affirme l’expert qui rappelle une récente enquête de TNS-Sofres. A la question, quel est pour vous le bonheur, les jeunes répondent à 78 % les copains et les loisirs, à 6 % le travail et à 5 % l’argent. « L’argent ne fait pas tout. Vous pouvez doubler le salaire, ce n’est pas ce qui règlera tous les problèmes », croit savoir Julien Estier.

Les jeunes sont souvent confrontés à un chômage de masse, bien loin des promesses de plein-temps après les départs en retraite des baby-boomers. « Ils se disent : si je dois bosser jusqu’à 67 ans, je risque de ne pas profiter de la retraite. Alors autant en profiter maintenant et tout au long de ma vie. »

C'est à l'entreprise de s'adapter !

Ce qui doit entraîner une prise de conscience de la part des employeurs et des managers ancrés dans leurs schémas traditionnels. Pour la majorité, c'est une révolution culturelle qui est à faire. « Les entreprises doivent vivre avec leur temps. Elles restent sur les a-priori. » Julien Estier met les patrons face à leurs responsabilités : c’est à l’entreprise de s’adapter aux jeunes et non l’inverse. « Ce n’est pas forcément le jeune que le manager s’est imaginé, ce n’est pas son clone. » Séverin Samuel ajoute : « Les jeunes sont créatifs, ils savent s’adapter. »

Et Julien Estier de conclure : « Tout le challenge est de construire une relation avec eux pour les fidéliser. »

Julien Estier en intervention

Dernière modification le jeudi, 21 décembre 2017 14:48

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