Il aura fallu attendre près de 80 années pour honorer la mémoire de trois anciens résistants yssingelais, arrêtés et déportés.
Ce lundi, pour la Journée nationale de la Résistance, Yssingeaux a honoré la mémoire de trois résistants locaux avec le dévoilement de deux plaques commémoratives.
La première a été apposée au 14 de la rue Maréchal-Fayolle, lieu d'arrestation de Dorcas Robert, qui tenait ici une épicerie-bar-restaurant, plaque tournante de la Résistance, et de sa serveuse Rosette Berard Contet, elle aussi résistante. Elles avaient été déportées dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Dorcas est morte dans un extrême dénuement en janvier 1950. Quelques mois avant sa mort, elle écrivait ses phrases poignantes : "Je suis logée dans un grenier, toute seule et sans soutien. A Ravensbrück, je croyais avoir atteint le fond de la détresse humaine. Il a pourtant fallu que je revienne, par un mauvais miracle, pour me rendre compte qu'il pouvait y avoir pire encore que mourir dans un camp de concentration : en revenir vivante pour se voir abandonnée par tous ceux dont on se croyait amie."
A côté du monument aux Morts, les noms de ces deux femmes figurent aussi sur une plaque ainsi que celui de Gaston Valdener, coiffeur de profession sur la place Foch, appelé dès 1939 et fait prisonnier. Il avait été démobilisé en 1941 puis était entré dans la Résistance. Dénoncé et arrêté, il avait été déporté en décembre 1943 au camp de Buchenwald. Il a été libéré en avril 1945.
Ce lundi, par un temps d'automne, la nièce de Rosette Berard Contet a tenu à relire publiquement la lettre que sa tante avait envoyée en 2007 au maire d'alors Bernard Gallot, s'étonnant qu'aucun hommage, aucun nom de rue rappelle l'action de ses camarades. A son décès en 2012, l'ancienne résistante avait par ailleurs légué 210 000 € à l'hôpital d'Yssingeaux.
L'absence d'hommage est réparée et ces plaques viennent durablement rappeler leurs actions courageuses dans une France occupée.