Une figure importante d’Yssingeaux et de sa région est décédée le 2 juin : Jacques Escalle. Le grand public connaît de lui son engagement tenace, avec son épouse Hélène, pour la création du Volcan, lieu dédié aux personnes touchées par les maladies du spectre autistique.
Jacques Escalle est né en 1934 à Saint-Etienne dans une famille de 3 enfants, dont une sœur décédée à l’âge de 4 ans. Il a grandi avec sa sœur aînée Raymonde, à Saint-Etienne où le père était chef d’entreprise.
Aux manettes de Chromage Industriel Moderne
A la mort prématurée de ce dernier, Jacques reprend les rênes de « Chromage Industriel Moderne », société qui passera de 5 à 50 personnes, après y avoir été lui-même apprenti à l’âge de 18 ans. Le 5 novembre 1960, Jacques se marie avec Hélène, rencontrée lors du mariage d’un ami dont il avait fait connaissance à l’occasion d’un an passé au Maroc, alors qu’il effectue son service militaire qui aura duré au total 28 mois.
7 enfants naîtront au foyer Escalle, dont David ayant vécu seulement quelques heures.
Une éducation et une vie forgées par le scoutisme
Jacques Escalle a été profondément marqué par le scoutisme : « J’étais très investi dans le scoutisme qui a été pour moi une formation humaine et chrétienne de grande valeur qui a incontestablement guidé toutes les actions et décisions importantes de ma vie » avait-il écrit dans un texte incomplet dont il avait débuté la rédaction en vue d’un livre d’histoire de sa famille.
Très vite, le couple Escalle s’ouvre vers les autres : en plus de ses enfants, la grande maison de Saint-Etienne accueille des jeunes en difficulté dont un couple de réfugiés bosniaques.
L'association « Vivre la vie »
En 1980, Jacques et Hélène créent à Saint-Etienne et quelques familles une association : « Vivre la vie », pour mettre en place le premier service d’accompagnement dans la Loire pour les personnes ayant des déficiences mentales, association qui existe encore.
En effet, une de leur fille, Violaine, atteinte de troubles autistiques conduit Jacques et Hélène à s’engager dans ce qui sera leur combat durant de très longues années : l’accompagnement des personnes en situation de handicap mental.
La création de l’Etablissement d’accueil médicalisé du Volcan
En 1994, l’heure de la retraite sonne prématurément pour Jacques. Avec Hélène, il quitte Saint-Etienne pour Yssingeaux et plus précisément le village du Neyrial où le couple achète une ferme, habitable mais avec des possibilités de travaux pour l’agrandir. Pendant 5 ans, Jacques y réalise des travaux importants : maçonnerie, plomberie, électricité, carrelage…
Parallèlement, il rejoint l’équipe municipale emmenée par Jacques Barrot et conçoit, toujours avec Hélène, le projet de création du Volcan, établissement d’accueil pour personnes autistes.
Énergie, ténacité, audace
C’est toujours avec énergie, ténacité, audace, que Jacques se lance dans l’aventure de la création de l’association « Haute-Loire Avenir », composée de parents, de professionnels et d’amis sympathisants. L’objectif est la construction du Volcan qui ouvre en 2005. Tour à tour maitre d’ouvrage, collecteur de fonds sur Yssingeaux, le département, aux ministères, architecte : rien ne le décourage; Il sait mobiliser les personnes autour de lui pour l’accompagner ! Parfois, ces dernières cèdent pour qu’elles lui permettent de ne plus insister. Qu’importe, Jacques sait où il va, dans l’intérêt des personnes les plus faibles.
Le rapprochement du Volcan avec Sésame Autisme
Une fois Le Volcan sur les rails, toujours avec Hélène, il pense à la suite : les temps changent, les petits établissements médico-sociaux ne peuvent rester isolés et il prépare l’avenir en initiant à la fin des années 2000 le rapprochement du Volcan avec l’association Sésame Autisme Rhône-Alpes qui en reprend la gestion en 2017.
Déjà, Jacques et Hélène se sont retirés, laissant à d’autres le soin de poursuivre leur œuvre : en 2014, le couple quitte Yssingeaux et s’installe dans un appartement du Cours Fauriel à Saint-Etienne, estimant qu’avec l’âge il était mieux de se rapprocher de deux de leurs filles habitant à proximité.
Un modèle de générosité et d’engagement
Depuis dix ans, le choix de Jacques et celui de son épouse a été de ne pas avoir d’engagement associatif pour être libre de partir voir leurs enfants, leurs 17 petits-enfants, leurs amis, faire des petits séjours (notamment dans le Midi pendant l’hiver). Cependant, il regrettait le fait d’avoir moins de contacts et d’action, de ne plus rien faire pour les autres.
Ces deux dernières années, sa santé s’est dégradée progressivement. Il avait encore des rêves comme de retourner à Singapour où réside un de ses fils ou voir les enfants ou des amis habitants loin, faire du parapente même !
"Pour ceux qui ont croisé son chemin, Jacques Escalle restera un modèle de générosité et d’engagement ; sa voix forte et déterminée, sa gouaille, son amitié, son souvenir demeureront à jamais", soulignent ses proches.